Voici le deuxième album d'Hubert-Félix Thiéfaine enregistré aux États-Unis. La décision de retenter l'expérience a été naturelle, Hubert-Félix ne désirant pas le moins du monde se fixer dans un même endroit ; après New-York, c'est Los Angeles qui sera choisi. Les musiciens sont bons et les partitions se joueront avec feeling. Comme la méthode américaine n'a pas changée et que les musiciens exécuteront ce qu'on leur demande,
Fragments d'Hébétude a d'abord été travaillé en France entre HFT et son ami Tony CARBONARE avec qui la collaboration a repris sur
Chroniques Bluesymentales.
Ce travail à deux est bénéfique car le résultat est nettement plus élaboré que le précédent album, d'autant plus que les arrangements sont soignés, le son propre et les compositions plus mordantes.
L'album est plus long que ses prédécesseurs mais nous ne souffrons pas de cette longueur, même si un ou deux titres auraient pu ne pas se trouver sur l'album selon mon avis personnel.
Malgré la diversité des mélodies, nous percevons bien un fil conducteur qui en fait un album réfléchi, abouti et unique dans la discographie de Thiéfaine.
Des guitares chaudes, tantôt électriques, tantôt acoustiques résonnent sur plusieurs facettes du rock. En effet, nous naviguons entre rock mordant, bluesy, country ; nous sommes en terres américaines et ça s'entend. Les choses sont réalisées de manière carrée mais tout s'écoute avec rondeur, les guitares étant réellement jouées avec feeling et sans agressivité.
HFT débute sur un « Crépuscule-Transfert », ballade qui laisse exprimer les guitares sans les emporter dans un rythme effréné. Nous retrouverons cette recette plus tard dans le titre « La Terre Tremble ». La batterie est là pour imposer une rythmique carrée et qui reviendra sans cesse nous rappeler sa présence sans pour autant prendre une place prépondérante dans les morceaux. La place est laissée à Hubert-Félix et quoi de plus normal lorsque nous écoutons sa poésie, tantôt directe, tantôt moqueuse, tantôt plus tendre mais surtout tellement unique, comme toujours. Il a ce regard méprisant sur les noirceurs de ce monde qu'il parvient toujours à exprimer avec poésie à travers ses textes et son interprétation.
Du blues-rock, exprimé avant tout avec des guitares grasses, nous entraine dans un rythme lancinant avec «
Les Mouches Bleues », ou « Terrien, t'es Rien », mélodies qui ont du mal à me sortir de la tête lorsque je les écoute. Des minutes d'envoutement pour ceux qui seraient susceptibles d'être séduits par le blues et les guitares hypnotiques.
A l'écoute de cet album, nous retrouvons également un Hubert-Félix mordant, aux textes révélateurs d'une personne qui a ce désir de faire passer des messages. Ça dénonce, ça balance, c'est direct.. « Est-ce ta Première Fin de Millénaire ?» nous martèle l'esprit sur des guitares mordantes et un rythme entrainant tandis que « Juste une fin de partie » et « Série de 7 Rêves en Crash Position », toujours des rythmes répétitifs, des guitares exclusivement rock'n'roll ralentiront le rythme pour transmettre au tout une moiteur qui colle à la peau.
Des ballades viendront ralentir le rythme avec douceur, sensualité ; « Animal en Quarantaine » a la particularité de faire parti de ces morceaux qui nous font fermer les yeux pour nous emmener dans la mélancolie de l'artiste sans pour autant nous faire sombrer dans la déprime et la noirceur d'un être torturé. Nous comprenons que Hubert-Félix est mieux dans sa peau, sans doute la naissance de son deuxième enfant y étant pour quelque chose, et ceci se ressent directement sur sa musique qui prend une belle assurance car accrocheuse, tout comme ses textes qui vont à l'essentiel. Ils sont sombres, noirs, mais assurément objectifs.
Quant à « Juste une Valse Noire » et « Maalox
Texas Blues », ces titres nous emmènent durant une nuit de fête au
Texas. J'imagine déjà le village, la nuit tombante, la tiédeur de l'atmosphère, la piste en parquet encerclée de ses lampions, les cow-boys entrainant leur partenaire avec tendresse sur ces airs d'une douceur qui vient trancher avec la rythmique si entrainante de la majorité des titres...
C'est sur ces notes rêveuses que je vais conclure.
Vous aurez donc compris que cet album est une belle réussite en ce qui me concerne. Il est réfléchi et cohérent, une jolie entité qui en fait un album à part dans la discographie de notre artiste : un joli rock'n'roll teinté de blues et de country. De la fraicheur se dégage de tous ces titres. Et que de bonheur de retrouver le mordant dans les textes de Thiéfaine. Le tout se terminera sur les cris de moutons, des rafales de tirs, et de rires stupides... à vos interprétations...
Son ironie ainsi que son cynisme sont parfaitement mis en avant pour le plus grand plaisir de l'admiratrice que je suis ! !
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