Le cinquième album du
Alice Cooper Band ne subsiste actuellement dans la mémoire du plus grand nombre que grâce à son morceau-titre, "
School's Out" . Une petite bombe de trois minutes trente considérée par beaucoup comme l'une des meilleures chansons de hard rock. D'ailleurs le magazine Rolling Stone l'a classé dans son top 500 des morceaux rock et ce n'est pas moi qui vais leur donner tort.
"
School's Out" est culte à tout niveau car il possède un texte et une ambiance scolaire festive, une ligne de chant variée et addictive et un très bon petit solo. Bon je suis pas un grand fan des chœurs d'enfants mais ça parait tellement décalé sur un disque de Cooper que j'y adhère (presque) totalement!
Si il ne reste de nos jours de cette galette que le premier morceau, c'est parce que le reste se tient dans une unité d'ambiance, presque conceptuelle et donc moins facile d'accès que la grande majorité de ceux de
Love It to Death et
Killer . Le groupe dévoile ici son côté théâtral, parfois plutôt cartoon sur des titres comme "Gutter Cats Vs. The Jets" et "Grande Finale", parfois plutôt comédie musicale ("My Stars").
C'est plus complexe, plus orchestrale et arrangé que les autres albums avec plus de synthétiseur, cuivres, piano, saxophone et diverses percussions qu'auparavant. Tout cela rend le disque très intéressant mais demande obligatoirement ou presque de l'écouter en un bloc pour en comprendre toutes les subtilités.
Dans cette unité musicale, il y a évidemment pas mal d'influences différentes. Il y a des titres jazzy comme "Blue Turk" et sa très belle ligne de guitare, toute en finesse et maîtrise. Un morceau très rock'n'hard admirablement réussi et explosif, "Public Animal #9" . Des chansons très proches de la bande son de film comme la fin de "Gutter Cats Vs. The Jets" et l'instrumental "Grande Finale" qui boucle d'une façon magistrale et grandiloquente
School's Out . Ainsi qu'une pièce, "Luney Tune" (clin d'oeil aux Looney Toon?), qui rappelle les premières œuvres d'
Alice Cooper avec ses influences psychédéliques.
Sur cette galette il n'y a plus de titre à rallonge mais un concept global qui rend l'album plus difficile d'accès. C'est d'ailleurs assez paradoxal car
School's Out est l'album qui a le mieux marché commercialement après
Billion Dollar Babies alors que
Killer ou
Muscle of Love étaient plus "easy-listening".
Le single a plus que cartonné avec une septième place au Billboard bétonnant la voie de la future réussite de l'album sortant le mois suivant. Succès qui ne sera égalé que par
Poison dix-sept ans plus tard. Suite au single, l'album finira deuxième au classement américain, premier au classement canadien et disque d'or mi-72 aux États-Unis (et plus tard, disque de platine).
"
School's Out" est évidemment le morceau mythique de l'album voir de la carrière de
Alice Cooper (dans mon top 4 en tout cas) mais j'ai un autre coup de coeur, "My Stars" . La complémentarité entre les parties de piano limite prog' et les parties guitares est l'un des points forts de la chanson au même titre que le solo de l'invité Dick Wagner vraiment très bien construit. C'est l'autre sommet de la galette, un peu (beaucoup?) moins connu que le morceau d'ouverture à la manière du K2 pour l' Everest dans l’ Himalaya .
En conclusion, un album qui est resté dans les mémoires pour son morceau titre alors que tout le reste mérite d'être écouté et plus reconnu par le public. Le seul bémol est peut être cette unicité car certains titres sont un peu faibles pris individuellement comme le petit "Street Fight" ou la ballade "Alma Mater". Une ballade certainement mais loin des morceaux pleurnichards que les groupes de rock nous sortent de nos jours.
L'atmosphère est plus joyeuse que sur les deux albums précédents, on a un peu abandonné le style glauque pour une ambiance plus festive. Sans pour autant perdre ce côté provocateur symbolisé cette fois (entre autre) par une culotte féminine en papier rose qui entoure le vinyle original. De quoi choquer encore une fois l'Amérique puritaine.
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