Les Fatals Picards : Le Sens De la Gravité
Letras
1. LE COMBAT ORDINAIRE
Huit heures par jour vissé à ma machine
Une vie transparente soudée à mon usine
La casquette de travers, j'avais la classe ouvrière
C'était toute ma vie, mon droit à la misère
Jusqu'à cette lettre qui dit encore merci
C'est ça ou RMI dans un faubourg de Varsovie
J'ai rien contre la Pologne à part peut-être un pape ou deux
Mais dans ma ville du nord le gris du décor est plus bleu
Mais je me connais je lâcherai pas l'affaire
Je vais piquet de grève comme on pique une colère
Plus têtu que tous les Vieil homme et la mer
Pour que continue le combat ordinaire
Si mon vieux me voyait il serait fier de moi
Lui qui était communiste comme on porte une croix
S'il existe un Dieu pour les mineurs syndicalistes
J'espère qu'au paradis les anges sont un peu marxistes
Chez nous le chômage fait partie de la famille
Comme l'amiante, l'oubli, la silicose et les terrils
Quantités négligeables dont la vie ne tient qu'à un fil
Certains soignent la peur du vide à coup de 21 avril
Mais je me connais je lâcherai pas l'affaire
Je vais piquet de grève comme on pique une colère
Plus têtu que tous les Vieil homme et la mer
Pour que continue le combat ordinaire
Moi je sais planter des clous
Moi je sais rester debout
Moi je sais souder à l'arc
Moi je n'ai jamais le trac
Moi je sais la peur du vide
Moi je n'ai pas pris une ride
Moi je sais toucher le fond
Et j'ai du charbon sur mon front
Moi je sais lever le poing
Moi je n'oublie jamais rien
Moi je sais rester humain
Moi je sais toujours d'où je viens
Moi j'ai le sens du combat
Moi j'ai des cales sur mes doigts
Moi j'ai toujours mes mains d'or
Moi je voudrais vivre encore
Moi j'ai plus de cinquante piges
Moi je n'ai jamais le vertige
Moi je sais rester de glace
Devant le temps qui m'efface
Et je me connais je lâcherai pas l'affaire
Je vais piquet de grève comme on pique une colère
Plus têtu que tous les Vieil homme et la mer
Pour que continue le combat ordinaire
2. LADY DIANA
Ton prénom en broderie
Sur mes coussins roses de soie
Ton sourire en point d'croix
Sur mes serviettes de bain, mes draps
Tout me rappelle
Elton John et sa chand
Elle danse dans le vent
Comme toi maintenant
Lady Diana
Je pense encore à toi
La thèse de l'accident
Moi j'y crois pas vraiment
Lady Diana
Le jour de mes vingt ans
Il ne manquait que toi
Et mon correspondant
Ta photo de mariée
Sur mon Yorkshire empaillé
Ton visage sur mes mugs
Sur les 15 000 pièces de mon puzzle
Tout me rappelle
Elton John et sa chand
Elle danse dans le vent
Comme toi maintenant
Lady Diana
Je pense encore à toi
La thèse de l'accident
Moi j'y crois pas vraiment
Lady Diana
Le jour de mes vingt ans
Il ne manquait que toi
Et tous mes grands-parents
Comment vivre chaque année
En plein cur de Paris l'été
Seule sur mon chemin de croix
Du Ritz au pont de l'Alma
Reste de toi
Après dix ans de deuil pour moi
Un peu de Mère Térésa
Dans la voiture d'Ayrton Senna
Lady Diana
Je pense encore à toi
La thèse de l'accident
Moi j'y crois pas vraiment
Lady Diana
Le jour de mes vingt ans
Il ne manquait que toi
Et ma pauvre maman
4. MA BARAQUE AUX BAHAMAS
Chaque jour que Dieu fait il le fait pour eux
C'est écrit dans la Bible à la page quarante deux
Le onzième commandement traduit pour les indiens
Disait déjà clairement : tu s'ras américain !
Et nous qui rêvions de pouvoir descendre
Un dangereux Apache au cur de l'Ohio
Et nous qui rêvions d'un 25 décembre
Dans un camp naturiste à Guantanamo
Là-bas on n'est personne, mais on peut devenir quelqu'un
Oh oui quelqu'un de bien ouais quelqu'un d'américain
Ils ont 20 ans d'avance
Ils ont 20 kilos d'avance
Ils ont 20 Big Mac et 2 infarctus d'avance
Et ça ce n'est pas rien
Non ça c'est réservé aux vrais américains
Chaque jour que Dieu fait il le fait pour ceux
Qui trouvent dans la Bible à la page quarante deux
Le Colt, la Winchester, la fin et les moyens
Tous les saints baptisés du rêve américain
Et nous qui rêvions d'envoyer nos enfants
Au lycée Colombine en stage-commando
Et nous qui rêvions pour le nouvel an
D'une Gay-Pride échangiste au cur de Waco
Là-bas on n'est personne mais on peut devenir quelqu'un
Ô oui quelqu'un de bien ouais quelqu'un d'américain
Ils ont 20 krachs boursiers d'avance
Ils ont 20 télévangélistes d'avance
Ils ont 20 forages et 2 Guerres du Golf d'avance
Et ça ce n'est pas rien
Non ça c'est réservé aux vrais américains
Pour dire Amour ils disent Love
Pour dire Paris ils disent Hilton
Et pour dire Dieu ils disent God
Pour dire God ils disent Sex Toys
Ils ont Jack Bauer d'avance
Ils ont 20 X-Men d'avance
20 clips de rap avec des putes en string d'avance
Et ça ce n'est pas rien
Non ça c'est réservé aux vrais américains
Ils ont 20 Al Gore d'avance
Ils ont 20 Michaël Moore d'avance
Ils ont 20 Oprah Winfrey et 1 Obama d'avance
Et je sais qu'un jour on fera aussi bien
Oui aussi bien qu'les vrais américains
5. LES PRINCES DU PARC
Vous vous étiez donnés rendez-vous dans dix litres
Même jour, même heure, même place, et surtout même équipe
Les copains sont tous là à beugler comme des truffes
Des chants dont les paroles feraient peur à Superbus
Tes potes c'est ton armure, la bière ton carburant
T'es un peu à l'amour c'que la paix est au Liban
Supporter, supporter !!!
Moitié homme, moitié Kanter
Supporter, supporter !!!
Quand l'homme descend du singe
Toi tu descends une pinte
Pendant les mois d'hiver tu tricotes dans ton coin
Des banderoles en point de croix contre les consanguins
Les chômeurs pédophiles, les supporters d'en face
Avec toi la finesse voyage toujours en première classe
Le stock de haine est là et il n'en manque aucune
Dans cette enclave du Reich que vous appelez tribune
Supporter, supporter !!!
Moitié autiste, moitié 8.6
Supporter, supporter !!!
Quand l'homme descend du singe
Toi tu descends deux pintes
On t'appelle hooligan mais tu sais bien que c'est pas vrai
Si t'étais hooligan et bien tu parlerais en anglais
Toi tu es supporter du neurone au maillot
Avec une belle écharpe pour les rhumes de cerveau
Black, blanc, beur ton équipe ce soir crachent ses poumons
Le racisme est un luxe en première division
Supporter, supporter !!!
Moitié bourrin, moitié Jenlain
Supporter, supporter !!!
Quand l'homme descend du singe
Toi tu descends trois pintes
A la sortie du stade toi tu aimes discuter
A grand coups d'barre à mine et de rangos cloutées
En football comme partout faut savoir rester sport
Et jamais achever un homme qu'est déjà mort
Taper dans un ballon, siffler dans un ballon
L'ultime et dernier stade de l'évolution
Supporter, supporter !!!
Moitié couperose, moitié cirrhose
Supporter, supporter !!!
Quand l'homme descend du singe
Toi tu descends quatre pintes
Et pour le match retour tu descendras en car
En descendant des d'mis pour arriver plein l'soir
Et pour la gloire du sport, d'la bière et d'la baston
Tu reprendras en cur cette si jolie chanson
Supporter, supporter !!!
Moitié homme, moitié Kanter
Supporter, supporter !!!
Quand l'homme descend du singe
Toi tu rebois une pinte
Supporter, supporter !!!
Moitié homme, moitié Kanter
Supporter, supporter !!!
Quand l'homme descend du singe
Toi tu rebois une pinte
6. CHINESE DEMOCRACY (VALSE DE CHINE)
T'es une espèce de cheval de course
Avec des illères et un mors
Dressé pour gravir des podiums
T'es un vrai mec, presqu'un surhomme
Depuis quatre ans que tu t'entraines
Pour que résonne dans tes oreilles
La Marseillaise sous la baguette
D'un chef chinois ça se respecte
Tu f'ras tout pour, arrivé là,
Faire oublier Sergueï Bubka
Et quand l'élan enfin t'entraîne
Six mètres au-d'ssus de Tienanmen
A cette hauteur, la peine capitale
On doit trouver cela banal
A toi le bronze, l'argent et l'or
Et peu importe l'envers du décor
T'es une espèce de tête pleine d'eau
Edulcoré jusqu'aux abdos
La mèche rebelle la mémoire courte
Pour doper les indices d'écoute>
Depuis quatre ans que tu l'attends
Chez tes sponsors y s'ront contents
De décliner en trois couleurs
La tenue du parfait branleur
Tu f'ras tout pour, une fois sur la piste,
Faire oublier Carl Lewis
Et quand l'élan enfin t'entraîne
Dix secondes au loin de Tienanmen
A cette vitesse, c'est bien normal
On évite un peu mieux les balles
A toi le bronze, l'argent et l'or
Et peu importe l'envers du décor
T'auras beau jeu de justifier
Après les hymnes et les podiums
Toi en tout cas t'as pas gagné
L'championnat du monde des Droits de l'Homme
Et quand le temps enfin entraîne
Nos vies au loin de Tienanmen
A ta mémoire dev'nue bancale
On dressera un piédestal
Fondue de bronze, d'argent et d'or
A la gloire de l'esprit du sport
Fondue de bronze, d'argent et d'or
En oubliant l'envers du décor
7. SEUL ET CELIBATAIRE 2
Depuis que t'es partie je mange ce que j'veux chez moi
Aujourd'hui c'est pizza, hier c'était pizza
J'arrose tout les jours tes cactus tu leur manques à eux aussi
Vu les têtes qu'ils me tirent aujourd'hui
J'ai fait une raclette, notre appareil est trop beau
On peut voir fondre le fromage à travers le hublot
J'ai oublié de te demander c'est vraiment trop bête
S'il faut faire bouillir l'eau pour bien saisir un steak
Le chat est mort, j'pensais qu'il tiendrait plus longtemps qu'ça
J'pensais pas qu'pour les boites il aurait besoin de moi,
J'arrive pas à changer les draps, j'veux garder ton odeur près d'moi
Mais faut bien reconnaître qu'ça sent plus tellement toi
Et je me sens
Comme un noël en famille
Comme un skin en espadrille
Michel Sardou à la Fête de l'Huma
Comme Dark Vador au sauna
Comme un Jedi sans la force
Woody Allen qui bombe le torse
Comme la Russie sans Poutine
Comme les droits de l'homme en Chine
Je compte les voitures qui ressemblent à la tienne
212 Twingo vertes depuis l'début de la semaine
Sur ton répondeur ça dit « numéro plus attribué »
Mais j'ai reconnu ta copine Claire ça m'a fait rigoler
Sinon je vais très bien, t'inquiète je vois des gens
Les derniers y a trois mois c'était mes parents
Même si vu mon état ils ne sont pas restés longtemps
Eux aussi ont la pêche ils sont partis en courant
Et je me sens
Comme un Pitbull bien dressé
Comme un enfant bien élevé
Comme un dimanche sans Drucker
Comme mon frigo sans une bière
Comme Gromit sans Wallace
Comme le rock sans les Wampas
Comme les jeunes sans les vieux
Comme Aznavour sans ses adieux
Je m'habitue à ne plus me servir de mes yeux
Au cas où il faudrait les revendre
Pour me payer un voyage pour aller te chercher jusqu'en Finlande
Je m'habitue à manger en avalant et sans mâcher
Mais ça c'est juste ben comme ça pour le plaisir d'essayer
Et je me sens
Comme un sandwich grec sans sauce
Comme l'ennui sans la Beauce
Comme de Gaulle sans l'appel
Comme le Mont sans Michel
Comme un Rasta sans son spliff
Comme un gadget sans son Pif
Comme Gainsbourg sans Gainsbarre
Comme Renaud sans Renard
Comme un polonais dans un bus
Comme Brassens dans Superbus
8. BOUM !
Elle aime la danse
Elle aime son cheval
Elle aime quand ça balance
Mais des fois le soir seule dans son lit
Elle pleure toute la nuit
Elle rêve de quelqu'un qui viendra la chercher
Elle rêve de quelqu'un qui viendra l'emmener
Il fait du rock
Il fait du skate
Les filles trouvent qu'il se la pète
Mais dès que les gars de son gang sont partis
Il peut pleurer aussi
Il rêve de quelqu'un à aller chercher
Il rêve de quelqu'un à emmener
Mais à la fête de Sébastien
Il lui prendra la main
Et elle ne dira rien
Et sont cur fera comme
Bam Bam Boum Boum
Boum Boum Tchiki Yeah (x4)
Elle pleure
Enfermée dans sa chambre
Punie
Et lui il est venu
Pour la délivrer
Il l'a prise par la main et ils ont fuit dans la nuit
Il l'a prise dans ses bras à l'arrière d'un taxi
Mais à la fête de Chloé
Il essaiera de l'embrasser
Et c'est tout ce qu'elle attendait
Et leurs corps feront comme
Bam Bam Boum Boum
Boum Boum Tchiki Yeah (x4)
9. C'EST L'HISTOIRE D'UNE MEUF...
Dans une minute ça va être à toi
Tu trembles un peu mais pas tant qu'ça
Dans le refrain de Santiano
C'est toi qui chante le premier : « Hissez haut ! »
C'est quand même pas normal que cette année
Tu n'sois jamais passée à la méthode Cauet
Entre ton album en hommage à Barbelivien
Et ta reprise d'Antisocial avec Muriel Robin
C'est année ça va pas s'passer comme ça
D'abord t'as un micro rien qu'pour toi
Tu sais exactement où sont les caméras
En plus t'as même couché avec Palmade et Lara !
T'espères au moins qu'on te voit bien
T'espères au moins qu'on te cadre bien
T'espères au moins que sur le refrain
C'est toi qui tiens Mimi Mathy par la main
Cette année c'est l'année de ta vie
T'as kidnappé Cabrel, Obispo et Fiori
Avec la moustache, le crâne rasé, l'accent corse
Même Goldman saura enfin qui est le boss
Oui depuis aujourd'hui c'est ton année à toi
T'as injecté à Zenatti une seringue d'Ebola
T'as offert de l'Anthrax à Hélène Segara
Et s'il faut aller jusqu'à là tu partageras la loge d'Elsa !
T'espères au moins qu'on te voit bien
T'espères au moins qu'on t'aime bien
T'espères au moins que sur le refrain
C'est toi qui tiens Bruel et Garou par la main
Toi tu files un vrai rencard à ceux qui comme toi ne sont plus rien
Sans actualité, sans médias, sans public, sans rien
T'espères au moins qu'on te voit bien
T'espères au moins qu'on te paye bien
T'espères au moins que sur le refrain
C'est toi qui tiens Coluche par la main
10. MON PERE ETAIT TELLEMENT DE GAUCHE
On ne choisit pas son enfance, on m'a pas laissé être droitier
Mon père m'emmenait jamais au square mais aux réunions d'comité
Mon père était tellement de gauche qu'on habitait rue Jean Jaurès
En face du square Maurice Thorez avant d'aller vivre à Montrouge
On a été en U.R.S.S. l'hiver, les pays de l'Est c'est mieux l'hiver
On voit bien mieux les bâtiments, les nuances de gris ça flashent sur le blanc
Devant la statue de Lénine pour nous c'était le grand frisson
Moins 24 c'était pas terrible mais les chapkas étaient en option
Mon père était tellement de gauche quand est tombé le mur de Berlin
Il est parti chez Casto pour acheter des parpaings
On mangeait des Lenin's burger, fallait vraiment faire attention
T'avais du choux, une pomme de terre, la viande elle était en option
On achetait du Coca-Kolkhoz, approuvé par le comité
Ça devait soigner la silicose, on s'en servait pour désherber
On regardait pas la contrebande, on regardait pas la corruption
La Sibérie c'était Disneyland, le discernement en option
Mon père était tellement de gauche qu'à son mariage dans l'église
On chantait l'Internationale, les femmes portaient des faux cils
Mon père était tellement de gauche qu'on a eu tout pleins d'accidents
Il refusait la priorité à droite systématiquement.
Les copains s'foutaient de moi tout le temps, car à l'école au premier rang
J'avais les lunettes de Brejnev et le dentier d'un Tupolev
Mon père était tellement de gauche, en 81 il croyait que ça changerait
J'sais pas qu'elle tête il aurait fait en 2002 en allant voter
Et même si tout ce que j'raconte n'est pas tout à fait vrai
Le socialisme comme paradis nous on y croyait
Mon père était tellement de gauche, que lorsqu'il est parti
la gauche est partie avec lui.
11. LE JARDIN
C'est une affaire en or pour huit cents euros par mois
Présent dans le Routard depuis 1733
Douze mètres carrés d'Afrique pour un malien sans papiers
C'est un peu le Club sans la méditerranée
En cas d'incendie faut s'y prendre de bonne heure
Faire une demande de prêt pour obtenir un extincteur
Le genre d'endroit où tu peux toujours risquer
Le coup de grisou en préparant le mafé
Le concierge ressemble un peu à Indiana Jones
En moins Harrison mais en plus aventurier
Chaque semaine un facteur meurt bêtement du tétanos
En distribuant le courrier
Mais Monsieur est ambitieux et dans un siècle ou deux
En se serrant la ceinture il pourra vivre heureux
Dans le jardin d'un p'tit pavillon de banlieue
Avec une anglaise pelouse et des fleurs au milieu
Une statue grecque Jardiland, deux poissons rouges dans un bassin
Une véranda en kit, un barbecue en parpaing
Et pour comble du bonheur un Père Noël cambrioleur
A cinq heures du matin on peut croiser des maliens
Dans des premiers métros noirs de monde comme de peau
Y'a tous les métiers du monde : dealer d'épis de maïs,
Vendeur de solitude, gardien de nuit les jours d'éclipses
Salut à toi le clandestin, police de l'air et des frontières
Tu es l'heureux gagnant d'un billet pour la fin du rêve
A part Michel Polnareff on vient pas chez nous comme ça
Si l'Dakar part de Dakar un jour on te préviendra
Mais Monsieur est courageux et dans un siècle ou deux
En se serrant la ceinture il pourra vivre heureux
Dans le jardin d'un p'tit pavillon de banlieue
Avec une anglaise pelouse et des fleurs au milieu
Une Blanche-Neige en plastique, un dauphin en coquillage
Une station météo, 43 perruches en cage
Et pour vraiment faire classe douze nains d'jardin sur la terrasse
Dans la famille des expulsés je voudrais le malien renvoyé
Dans un boeing bleu de mer revoir la misère vue du ciel
Pour lui c'est Paris Bamako comme Manu Chao
Arrivé en charter sans Bernard Kouchner
Il a revu les plages, les pêcheurs, les mirages
Il a préféré reprendre le train d'atterrissage
Mais Monsieur est trop frileux et dans une minute ou deux
Sans papiers et sans ceinture il pourra finir heureux
Dans le jardin d'un p'tit pavillon de banlieue
Avec une anglaise pelouse et des fleurs au milieu
Une balançoire Jardiland, une tortue naine dans un bassin
Une jolie volière en kit, une table de pique-nique en parpaing
Et pour la touche cruelle un clandestin tombé du ciel
12. CANAL SAINT-MARTIN
J'habite en plein cur de Paris
Au bord du Canal Saint-Martin
Un rez-de-chaussée quai de Valmy
Sans balcon ni petit jardin
C'est pas la mer malgré les mouettes
La Pointe du Raz sans les embruns
Faut savoir faire des sacrifices
Quand on veut rester parisien
Douze mois par an j'suis au grand air
Au bord du Canal Saint-Martin
Je regarde passer les amants
Et les pigeons main dans la main
De la fenêtre de ma chambre
J'compte les touristes sur les bateaux
J'oublie une heure que j'vis autant
Au bord du gouffre qu'au bord de l'eau
Moi j'aimerais bien pouvoir me battre
En Espagne contre des moulins
Pourvu que je sois Don Quichotte
Pourvu qu'il y ait des moulins
Sous un soleil qui vaut de l'or
Avec la mer qui campe au loin
Poussant ses vagues au creux d'un port
Très loin du Canal Saint-Martin
J'ai une jolie tente en plastique
Au bord du Canal Saint-Martin
Plantée sur des pavés sans plages
Avec un campeur pour voisin
J'aurais peut-être pu faire flic
Je suis pas chômeur à ce point
En tout cas pas homme politique
J'aurais peur de blesser quelqu'un
Je suis parfois illusionniste
Une espèce de magicien
Lorsque en hiver il fait trop froid
Je souffle doucement sur mes mains
Dans la fumée, des caméras
Les journalistes du Parisien
D'la poudre aux yeux pour pas finir
Au fond du Canal Saint-Martin
Moi j'aimerais bien pouvoir me battre
En Espagne contre des moulins
Pourvu que je sois Don Quichotte
Pourvu qu'il y ait des moulins
Sous un soleil qui vaut de l'or
Avec la mer qui campe au loin
Poussant ses vagues au creux d'un port
Très loin du Canal Saint-Martin
J'habite en plein cur de Paris
Au bord du Canal Saint-Martin
Un rez-de-chaussée quai de Valmy
Sans balcon ni petit jardin
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