Voilà les trois derniers textes de
Fish en français et dans les deux versions.
Réception En Plein Air
Il y a une garden party aujourd’hui,
Les débutants sont fortement invités à y participer,
Des arrivistes astiquent les échelons,
Des fils capricieux ont de nouveau des pères,
Des types énervés et encombrants, tirés violemment de leur sommeil,
Le temps est revenu au carnage sur les pelouses,
Armés de jets d’eau à tourniquet.
De nouveau, des bouchons de champagne font feu sur le soleil,
De nouveau, des hirondelles en chasse sont repoussées par des violons,
Mitraillées par Strauss, elles boudent encore dans les avant-toits croulants.
Les apéritifs, abondamment consommés, dispersent leurs propriétaires sur l’herbe,
Des couples flânent dans les cloîtres,
Des sangsues de la société citent du Chaucer.
Un fils de docteur, une fille de prêtre, là où pourquoi
Et pourquoi pas devraient-ils se trouver
Puis-je être assez audacieux pour évoquer Othello.
Massacrer le tourniquet, c’est super chouette, disent-ils ;
Chasser le briquet dans les descentes,
Oh allez, venez, disent-ils ;
Le rugby est le dessus du panier, un jeu d’hommes, disent-ils.
Angie marque un bleu de plus, la mère sourit,
Elle l’a fait aussi,
Les bavards bavardent, les commères cancanent,
Les poseurs posent, les journalistes mitraillent.
Les sourires, altérés par un charme artificiel,
Se fixent aux armoiries royales,
Les échos mondains maintenant assurés,
Tous repartent se mêler aux foules,
Et quelle foule…
Un Lundi A Chelsea
Princesse de catalogue, séductrice débutante,
Vivant dans son monde de cellophane, dans la ville scintillante,
Attendant le
Prince dans son île blanche de Capri,
Un jeune Tarzan dynamique courtise la reine du studio.
Elle joue à l’actrice dans ce décor de chambre,
Elle apprend ses contours sur des magazines illustrés,
Enfilant toutes les perles de ses rêves d’enfant,
Auditionnant pour le rôle principal, sur l’écran d’argent.
Patience, mon ange doré, patience, mon enfant parfumé,
Un jour, ils t’aimeront vraiment,
Tu les charmeras de ce sourire,
Mais pour l’instant, ce n’est qu’un lundi de plus à Chelsea.
Guidée par son encens dans le labyrinthe de Londres,
Jouant aux jeux des apparences dans le pays fluorescent des merveilles,
Jouer devant des ombres diffuses, sur les allées pavées de galets brisés,
Oserait-elle réciter des monologues, au risque d’obtenir de mornes applaudissements
Elle priera pour des dimanches sans fin,
Lorsqu’elle pénétrera dans les couchers de soleil safran,
Evoquera les amants fantômes à la vue des fragments d’aurore en lambeaux,
Le mirage de Saint-Tropez achevé et déjà oublié,
L’aphrodisiaque parfumé, la rose fanée.
Patience, mon ange doré, patience, mon enfant parfumé,
Un jour, ils t’aimeront vraiment,
Tu les charmeras de ce sourire,
Mais pour l’instant, ce n’est qu’un lundi de plus à Chelsea.
Princesse de catalogue, séductrice débutante,
Enterrée dans son monde de cellophane, dans la ville scintillante.
Fils Oubliés
Armalite, éclairages urbains, visions nocturnes,
Scrutant les toits à la recherche d’un tireur embusqué,
D’une vipère, d’un militant,
La mort est dans l’obscurité, il va t’estropier, te blesser,
Te tuer pour une cause longtemps oubliée,
Sur des rivages pas si étrangers,
Des jeunes hommes reçoivent leur baptême de guerre
Morphine, cri glacial, mauvais rêve,
Servant de numéros sur des plaques d’identité,
Des haillons de protection, des sacs de terre,
Ta fiancée s’est mariée avec ton meilleur ami,
Fin des amours, plume empoisonnée.
Tu auras toujours la chair de poule, le sommeil agité,
Les blessures qui brûlent si profondément.
Ta mère est assise au sommet de l’univers,
Quand les caméras commencent à tourner,
Des vues panoramiques ressuscitent le plissement meurtrier.
Ton père vide une bière de plus,
Il fait partie de la minorité compatissante,
S’aplatissant derrière une cosse de sarrasin,
Assis en surête sur une chaise dans son living-room,
Fils oubliés, fils oubliés, fils oubliés
Ainsi, patrouillant dans la vallée de l’obscurité du drapeau tricolore,
Je dois craindre le mal puisque je ne suis qu’un mortel,
Et les mortels ne peuvent que mourir
En posant des questions, en suppliant des réponses
A des observateurs sans visage ni nom,
Qui marchent majestueusement le long des couloirs moquettés
De l’administration britannique.
Qui ordonne la profanation, la mutilation,
La masturbation verbale dans leur prudentes matrices bureaucratiques ,
Ministre, ministre, prend soin de tes enfants,
Sans les damner, ordonne-leur d’éliminer
Ceux qui pêcheraient contre toi,
Ceux pour qui le Roi est le pouvoir et la gloire,
A tout jamais, amen – halte, qui va là ? – la Mort ;
Approche mon ami.
Tu n’es qu’un cercueil de plus, descendant l’allée émeraude
Ou les regards glacials des enfants pleurent ta mort,
D’un sourire de terroriste.
Le bras, utilisateur de bombes, pose des cadeaux brûlants
Dans les rayons des supermarchés,
Les allées retentissent de détonations,
Un enfer provisoire.
Fils oubliés
De la file d’attente du chômage au régiment, il n’y qu’un pas,
Mais n’oublie pas les signatures du lundi,
Quand tu frappes violemment de porte en porte,
Aux infos, une nation te pleure, soldat inconnu,
Ils calculent le coût,
Tu seras célèbre pendant une seconde mais à titre posthume
Fils oubliés, fils oubliés
Paix sur terre et douce miséricorde, maman a perdu son enfant
Juste un fils oublié de plus
(Traduit par Elsa Fernandez 1989)
Garden Party
(Dick/Kelly/Rothery/Trewavas/Pointer/Minnett/Jellyman)
Une garden party a lieu aujourd'hui
Les invités appellent les débutantes pour jouer
Les Arrivistes astiquent les échelles sociales
Les fils prodigues ont retrouvé leurs pères
Des oeufs nerveux et des concombres faisant la queue
Ont été réveillés avec rudesse
Le temps du massacre est venu à nouveau sur la pelouse près des eaux de la Cam
Les bouchons de champagne sautent sous le soleil
Les hirondelles chasseresses sont de nouveau poursuivies par les violons
Bombardé par Strauss, ils boudent sous les auvents en ruine
Les apéritifs consommés en masse étalent leurs propriétaire sur l'herbe
Les couples traînent dans les cloîtres, ces sangsues sociales citent Chaucer
Le fils du docteur, une fille de pasteur ou pourquoi ne feraient-ils pas ce qu'ils devraient
S'il vous plaît ne vous allongez pas sur l'herbe
A moins d'être accompagné d'un gars, suis-je si courageux pour être comparé à Othello
Canoter sur la Cam est un fol amusement disent-ils
Chasser dans les collines oh s'il te plaît, viens disent-ils
Le Rugby est le meilleur jeu pour les hommes disent-ils
Disent-ils, bon Dieu disent-ils !
Je fais des citations
Je chasse
Je gagne
Allongé
Je rucke
Je baise
Alors bienvenue
C'est une party !
Angie se tape un autre bleu,
la mère sourit elle l'a fait aussi
Bavardages et commérages, les poseurs posent et les journalistes déclenchent le flash
Flash, flash, flash !
Flash, flash, flash !
Flash !
Sourires pollués par du faux charme,
Dirigés vers les têtes couronnées
Les piliers de la société désormais assurées, retournent se mélanger à la foule
Quel peuple!
Canoter sur la Cam,
Oh viens s'il te plait disent-ils
Chasser dans les alentours,
oh viens s'il te plait disent-ils
Une garden party a lieu aujourd'hui disent-ils,
oh viens s'il te plait
Oh viens s'il te plait, disent ils
Lundi à Chelsea
(Dick/Rothery/Kelly/Trewavas/Pointer)
Princesse de catalogue, apprentie séductrice
Vivant dans son monde de cellophane dans une ville scintillante
Attendant le prince dans sa Capri blanche
Jeune Tarzan dynamique courtise princesse assise dans son lit
Elle joue l'actrice dans cette scène d'intérieur
Elle apprend ses lignes dans des magazines sur papier glacé
Enfilant toutes les perles de ses rêves d'enfance
Auditionnant pour le premier rôle sur le grand écran
Patience mon ange clinquant
Patience mon enfant parfumé
Un jour ils t'aimeront vraiment, tu les charmeras avec ce sourire
Mais pour l'heure c'est juste un autre lundi à Chelsea
Errant dans les rues de Londres avec de l'encens
Jouant avec des visages dans le néon du pays des merveilles
Jouant la comédie à des ombres éparpillés dans des couloirs pavés brisés
Oserait-elle réciter des monologues au risque d'applaudissements soudains
Elle priera pour des dimanches sans fin en entrant dans le soleil levant de safran
Faisant apparaître des fantômes d'amants dans une aurore en lambeaux
Accompli et déjà oublié le mirage de Saint-Tropez
Aphrodisiaque parfumé, la jeune fille atrophiée
Patience mon ange clinquant Patience mon enfant parfumé
Un jour ils t'aimeront vraiment, tu les charmeras avec ce sourire
Mais pour l'heure c'est juste un autre lundi à Chelsea
Salut John as-tu lu le standard, il y a 4 heures environ
Une jeune fille a été repêché dans la Tamise, cheveux blonds, yeux bleus
Elle disait qu'elle voulait être une actrice ou quelque chose
Personne ne sait d'où elle venait, où elle allait
La chose marrante c'est qu'elle avait un sourire sur son visage
Elle était en train de sourire, quel gâchis
Les Fils Oubliés
(Dick/Rothery/Trewavas/Kelly/Pointer)
Armalite, lumières de la rue, lieux de la nuit
A la recherche d'un sniper sur le toit, une vipère, un combattant
La mort dans l'ombre, il te mutilera, te blessera, te tuera
Pour une veille cause oubliée, sur des rivages pas si étrangers
Garçons baptisés par la guerre, morphine, courant glacé, mauvais rêves
Servant de numéros sur des médaillons pour chien, boules de chiffons, sacs de sable
Ta copine a épousé ton meilleur ami, fin de l'amour, stylo empoisonnée
Ta chair rampera toujours, te tournant et te retournant pendant ton sommeil
Les blessures qui brûlent si profondément, ta mère s'assoit sur le bord du monde
Quand les caméras commencent à tourner
Des points de vues panoramiques ressuscitent la foule meurtrière
Ton père vide une autre bière, il est l'un des seuls qui inquiètent
Quittant la sécurité de son fauteuil de living
Pour ramper derrière la coque d'un navire sarrasin
Et donc je patrouille dans la vallée à l'ombre du tricolore
Je dois craindre le mal car je suis mortel et les mortels ne peuvent que mourir
Se posant des questions, implorant des réponses à des guetteurs sans noms
Et sans visages qui dévalent les couloirs tapissés de White Hall
Qui ordonne profanation, mutilation, masturbation verbale
Dans leur faux intérieurs bureaucratiques protégés
Pasteur, pasteur prend soin de tes enfants, ne les dirige pas
Vers la damnation pour éliminer ceux qui voudraient pêcher contre toi
Pour qui est le Royaume, le Pouvoir, la Gloire pour toujours et depuis toujours
Halte ! qui va là ! la mort, approche mon ami...
Tu es juste un autre cercueil dans la descente du couloir d'émeraudes
Où les regards de pierre d'enfants pleurent ta mort avec le sourire
D'un terroriste, le bras des poseurs de bombes place des cadeaux de feu sur des rayons de supermarché
Les allées chantent, dans une détonation déchirante, un enfer provisoire fils oubliés
Depuis les queues des allocations chômage jusqu'au régiment
Une profession en un clin d'œil
Mais rappelles-toi des engagements du lundi quand tu courrais de porte en porte
Dans les infos un pays te pleure, ton soldat inconnu fait les comptes
Pendant une seconde tu seras célèbre mais à titre posthume
Les fils oubliés
Ils sont toujours oubliés
Couronne de roses, ils tomberont tous
Paix sur terre et douce pitié, maman Brown a perdu son enfant
Juste un autre fils oublié
A vous de me dire la traduction que vous préférez.