Petit phénomène à lui tout seul,
Damien Saez réussit a se bonifier sur chacune de ses compositions; on est passé d'un hymne ras les paquerettes (
Jeune et Con); l'album
God Blesse, oeuvre très complète aux relents rock, et plus récemment le triple album acoustique
Varsovie; L'Alhambra; Paris nous prouve le talent de l'auteur pour composer et écrire de manière émouvante, mais aussi plus énergique.
J'Accuse... Référence direct à un Emile Zola désormais symbole d'une contestation contre l'oppression ouvrière et contre l'Empire. Un titre mit en valeur par une sublime pochette, mettant en scène une femme, nue, dans un caddie. Une représentation tellement réaliste et dérangeante que toutes les affiches furent interdites dans les métros de la capitale, y comprit la version alternative de l'affiche, entièrement noire, présentant juste le nom de l'album et la lien permettant de voir la pochette censurée.
L'album débute par un morceau a capella, « Anarchitecture » servant d'intro pour les concerts de la tournée
J'Accuse. Un poème lyrique et perçant grâce à la voix unique de Saez. Le ton est donné par des paroles contestataires à l'heure d'internet : "il sera équipé c'est sûr pour parler à la Terre entière, mais n'aura rien à dire bien sûr que ce qu'il voit sur les écrans." Puis « Pilule » se lance, une rythmique entêtante et une voix modulée pour un effet "mégaphone", un refrain mémorisable et l'ambiance de l'album commence à apparaître : un son rock, des paroles engagées et une production très bien équilibrée. De très fortes guitares et voix, une basse pas trop mise en arrière afin qu'elle se fasse entendre en temps voulu, et une batterie certes simpliste mais au combien centrale, tant dans le mix que dans les compositions. « Cigarette » ralentit le tempo et fait un délicat clin d'oeil aux Clash, tant dans la composition que dans les paroles. « Des P'tits Sous » et « Sonnez Tocsins dans les Campagnes », est un enchaînement puissant et efficace mettant à mal la conscience collective. Le titre éponyme, se veut être un hymne que le public reprend fidèlement en concert.
« Lula », un délicat prénom pour un morceau emplit d'émotion, avant d'attaquer la seconde partie de l'album. Une deuxième partie bien plus posée, notamment grâce aux splendides morceaux « Regarder les Filles Pleurer, « Marguerite » et « On a Tous une Lula ». Mais cette partie tient tout de même son morceau nerveux : « Les Cours des Lycées ». Cependant quelques morceaux se retrouvent littéralement étouffés par l'ensemble. « Les Printemps » tient encore la route alors que « Tricycle Jaune » se retrouve hors contexte. Quand au thème de « Regarder les Filles Pleurer », à moins d'être réticent aux instrumentales, rien ne vous empêchera de savourer ce morceau déjà d'une qualité indéniable sous une autre forme tout aussi séduisante.
Pour conclure, Saez réussit à dépasser les espérances. Un album possédant à la fois puissance, légèreté, et poésie. De plus, la qualité de ses concerts durant sa tournée est remarquable. Le nouveau Zola a encore de grands et beaux jours devant lui.
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