Le Rock Français vit ses heures de gloire. Les
BB Brunes s’arment de toutes leurs hargnes pour démontrer que cette musique n’est pas morte avec une énergie et une justesse d’interprétation bouleversifiante. Mais les trois compères tremblent secrètement. Là, dans la pénombre, les enfants spirituels et textuels d’
Indochine se sont réveillés d’un coma long de 10 ans. Les BB et autres
Superbus se sont suffisamment amusés,
Damien Saez peut ravaler sa verve poétique dépressive :
Il Est Temps de montrer au grand public ce qu’est le vrai Rock.
Kyo, c’est trois albums fantastiques, des ballades poignantes comme «
Le Chemin » et des morceaux troublant de brutalité à l’instar de «
Contact ». Mais au sommet d’un succès croissant, ils ont eu la triste idée de mettre un terme à leurs activités pour mieux se concentrer sur leur alter égo américanisé
Empyr, très similaire à
Kyo, mais en pire (vous pourrez me retrouver en spectacle près de chez vous très bientôt). Mais voilà, en 2014, le groupe a grandi, les boutons ont éclatés et les galoches dans la cour de récré sont désormais has been.
Il Est Temps de lâcher avec « L'Équilibre » cet album de la maturité tant attendu.
Au travers de ce disque, on sent le bonheur d’un groupe plus joyeux que jamais de rallumer les amplis pour nous balancer une avalanche de technicité et une joie de vivre exceptionnellement contagieuse ! « Poupées Russes » démarre et nous assènent une tornade de riffs sucrée et des textes à inspiration débordantes, traitant de «
300 Lésions », d’eux-même et surtout d’amour et de la vie, comme les onze autres pistes de l’album. Les vocalises terrorisantes de Benoît seront impeccablement vibrantes, nous faisant ressentir une souffrance si belle dans le lobe de nos oreilles.
Comme dit au-dessus, les
BB Brunes sont en passe de perdre leur place de choix. En effet,
Kyo démontre qu’ils sont tout autant à l’aise avec ce rock/kitsch sur le single « Le Graal ». L’électro est profondément inspiré, signant un côté vintage/Renault 8 de toute beauté. La basse vroom-vroom est saisissante, sortant de manière aussi puissante que l’estomac d’un cuité un lendemain de réveillon, bien aidé par un groove riffique irréprochable, digne successeur d’Adrien Gallo. Comme une passation de pouvoir, donc… Mais pas seulement ! Comme le démontre « Enfant du Solstice », Mylène Farmer n’a plus qu’à se rhabiller devant une telle maîtrise de ce rock/électro/érotique témoignant de la fin de la puberté du groupe. « Nuits Blanches » nous assomment encore une fois d’une pure rythmique « this is the rythm of the night » ayant le bon goût d’être égalisé à la même hauteur du début à la fin. Puis « Madone » nous offre une berceuse édulcorée, arme redoutable pour endormir une petite sœur ou une belle-mère envahissante.
Puis parfois, Benoît est fatigué de nous raconter sans cesse ses déboires amoureux larmoyants, alors pour varier l’ensemble, Florian Dubois décide de prendre le micro pour… nous raconter ses déboires amoureux. Et quoi de mieux que de le faire en s’accompagnant d’une guitare acoustique session-plage à trois cordes et d’un synthé playskool pour nous transporter dans un monde où le chagrin d’amour est aussi douloureux qu’une gastro, thématique qui s’accorde à merveille avec le titre « Les Vents Contraires ». Très touchant. Ce sera ensuite à lui que viendra la tâche de clôturer ce subtil album, avec « La Route », une ballade chant et guitare acoustique/synthé-piano blablabla lire la phrase du dessus.
Mais il reste encore d’autres pistes, et l’occasion d’explorer de nouveaux sujets. L’amour, la rupture, l’amour et la rupture ont étaient traités, nous pouvons donc parler cette fois-ci d’amour avec « On se Tourne Autour » dont la verve poétique m’a subjugué de sa profondeur (« Des peintures de toi, enfin quelques ébauches. Je brûlerai mon linge sale avec que tu me fauches »), m’interloquant sur le sens de la vie, de ma panière à linge qui déborde et de la place des fables de la Fontaine dans nos écoles primaires. Mais ces questions disparaissent de mon esprit lors des envolées célestes de Benoît sur « L'Équilibre »-titre, me rappelant pourquoi je n’ose chanter que dans ma salle de bains, pleurant un énième être cher perdu (ça commence à faire sacrément beaucoup…) avec la même émotion qu’un 38 tonnes vrombissant dans un embouteillage. Tout ça avec petit violon, petite guitare et petit synthé kitchounet mignonnets. Bon, certes pas autant que sur « XY », digne bande-son d’une pub Kinder Pingui, nous faisant courir au ralenti dans les bras de nos mômans à la sortie de la garderie.
(T’façon, c’trop bon, les Kinder Pingui)
Quelquefois,
Kyo se sort les doigts et se fait prophète de violence sur un « White Trash » puissant, atteignant la limite de l’insoutenabilité sonore pour de proposer un rythme puissant dans un disque exceptionnellement doux et poétique. Les amateurs/midinettes de pop-variété en retourneront leurs culottes de tant de hargne. Eclair de réveil dans un disque contenant un « Récidiviste » techno-trô-méchant avec ce chant hésitant et tremblant, crispant...
Bon allez… Maintenant, soyons sérieux. Vous vous doutez bien qu’il s’agit d’un POISSON D’AVRIL !
(Poh lala, comment il est trop fort, j’y ai trop cru lolilol)
Poisson comme cet album, en fait.
Car au fond, cet album n’est qu’un moyen comme un autre pour
Kyo de s’assurer les fonds de poches. Dix ans après, rien n’a changé. « L'Équilibre » est un disque vide, simplet, aseptisé, plat, sans rythme, fade, complètement uniforme, ne dégageant aucune émotion, pré-calculé pour plaire au plus grand nombre et à une fan-base hypnotisée. Les textes y sont toujours identiquement dépressifs, tout autant que la voix de Benoît, qui a méchamment l’air de souffrir. En l’écoutant, nous aussi nous souffrons, mais certainement pas pour les mêmes raisons.
En fait, cette longue chronique, inutile et faussement dithyrambique, comme vous vous en êtes aperçus, n’est qu’un coup de gueule pour tous les commentaires lus sur le net, témoignant envers cet album des éloges complètement imméritées, parlant d’un disque inspiré et touchant, d’une musicalité riche et d’une sincérité bouleversante. Cet album ne mérite aucun éloge.
Kyo était un produit commercial il y a 10 ans, il devient une marque aujourd’hui. Ecrire des poèmes de primaires (voire même de skyblog) et chanter dessus, coller bout à bout des phrases sans aucun fil conducteur, Fauve l'a fait et surf aussi sur cette vague et c’est un énorme problème de voir autant de gens s’engouffrer tête baissée et se faire ainsi prendre l’arrière par une usine commerciale qui trouve toujours de nouvelle armes pour faire banquer de pauvres naïfs pensant trouver là le Saint-Graal (tiens donc) de l’industrie musicale. Alors préparez-vous, ami musicos : après l’invasion Fauvienne de vos statuts Facebook, il est clair que la déferlante n’en est qu’à son début
Et pendant ce temps, de vrais poètes sont rendus muets par une industrie poisseuse.
# http://www.justanellipsis.fr/
Kyo-lequilibre #
2/20 car je reste persuadé de trouver pire un jour ...
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