1978, les Augures annoncent la mort prochaine du Rock. La mort d'Elvis un an plus tôt, le tarissement du génie de la plupart des dinosaures ainsi que l'avènement du Punk et de la Disco semblent confirmer cette désolante prédiction. Bien sûr une relève est apparue à l'exemple d'AC/DC et
Kiss. Quoiqu'il en soit,
Rainbow, groupe ayant débuté en 1975 mais déja célèbre grâce à son charismatique leader, aborde le cap du troisième album avec un message on ne peut plus clair: Longue vie au Rock'n'Roll.
La valse inévitable des musiciens autour du talentueux mais caractériel guitariste Ritchie Blackmore nous impose de rappeler le line-up de cette période. Bob Daisley est à la basse, Cozy Powell aux baguettes, David Stone aux claviers, Blackmore donc à la guitare et Ronnie james Dio chante pour la dernière fois au sein de l'arc-en-ciel. Quant à la production, elle incombe toujours à l'incontournable
Magicien Martin Birch qui choisit Paris pour mettre en boîte le nouvel opus.
Le titre éponyme illustre parfaitement son refrain/slogan. Cozy Powell balance un staccatto effréné qui enjoint ses camarades à faire très vite usage de leur puissance de feu. Long Live Rock'n'Roll débute donc sur un rythme dévastateur à l'exemple de ses prédécesseurs, lesquels s'ouvraient sur les puissants
Man on the Silver Mountain et Tarot Woman. Dio, toujours très en voix (quel pléonasme!), nous montre rapidement l'étendue de sa classe. Lady of the Lake, la fameuse Dame du Lac protectrice de l'épée Excalibur issue de la légende arthurienne, nous régale bientôt par ses soli peu démonstratifs mais nourris d'un feeling magistral.
Les nappes de clavier ajoutent un côté grandiose aux compositions débutant toutes par des introductions remarquables. L.A Connection est un Hard Rock marqué par son final durant lequel le nain divin entame un dialogue avec un piano tout droit sorti de l'univers de
Jerry Lee Lewis. Toujours ce souci de varier les ambiances qui est une des marques les plus significatives du style de la bande à Ritchie. Ainsi Gates of Babylon, titre qui commence par une ouverture à l'atmosphère orientale proche des musiques de film telle que la B.O de La Malédiction, est une grande réussite dans le genre épique. Dio se souviendra sans doute de cette expérience en enregistrant Egypt en 1984.
Pour les fragiles oreilles des mélomanes d'antan,
Kill the King est certainement un des morceaux les plus agressifs entendu depuis un certain Speed King, oeuvre de...
Deep Purple, formation précédente du guitar-hero. J'invite les amateurs de Speed mélodique et autre néo-classique à écouter ce morceau ainsi que sa cover par Stratovarius sur l'album Intermission. La filiation de
Rainbow avec tant de formations apparues au long des 90's est évidente et ce fabuleux
Kill the King en est un bon exemple. Si les titres sont tous écrits par le duo Blackmore/Dio, celui-ci bénéficie de la participation de Cozy Powell qui s'en donne effectivement à coeur joie sur cette partie.
La fluidité du jeu de Blackmore est merveilleuse et le combo britannique lui est entièrement dévoué. Sensitive to Light illustre la liberté et l'inspiration du Maestro qui se fait totalement plaisir sans trop s'étaler. L'album se conclut sur une ballade, ce qui n'est pas forcément original, mais quelle ballade!
Rainbow Eyes offre à Dio l'opportunité de montrer quel immense vocaliste il peut être sur ce véritable bijou, digne successeur de The
Temple of the King, figurant sur le premier album. Très médiévale, cette tuerie au format non radiophonique (7') évoque plus l'approche pré-progressive d'un
Jethro Tull ou d'un
Uriah Heep période Salisbury que celles des ballades solidement charpentées des groupes de Hard Rock.
Long Live Rock' n' Roll marque l'ultime participation de Dio à un disque de
Rainbow. Sans doute est-il un peu moins parfait que ses augustes prédécesseurs.
Il reste en tout cas une pièce indispensable du genre, résistant totalement aux Outrages du temps. La réussite du projet est totale car ici tout repose sur une exécution sans faille. Les musiciens concernés ont un niveau exceptionnel; leur entente, renforcée en studio par le dirigisme de Blackmore, est servie par une production irréprochable. Avec tant de qualités, cet opus est donc un grand classique du genre. Mais après tout, que chacun se fasse son opinion!
Post-scriptum: l'influence de ce bijou s'est traduite par une pléthore de reprises parmi lesquelles un beau Gates of Babylon par Yngwie Malmsteen (Inspiration - 1996) et un jubilatoire Long Live Rock'n'Roll par Gamma Ray (
Powerplant - 1999 => version digipack - 2002).
C'est bien grâce à Yngwie et son album Inspiration que j'ai pu découvrir ce trésor musical que sont les Portes de Babylon.
Complétement subjuguer par la beauté musicale, le lyrisme angélique de Dio et un Blackmore...hallucinant de talent m'ont fait devenir gaga de cette album comme RBR et Rising qui pour moi sont un trio de choc venu d'une autre galaxie.Une puissance musicale hors norme.
L'album suivant Down To Earth avec le puissant Graham Bonnet a ses bons moments même si la direction musicale devient évidente(Since You Been Gone...). La suite avec Joe Lynn Turner dont je ne supporte pas le chant, le style beaucoup plus FM, j'ai décroché illico.
Par contre l'album Stranger In Us All de 95 avec Doogie White est vraiment très bon. La reprise du Hall Of The Mountain King est superbe avec une rythmique accélérée, assaisonnée de vocalises intenses et inquiétantes sur la fin du plus bel effet.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire