En 1974, Bob Burns quitte le navire car il en a ras le bol des tournées incessantes (son implication dans un dramatique accident de voiture ne devant pas y être étrangère non plus). Ce départ aurait inspiré d'ailleurs, les paroles du morceau "Am I Losin'" à Ronnie
Van Zant. Il sera aussitôt remplacé par Artemus Pyle, qui lui vient du Kentucky, juste avant le départ de la formation pour le vieux continent. Il se raconte même que Burns n'a pas quitté le groupe mais qu'on l'a un peu poussé vers la sortie...
Les musiciens de
Lynyrd Skynyrd reviennent de leur première tournée Européenne (dont une date à Paris en compagnie d'
Humble Pie, le 9 décembre 1974) complétement harassés. Et avec un humour certain, le groupe en profitera pour composer un titre inédit intitulé "Road Fatigue"...
Ed King partira au milieu de la tournée qui suit la sortie du troisième album du groupe, "
Nuthin' Fancy", pour cause de "grosse fatigue" (addiction à la drogue) mais aussi, tout comme Burns, de ras le bol. Mais aussi et surtout pour préserver sa santé. Une tournée qu'ils nommeront d'ailleurs le "Torture Tour" au vu du nombre de leurs concerts (61 en 3 mois) et des litres d'alcool descendus. Quelques bagarres surviendront même entre les musiciens, une partie des concerts se fera alors que certains ne se rappellent même plus l'ordre des morceaux et des shows seront carrément annulés. Les joies du Rock n Roll. Le groupe continuera donc la tournée avec deux guitaristes seulement. Et en profitera aussi accessoirement pour changer de producteur.
Mais revenons donc sur l'album.
Après un petit break, le groupe retourne en studio pour composer le successeur de "
Second Helping". En effet la pression mise par Mca pour enregistrer rapidement et capitaliser sur le succès en cours, se fait de plus en plus pressante. "
Nuthin' Fancy" sera enregistré en deux parties (l'une mi-1974, et l'autre début 1975). Seul sera crédité Pyle au niveau des batteurs.
Alors qu'il sera le premier album de la formation à atteindre le top 10 des ventes aux Etats Unis, "
Nuthin' Fancy" se sera bien moins vendu que ses prédécesseurs (il finira disque de platine quand même) et Al Kooper, le producteur historique du groupe en fera les frais.
On entame ce nouvel opus par le sempiternel "One, Two, One Two
Three Four" cher au futur ex-producteur qui en glissera même un deuxiéme sur le morceau "Made in the Shade". L'album commence par un tube, "Saturday Night Special", le seul d'ailleurs pour cette production. Le titre de la chanson fait référence au petit pistolet à bas prix qui, comme le racontent les paroles, servait généralement à flinguer l'amant de sa femme ou ceux qui trichent au poker. Ce titre syncopé est tout à fait dans la veine des grands morceaux de
Lynyrd Skynyrd : Refrain avec choeurs, enchainement de riffs sur fond de claviers.
"
Nuthin' Fancy" fait la part belle au Blues à la ZZ TOP ('I'm a Country Boy", "Cheatin' Women" avec le clavier omniprésent en plus, bien entendu). "Cheatin' Women n'est pas sans rappeler les plus belles heures des Doors aussi, la voix plaintive de
Van Zant y faisant des merveilles.
Les passages acoustiques sont présent et toujours utilisés à bon escient ("Railroad Song", "Am I Losin'", ou encore "Made in the Shade" et son ambiance de Saloon mal famé).
Les ballades ne sont pas aussi inspirées qu'habituellement. On se demande même d'ailleurs si l'on peut qualifier "Cheatin' Women" ou "Am I Losin'" de ballades. Car si le tempo est relativement lent, aucune n'a la profondeur d'un "Simple
Man" par exemple. Il manque l'émotion des premiers albums.
Le clavier de Bill Powell sert plus de soutien au guitares et fait moins d'envolées qu'à l'accoutumée sur cet opus. De l'harmonica s'infiltrera même sur "Railroad Song" et "Made in the Shade".
On terminera cet album avec un titre enlevé, "Whiskey Rock-A-Roller", plus dans la veine de ce que sait faire
Lynyrd Skynyrd et qui rattrape un peu le reste.
Une fois de plus, on retrouve une photo du groupe sur l'artwork. On voit les musiciens sur un bout de colline avec en fond un ciel nuageux. Cette pochette est loin de donner envie d'acheter ce "
Nuthin' Fancy"...Ce choix étant plutôt surprenant alors que des centaines de clichés ont étés pris par le photographe durant cette période. A la rigueur, on connait plus l'album pour la photo du verso de la pochette, ou l'on voit le groupe marcher dans les plaines, sous une chaleur écrasante, avec un bill Powell gratifiant le photographe d'un très joli doigt d'honneur (un "bird"). Le groupe a choisi celle ci, car symbolisant bien l'esprit de
Lynyrd Skynyrd, tout du moins à cette époque.
"
Nuthin' Fancy" n'est pas un mauvais album en soi, mais souffre cruellement de la comparaison avec ses deux prédécesseurs. Hormis quelques titres, on reste sur sa faim. Le mixage de la voix n'y est sans doute pas étranger. Forte sur certains refrains, on a l'impression qu'elle est complétement noyée par les reste des instruments dans les couplets. Cet opus manque aussi cruellement de duels de guitares, ou de titres comportant de la slide. Une impression de remplissage se fait bizarrement ressentir à l'écoute de certains morceaux.
Espérons que la suite sera meilleure...
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