Après trois semaines d'enregistrement à Bruxelles, ce mini-album de 6 titres sort en février 1987 sous format vinyle et cassette. Les ventes s'écoulent jusqu'à 5 000 exemplaires et Barclay décide donc de les re-signer pour trois nouveaux albums. La version CD sera elle produite plus tard en 89. Mais alors que nous offre cet album ?
Première chose à constater, l'artwork...
Une photographie en noir et blanc sur la tapisserie... de ma grand-mère ? Pourtant le duo de designers Huart-Cholley s'est occupé de Gainsbourg père et fille, de
Louis Bertignac et
Jean-Louis Aubert mais là à part la photo qui peut être dans le ton de l'univers de Noir Dez, cet amas de couleur n'a pas grand chose à faire là. Notons que pour la version CD, ce fond colorée est quelque peu différent et plus terne.
Par contre musicalement parlant c'est incontestablement du Noir Désir, on y retrouve déjà tout les ingrédients de ce qui ont rendu ce groupe mythique : un duo de guitare magique, quelques bonnes lignes de basse et une batterie bien dosée, la voix unique de Cantat et sans oublier l'emblématique son de l'harmonica offrant son effet folk américain.
La tracklist commence par la chanson éponyme de l'album: une intro inquiétante, s'ensuit les premières paroles de Cantat, poétiques et mystérieuses, ce sera là aussi une caractéristique de Noir Dez. Ce premier titre donne le ton à ce mini-album et même au groupe en général. À la fin l'harmonica se fait entendre pour clôturer cette première chanson qui en aura sûrement scotcher plus d'un à l'époque.
Puis vient Toujours Être Ailleurs: ouverture à la basse, la tension monte doucement jusqu'à ce que tout s'envoie accompagné des textes parlant de mal être, un sujet qui deviendra par la suite récurant chez notre parolier.
Troisième titre : La Rage. Durant leurs premières années, les membres passaient pas mal de temps durant leurs heures de répèt' à parler de la société et de ses problèmes politiques, devenant pour eux un sujet important à exprimer, c'est le cas dans cette chanson qui porte bien son nom avec sa cadence énervée du chant sur les couplets. Et cette manière d'utiliser des expressions anglophones, ici « sweet honey sugar » sera lui aussi un de leurs péchés mignons de leurs influences anglo-saxonnes.
La moitié du set est fait et on est déjà sur le cul mais il nous faut continuer, la suite avec Pyromane ! Longue intro d'une minute calme aux cymbales et à la basse avant d'envoyer la sauce avec une mélodie faisant penser à la folie qui pourrait rugir dans l'esprit d'un pyromane. Puis une autre coupure en milieu de chanson se fait avec les doux mots de Cantat avant de reprendre de plus belle.
Sur une note plus provocante envers l'église Danse Sur Le Feu Maria: les rimes de Cantat évoquant « Notre Père qui êtes aux cieux » s'entrecoupent de moment de folie instrumentale et l'outro longue et sensuelle laisserait croire que c'est la fin mais il reste un dernier titre.
Lola: une chanson entièrement en anglais plus apaisante que le reste du disque avec des sonorités plutôt pop californien voir même soul sur la deuxième partie de la chanson. Une expérience différente de ce que peut proposer habituellement Noir Dez mais qui n'est pas désagréable, cela nous montre déjà que malgré les codes que le groupe a mis en place sur les cinq premiers titres, ils ne se gêneront pas pour tester de nouvelles choses. La chanson se finit sur des guitares affolées nous remerciant de notre écoute.
Ainsi se clôture les 25min d'un voyage qui en paraît plus long. Des chansons loin d'être avares de textes, des compos majestueusement écrites pour un résultat énergique et poétique.
Si j'avais un seul reproche à faire à ce mini-album, ce serait au niveau du rendu final du son, est-ce un mauvais mixage de l'instru ou le groupe qui n'avait pas encore fignoler leur identité ?
Mon ressenti est qu'on n'est qu'à un seul pas de ce qu'on connaît actuellement du groupe, la preuve en est l'explosion de leur succès dès leur prochain album. Mais pour être aussi proche du but au premier coup d'essai, cela est déjà une preuve de leur potentiel.
Franchement cet album m'a fasciné et retourné la gueule la première fois que je l'ai entendu...puissance dans les textes, la voix, la musique. Cette poésie écorchée qui touche déjà les tréfonds de l'âme, les trippes!
On ira dans tous les déserts
On ira danser sous les mers
Et on verra pourrir nos yeux tendre
Sous les lumières blanches.
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