Le grand serpent blanc semble désormais une machine bien rodée, et le gang de David Coverdale enchaîne les albums au rythme d'un par an. Voici donc la nouvelle livraison qui réussit à exciter la curiosité avant même que ses premières notes n'aient raisonné à nos oreilles. En effet, l'emblématique serpent a disparu du visuel pour laisser sa place à une photo du groupe laissant apparaître un nouvel arrivant. Et celui-ci n'est pas des moindres puisqu'il s'agit du légendaire Ian Paice (
Deep Purple) qui vient remplacer Dave Dowle derrière les fûts.
Alors que cette recrue porte à 3 le nombre d'anciens membres du 'pourpre profond', le titre d'ouverture de ce nouvel opus apporte une réponse aussi cinglante qu'enthousiasmante aux questions que pouvait laisser poindre ce changement de line-up. "
Fool for your Loving" fait exploser son Blues-Hard-Rock aux accents Soul à nos oreilles enivrées, alors que la complémentarité de Paice et de Neil Murray permet à la section rythmique d'insuffler un groove irrésistible. Rarement le bassiste n'aura autant été mis en valeur alors qu'il fait balancer la musique de
Whitesnake comme jamais auparavant. Avec ce morceau et le titre éponyme placé en troisième position de la track-list, Coverdale & Co. nous offrent deux classiques qui s'avèrent incontournables dès les premières notes. "
Ready an' Willing" déverse un riff aussi sexy que groovy, épaulé par une rythmique entêtante, un refrain persistant et de superbes harmonies de guitares. Il faudra être sourd pour ne pas sentir son corps se mettre irrésistiblement en mouvement à l'écoute de ces deux titres qui ne doivent cependant pas faire oublier le reste de l'album.
En effet, alors que, coincé entre ces monuments, "Sweet Talker" réussit à se faire accrocheur avec son rythme effréné et son solo de claviers, la suite se montre plus charmeuse avec un "Carry Your Load", mid-tempo mélodique, chaud et sympathique, doté d'un excellent refrain. Suivent deux nouveaux chefs d'œuvres avec "Blindman", magnifique ballade Soul, et "Ain't Gonna Cry No More" et sa structure 'zeppelinienne'. Reprise du premier album solo de David Coverdale, "Blindman" gagne en profondeur avec cette nouvelle interprétation, alors que le charismatique frontman nous livre une performance gorgée d'émotion. De son côté, "Ain't Gonna Cry No More" commence en acoustique avant de monter en puissance sur sa deuxième partie, à la manière d'un "Stairway To Heaven".
Après une telle orgie, la fin d'album peut sembler un cran en dessous, mais il faut garder à l'esprit qu'elle souffre uniquement de la comparaison avec ses fabuleux prédécesseurs. En effet, bien que très classique, le Blues de "
Love Man" est parfaitement exécuté, alors que le boogie de "Black And Blue" reste très sympathique, même si son côté faux-live et son piano bastringue ne sont pas sans rappeler "Lie Down". Enfin, "She's A Woman" remet encore un peu de groove dans son Hard-Rock endiablé et entraînant.
C'est donc un monument et un sommet de sa carrière que
Whitesnake nous offre avec ce "
Ready an' Willing" déjà légendaire. L'arrivée d'Ian Paice semble avoir été le détonateur pour pousser chaque musicien dans ses derniers retranchements et permettre ainsi au groupe de passer à l'échelon supérieur pour tutoyer les sommets. D'excellent groupe,
Whitesnake passe désormais au stade de groupe culte, développant un style caractéristique et imparable. Le reptile a parfaitement réussi sa mue et nous attendons la suite de son évolution avec impatience.
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