Biography : The Dresden Dolls
« Mick Jagger a tout volé à David Johansen! ». Cet anachronisme est dû à Morrissey qui a récemment exprimé son admiration pour le groupe. En regardant le concert des New York Dolls il y a deux ans de cela à l\'initiative d\'un de leurs plus grands fans (c\'est en effet Morrissey qui est à l\'origine du Meltdown Festival de Londres), on se rend compte de l\'ampleur de leur influence sur la musique actuelle. Tout le monde connaît leur fameux logo: un rouge à lèvres chromé, griffonnant leur nom sur un miroir invisible. Mais ils sont plus qu\'une simple marque. Il n\'est pas seulement question d\'androgynie car il existait bien avant eux des garçons squelettiques qui se maquillaient : Little Richard, Elvis. Il n\'est même pas seulement question de musique, car les NY Dolls eux-mêmes mentionnaient toujours assez facilement leurs influences directes: les standards rhythm & blues des années 50 et les groupes de filles des années 60. Ce qui rend les NY Dolls aussi culte, c\'est leur attitude: ils sont tombés dans la marmite du rock\'n\'roll et y sont restés. Kiss, Aerosmith, The Ramones, Blondie, The Sex Pistols, The Damned, Motley Crue, Guns N\' Roses, Hanoi Rocks, The Strokes, The Libertines et n\'importe quel autre groupe de rock poseur convaincu que son groupe est bien meilleur que tous les autres. Les NY Dolls et leurs disciples sont les vainqueurs de cette petite compétition grâce à « beaucoup d\'esprit et beaucoup de sexe », selon le guitariste Sylvain Sylvain.
Les New York Dolls sont tout simplement les Beatles de l\'attitude. Après 35 ans d\'existence (31 ans depuis leur split en Floride) et trois membres en moins, ils sont toujours aussi poseurs sur scène et maintenant à nouveau sur disque depuis leur dernier opus datant de 1974, « Too Much, Too Soon ».
« Tu sais ce que c\'est l\'Angleterre », raille David Johansen avec son accent de Staten Island. « On a fait du bruit là-bas, on s\'est bien éclatés et on a décidé de continuer. Le téléphone ne s\'est plus arrêté de sonner depuis », ajoute Sylvain. « Ce sont les gamins qui ont voulu cela. Des gamins de tous les âges. ». Aussi improbable que cela aie pu paraître en 2003, faire un nouvel album des New York Dolls était la suite logique d\'un festival au succès énorme et des nombreux concerts qui ont suivi pendant deux ans. La reformation a eu lieu au moment même où ils ont recommencé à jouer ensemble. MaintenantThe Dresden Dolls, avec des nouveaux musiciens se sentant très à l\'aise sur les traces des légendes que sont Johnny Thunders, Jerry Nolan, et plus récemment Arthur « Killer » Kane, ils sont à nouveau un gang. « Il ne faudra pas longtemps avant que cette formation ne tienne plus longtemps que l\'ancienne », plaisante David Johansen.
Voici donc le troisième album officiel du groupe, « One Day It Will Please Us to Remember Even This », contenant toutes les marques de fabrique des New York Dolls: des riffs rageurs, des refrains à la douceur trompeuse et surtout leur célèbre attitude mise au goût du jour. Qu\'est-ce qui n\'a pas changé depuis les débuts ? « Je pense que c\'est une sorte d\'optimisme », dit David, décrivant cette qualité qui rend les NY Dolls à tout moment identifiables. « Nous avons une philosophie de vie et une attitude résolument positives. C\'est un message qui dit : \'Tout est possible\'. »
Qu\'est-ce qui a changé alors ? A l\'écoute d\'un titre tel que la ballade mid-tempo « I Ain\'t Got Nothing », il est clair que nous avons affaire à de vrais survivants. « Nous avons vieilli », acquiesce Sylvain. « Mais nous avons la même rage que lorsque nous avions 18 ans. » « C\'est l\'état des lieux de notre avancée dans la vie », d\'après David. « La vie s\'améliore au fur et à mesure que le temps passe et vous êtes plus conscients de l\'ensemble des choses. Quand vous êtes ado, vous pouvez parfaitement (enfin moi je le pouvais en tout cas) ne pas tenir compte des aspects pas drôles de l\'existence. Est-ce que je me sens comme un rescapé ? Ouais, on peut le dire.»
Les New York Dolls ne s\'endorment pas sur leurs verres de whisky pour autant. Le rythmé « Dance Like A Monkey » aux accents Motown devrait réunir tout le monde sur le dance floor et entrer au panthéon des chansons les plus simiesques de l\'Histoire du Rock. Des titres tels que « Gimme Love and Turn On the Light », tout en excitation, blues et rock garage tendent à rappeler (pour peu que l\'on ait oublié) le « sexe » qui est ici mis en avant, reléguant quelque peu « l\'esprit ». Les churs d\'Iggy Pop ponctuent cette excitation. « Nous avons une attitude féroce envers le rock n\' roll », explique David. « Il y a quelque chose dans ce groupe qui nous pousse à donner tout ce qu\'on a.»
Les deux premiers albums des NY Dolls sont dans toutes les discothèques d\'amateurs de musique et que ce soit « Lonely Planet Boy » extrait de leur premier album éponyme ou « Human Being » de « Too Much Too Soon » (sans oublier « You Can\'t Put Your Arms Around a Memory » de Johnny Thunder, que les NY Dolls jouent encore en concert), le groupe a toujours excellé en mélodies pop intemporelles. « One Day It Will Please Us to Remember Even This » prolonge cette tradition. « Take A Good Look At My Good Looks » est une chanson pop rétro-romantique parfaitement réalisée.
« Dancing on the Lip of A Volcano », avec les choeurs de Michael Stipe et un refrain rafraîchissant, est aussi entraînante que n\'importe quelle chanson pop qui ne serait pas écrite par des légendes du rock. « On s\'est dit que Michael Stipe serait parfait sur ce titre », explique Sylvain. « Alors on l\'a appelé. J\'habite en Géorgie et je l\'ai rencontré à un concert de Patti Smith. Il m\'a dit qu\'il nous avait vus David et moi en live et que je lui avais tendu une bouteille de Perrier. Quand on a entendu sa voix sur le morceau, c\'était comme si elle avait toujours été là. » Stipe est l\'un des quelques invités sur l\'album dont la collaboration est subtile. « C\'est du bon travail», reprend David. « Nous sommes un bon groupe. Nous pouvons faire ce que nous voulons pour le meilleur ou pour le pire. Je n\'ai pas eu de besoin particulier. »
Bien qu\'enregistré quasiment en live par le producteur Jack Douglas (qui a travaillé sur leur premier album éponyme et a produit des classiques d\'Aerosmith, Cheap Trick et John Lennon), le son des NY Dolls est meilleur que jamais. L\'âpreté est présente dans leur attitude, mais le groupe est très actuel. « Nous ne pouvons plus nous permettre d\'être des amateurs », explique David. « Les deux premiers albums des NY Dolls sont du folk art. Du folk art urbain. Alan Lomax aurait pu les faire. Nous étions si jeunes et inexpérimentés. Quand je pensais à la manière de composer, je me disais que plus tu avances dans la vie, plus tu acquiers des connaissances et tu ne peux donc jamais faire machine arrière. »
« Ceci est la phase deux de notre carrière », dit David. « C\'est un nouveau groupe, vraiment quelque chose de totalement nouveau. » Les puristes peuvent arguer que ce ne sont plus vraiment les NY Dolls sans Johnny, Jerry et Arthur, mais David et Sylvain insistent sur le fait que le bassiste Sammi Yaffa, le guitariste Steve Conte, le claviériste Brian Koonin et le batteur Brian Delaney sont vraiment les NY Dolls maintenant. « Nous n\'avons pas cherché des clones de qui que ce soit », rappelle Sylvain. « Nous parlons de personnes décédées, nous ne les avons pas virées du groupe après tout. » « Ce sont de bons gars », assure David à ceux qui pourraient en douter. « Ils ont compris tous les aspects de la chose. C\'est ce qui fait que tu es dans un groupe. Je les ai tous psychanalysés. Ce sont des sujets très intéressants. »
Le monde est-il prêt pour les New York Dolls version 2006? « Je me fous de savoir si ce disque est un succès ou pas », assène Sylvain. « Tant que chaque homme, femme et enfant se le procure. »
Source : Roadrunner Records