Même si les
Kinks font incontestablement partie des groupes majeurs des années 60, aucun de leurs albums n’a jusqu’ici atteint le niveau d’un vrai masterpiece. De machine à tubes soit proto-punk, soit pop, les
Kinks se sont établis en délicats compositeurs d’albums pop rock moins commerciaux et plus travaillés, de très bonne qualité mais sans être des chefs d’oeuvre, d’autant plus que le dernier en date, The Village Green Preservation Society, marquait une baisse globale et paraissait assez mou. Le temps était venu pour Ray Davies, le maitre spirituel du groupe, de composer un album de la trempe de ses concurrents de l’époque et d’enfin concilier l’énergie rock des débuts à son sens aigu de la composition acquis par la suite.
Le résultat le voici, Arthur (Or
The Decline And Fall Of The British Empire), un album-concept relatant l’évolution de l’empire britannique, de la reine
Victoria jusqu’à la décolonisation, du point de vue d’un modeste citoyen anglais. Si au niveau concept et textes, le groupe vient déjà de surpasser ses productions antérieures, musicalement, il en est de même. Le ronronnement du précédent album laisse place à un pop rock tantôt saignant, se nourrissant des débuts du groupe sans en prendre les défauts, tantôt soigné et terriblement séduisant. Parmi les meilleurs titres rock de l’album, citons
Victoria, Brainwashed ou Arthur, dont l’énergie frise le hard rock, un regain d’énergie vraiment bienvenu. Du côté de la pop plus typique des 3 derniers albums, on est également bien servi avec un Australia britpop qui aura son rayonnement sur les décennies à venir, ou encore Drivin’, plus proche des Beatles période 66-67. Instrumentalement, le groupe fait des progrès inattendus, en témoigne la fin de Australia, jazzy et planante, avec un solo de guitare bien inspiré.
C’est donc en 1969, soit plus de 2 ans après leur apogée commerciale, que les
Kinks produisent enfin leur pièce maitresse, bien que celle-ci ne se vendra pas énormément. Si à part
Victoria, aucun single ne s’imposera dans les ventes, l’album est d’une cohérence implacable et chaque titre y apporte quelque chose. Remarquons quand même que les
Kinks sont l’un des rares groupes dont le meilleur album ne soit pas le plus connu, et heureusement que les fans plus initiés reconnaitront en Arthur le sommet artistique de Ray Davies, qui exploite enfin pleinement son potentiel.
Cet album est mon préféré des Kinks et est en effet parfaitement abouti. Passe du Village Green au rock de Victoria, ça le fait vraiment. Je tiendrais a ajouter que l'utilisation des cuivres tout au long de l'album lui donne une touche originale, très bonne, et s'accordant avec chaque chanson. Il faut également mentionner Shangri-La, uqi reste une de mes chansons préférée, tout artistes confondus.
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