Le rêve anglais s’est terminé et le groupe s’en retourne aux States pour poursuivre son voyage musical après une tentative de collaboration avec Mike Ronson guitariste de
David Bowie.
Pour ce retour aux sources si l’on peut dire, les frères Mael font appel à Rupert Holmes pour la production de l’album. Musicalement l’album tient la route même s’il n’y a pas de hits potentiels pour les charts anglo-saxons et européens comme dans
Kimono My House,
Propaganda et
Indiscreet ; bien que
Big Beat,
White Women et I Like Girl se détachent du lot. Tous les titres sont signés par Ron Mael sauf Gone With The Wind écrit par Russel.
La production de Rupert Holmes a su mettre en avant la musique de Ron de façon minimaliste tout en étant malgré cela dans l’air du temps.
On aurait presque l’impression que l’album aurait été produit par Tony Visconti et non par Rupert Holmes. Le son est rock comme dans les trois précédents albums sortis au Royaume-Uni peut-être moins rugueux mais bien présent. L’humour est moins présent dans les textes même si deux ou trois titres font la part belle à l’humour pince sans rire de Ron. On y retrouve des sonorités se rapprochant de Looks, Looks, Looks dans le morceau Tearing The Place Apart. Malgré une production excellente l’album ne sera pas classé dans les charts anglais et américains et sera le dernier album sorti sous le label Island Records.
Pour l’anecdote deux titres (Big Boy et Fill-er-Up) figurent sur la BOF du film Le Toboggan de l’Enfer (Rollercoaster) et durant le film on peut apercevoir le groupe jouer ces deux morceaux dans un parc d’attraction, du moins quelques secondes de chaque titre. Deux singles sortent en octobre 76 pour Big Boy et I Like Girls en décembre mais sans pour autant connaître de ventes significatives et les passages en radio ne feront pas décoller les ventes. La version du morceau I Like Girls qui figure sur
Big Beat est la troisième version puisqu’une première version fut écrite en 73 et la seconde en 74 mais furent jugées insatisfaisantes par les deux frères. Gone With The Wind quant à lui date des sessions de l’époque
Indiscreet.
La pochette de l’album fait dans la sobriété bien que l’on puisse y voir un certain humour dans la posture des deux frères qui me fait penser aux portraits fait par les studios photos Harcourt dans les années 40 à 90 en utilisant le même procédé, en l’occurrence le clair-obscur et en les photographiant de trois/quart et non en plan rapproché. Est-ce à dire que les frères Mael voyaient la vie en noir et blanc et non en couleurs, ne peut être qu’une déduction mais on peut raisonnablement penser que l’humour caustique et pince sans rire des deux frères est toujours présent en filigrane que ce soit dans les textes et dans le choix des pochettes comme on pourra le vérifier dans les albums suivants où l’humour va atteindre des sommets, que certains qualifieront de mauvais goût, mais justement c’est ce goût pour la dérision voire l’auto dérision que j’aime dans les trois albums fin des années 70 et début des années 80 et résolument kitsch.
Malgré ce semi échec les deux frères ne baissent pas les bras car malgré le peu d’intérêt de la part des médias à l’époque de sa sortie, l’album reste quand même de bonne facture sans pour autant rivaliser avec la trilogie anglaise ou même avec leurs deux opus sortis en 71 et 72. Le son West Coast qui transparaît tout au long de l’album peut en dérouter certains mais en l’écoutant plusieurs fois, on s’aperçoit que ce son West Coast colle parfaitement à l’univers musical des frères Mael avec cette touche humoristique et caustique. Cet album est indispensable pour les vrais fans de
Sparks, pour les autres à écouter d’une oreille distraite mais quand même attentive si on veut se faire une idée du son
Sparks unique en son genre.
MrDamage57
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