En 1972,
Alice Cooper n'est pas loin d'être au sommet de sa gloire. Pour parachever cette œuvre et cette ascension commerciale, le groupe va sortir l'album le plus vendu de sa carrière, "
Billion Dollar Babies". Ça sera aussi le plus commercial avec juste ce qu'il faut de provocation dans les textes. Numéro 1 aux USA et en Angleterre.
Cette galette est marquante pour trois morceaux qui restent des monuments de la carrière du
Alice Cooper Band à savoir "
Elected" , "
Billion Dollar Babies" et surtout "
No More Mr. Nice Guy" la meilleure chanson de l'album tout simplement. Le reste? Oublié par presque tous et peut être pas à tord...
L'ensemble est beaucoup plus lisse, beaucoup moins rock que les précédents albums. La musique s'est terriblement radoucie seul Vincent Furnier, le chanteur, garde cette bonne vieille agressivité dans la voix qui fait son charme et sa personnalité vocale. L'exemple archétypale de ce radoucissement est la reprise "
Hello, Hooray" de Rolf Kempf. Furnier y déploie toute sa palette de chant et c'est très impressionnant par contre, on a perdu les guitares et les arrangements bien que très bons, sonnent faciles, pop.
Je ne vais pas faire tout l'album comme ça mais prenons pour terminer ce sujet, le deuxième morceau de l'album, "Raped and Freezin". Les paroles sont dans la provoc' assumée mais la musique est calme, les guitares très douces et
Alice Cooper chante anormalement haut (par rapport à "
Killer" ou "
Love It to Death") comme sur presque tout le reste de la galette d'ailleurs. Cela s'écoute très bien mais on n'en retient rien...
Avant de parler des trois tubes de "
Billion Dollar Babies", je voudrais m'attarder sur le niveau du bassiste qui sur cet album est vraiment très très bon. La production permet d'entendre parfaitement ces lignes et c'est un vrai régal pour les aficionados de la basse. Le meilleur exemple? Le très "dentaire" "Unfinished Sweet" où Dennis Dunaway se fait plaisir.
Si l'album a fait un énorme carton, c'est grâce à son côté très pop, première écoute, terriblement accrocheur. Si l'album a tenu dans le temps et est devenu un classique du style, c'est parce qu'il renferme trois des plus gros tubes du Coop' et du shock rock en général. Je parle du trio "
Elected" , "
Billion Dollar Babies" et "
No More Mr. Nice Guy".
Dans ma première chronique d'
Alice Cooper si vous vous souvenez, je parlais d'un morceau très sympathique nommé "
Reflected" et bien "
Elected" n'est en fait qu'une réécriture "tubesque" de ce morceau. Le point fort de ce classique? Son énorme refrain où
Alice Cooper s'arrache vocalement. C'est simple toute la chanson repose sur ses imparables lignes de chant à l'agressivité maitrisée et peut être aussi sur les renforts de cuivres qui ajoutent un léger côté psyché.
Ensuite il y a l'enchainement imparable avec "
Billion Dollar Babies" qui est la moins bonne des trois chansons cultes pour moi, principalement parce que j'ai du mal avec la façon de chanter de Cooper car sinon musicalement parlant elle est au-dessus des deux autres. Un peu moins accrocheuse à la première écoute car très théâtrale. Mention spéciale pour le très bon solo où les deux guitares se répondent.
On terminera la partie consacrée aux classiques de "
Billion Dollar Babies" par le plus culte des morceaux, toujours joué à chaque concert (ou presque) d'
Alice Cooper: "
No More Mr. Nice Guy" ! Je ne vous dirai pas grand chose sur cette chanson sauf qu'il faut l'écouter au moins une fois dans sa vie si on est fan de rock. Un peu dans la veine d'un "
School's Out". La preuve de son statut d’indétrônable du rock? Et bien tout d'abord la reprise faite par Megadeth de très bonne facture mais beaucoup plus heavy puis son apparition dans le "Dark
Shadows" de Tim Burton. Ça faisait un moment que j'attendais l'apparition d'
Alice Cooper dans un film de Burton tellement leurs univers sont proches.
La suite de l'album est beaucoup moins glorieuse avec l'enchainement de trois morceaux plus ratés que réussis. Le trop candide "Generation Landslide" qui marque le retour à la composition du fameux producteur Bob Ezrin, le lourd et lent "
Sick Things" ainsi que la courte ballade anecdotique "Mary Ann" très hollywoodienne (cabaret) dans le style. Heureusement la galette se finit sur une très bonne note avec l'humoristique "I
Love the Dead" où
Alice Cooper prend un accent très british (me rappelant fortement ce qu'a fait un
Ian Anderson sur "A
Passion Play" sorti plus tard la même année), très théâtrale et où on retrouve les ambiances glauques que j'aime tant avec des rythmiques très heavy. "Vive la nécrophilie"!
Un album qui sera le plus grand succès du
Alice Cooper Band mais qui marquera la chute de la formation. En effet, cette époque coïncide avec la montée des tensions entre les différents musiciens et le chanteur, Vincent Furnier, les uns ne voulant plus de ce côté kitch théâtrale pour se concentrer sur la musique et ainsi éviter le phénomène "bête de foire" alors que Cooper lui veut aller plus loin dans la démesure. Devinez qui avait raison à l'époque?
La tournée sera d'ailleurs un modèle de démesure. Deux semi-remorques complets de matériels suivront le groupe. Avec dedans, une guillotine, une table chirurgicale, des instruments de dentisterie, six haches, trois cents poupées (à décapiter), vingt-deux milles cierges, cinquante huit mannequins, six milles miroirs, quatorze machines à faire des bulles, etc. Du grand spectacle tout simplement, aller voir
Alice Cooper c'est comme aller à un spectacle de magie.
Cet album marque aussi la plus grande contribution de Dick Wagner (futur guitariste de la carrière solo de Vincent Furnier sous le nom
Alice Cooper) qui remplace sur certaines chansons avec Steve Hunter le guitariste fondateur Buxton beaucoup trop camé à l'époque pour assurer ses parties (encore plus que le reste du groupe déjà bien "défoncé").
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