Si lorsque l’on parle de rock, les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont souvent les premiers pays qui viennent à l’esprit, il ne faut pas pour autant oublier d’autres contrées qui ont le mérite de proposer une scène absolument admirable. La Suède en fait partie avec des groupes tels que
Ghost,
The Hives, Europe et plus récemment,
Blues Pills. Quatuor fondé en 2011 à Örebro, le groupe est composé entre autres de Zack Anderson à la basse et Cory Jack Berry à la batterie, deux anciens membres du groupe américain
Radio Moscow, qui officie dans le rock psychédélique aux fortes influences hendrixiennes. Pour le reste, Dorian Sorraux, un français, assure le rôle de guitariste, et Elin Larson, seule membre féminine et suédoise, est derrière le micro.
Blues Pills est donc un véritable melting-pot de nationalités, mais aussi d’influences. Sorti en 2014, le premier album a laissé une impression globalement bonne, autant au public qu’à la critique, et ce n’est pas sans raison. Avec ce premier album, le groupe réussit à percer parmi tous les groupes « revival » de ces dernières années, grâce à des musiciens qui maîtrisent parfaitement leur jeu et plusieurs touches originales.
Le premier (et grand) point fort de «
Blues Pills », c’est son mélange des styles, plusieurs influences étant assez facilement identifiables. La plus évidente est bien sûr celle des groupes psychédéliques des années 70, avec un jeu de guitare électrique bourré d’effets et des références tout à fait assumées. La pochette est d’ailleurs assez représentative du style, entre couleurs criardes, nature luxuriante et femmes dénudées. « Jupiter » commence par exemple par une intro tirée tout droit de « Are You Experienced ? » alors que le solo à la fin de « Ain’t No Change » est lui aussi une référence à maître Hendrix, avec sa distorsion ajoutant de la nervosité au morceau. « Gypsy », elle, est une reprise de Chubby Checker, chanteur de rock’n’roll, dont le morceau original ressemblait pourtant déjà à du
Jimi Hendrix. Le paroxysme de ce style est atteint avec « Astraplane » dont le titre lui-même incite à voyager au pays du LSD. Mélange savamment dosé entre blues et rock psychédélique, le titre se révèle entraînant et parfaitement exécuté. La basse accompagne la guitare et souligne la puissance du morceau, et le chant d’Elin Larson est digne des grandes chanteuses de soul.
L’influence hard-rock/stoner se fait également sentir dans ce premier opus, avec notamment une basse très présente comme dans «
Devil Man » où elle est au premier plan, accompagnée par un jeu de guitare frénétique et lourd. « High Class Woman », premier titre de l’album, insiste également sur la basse qui crée un motif répétitif et entraînant, au pont d’en faire oublier la batterie. La ballade hard-blues « Little Sun » convoque quant à elle
Led Zeppelin dans ses phases les plus calmes, avec un jeu de basse rappelant beaucoup celui de
John Paul Jones.
Mais ce qui différencie
Blues Pills de tous les autres groupes de revival psychédélique, c’est surtout le chant d’Elin Larson, très inspiré de la soul music. La jeune prodige est capable d’alterner entre puissance et douceur, comme sur «
Black Smoke » qui est à la fois l’un des meilleurs titres de l’album, mais aussi une démonstration magistrale d’Elin qui chante tantôt avec une voix grave, lancinante et hypnotique, tantôt avec une voix puissante et aigüe pour les parties de hard-rock enragé. Le talent de la Suédoise se démarque également dans les nombreuses ballades de l’album, de « River » à « Little Sun », sublime morceau où basse et guitare semblent être au diapason, en passant par « No Hope Left For Me ». Cependant le chant d’Elin trouve parfois ses limites à cause de sa monotonie, notamment dans lesdites ballades, et de sa ressemblance dans les différents titres.
La seule réelle critique à faire à
Blues Pills pour ce premier opus est la redondance et la linéarité qui parcourt parfois l’album. Les ballades se ressemblent beaucoup, notamment « River » et « No Hope Left for Me », et quelques chansons manquent un peu de folie pour ne pas endormir l’auditeur, notamment « High Class Woman », trop longue pour une simple alternance couplet/refrain.
Mais comment ne pas craquer devant un disque d’une telle qualité ?
Blues Pills tape dans le mille avec ce premier album, entre hommage assumé et petites touches personnelles. Les critiques ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, accordant un très bon accueil à ce disque. Faire du neuf avec du vieux a rarement été aussi bon que chez
Blues Pills.
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