Si certains résument l’intérêt de
Buffalo Springfield à la seule présence des futurs grands noms de la scène folk rock
Neil Young et Steven Stills, ils oublient un peu vite que le groupe fut en son temps l’une des figures de proue du genre, et bien que moins médiatisé que les Byrds ou
Jefferson Airplane, avait su s’en démarquer par un esprit folk plus épuré et moins psychédélique. Le premier album du groupe sort en 1966, en pleine effervescence psyché donc, mais ne semble pas en être très atteint, il ne fait ni plus ni moins que réciter les bases du folk rock, baignant dans ses influences pop et country, et sans attirail complexe.
Le résultat est donc un album assez facile d’accès, très court et peu innovant, mais dont le potentiel accrocheur est assez développé. Le titre qui marqua son temps est sans doute For What It’s Worth, un folk sombre élevé au rang de symbole des adversaires de la guerre du Viet-Nam. Ailleurs le groupe alterne folk et pop avec aisance, la voix de Richie Furay étant plutôt adaptée à la pop. Celui-ci, bien que peu connu, délivre ici une performance remarquable, notamment sur les deux merveilleux Nowadays Clancy
Can’t Even Sing et Flying On The Ground Is Ground, où les belles et douces mélodies sont tout simplement irrésistibles. Steven Stills préfère de bons country rock bluesy comme Hot Dusty Roads ou Leave, tandis que
Neil Young, encore peu affirmé, se fait entendre sur Burned et surtout Out Of My Mind, où l’on reconnait déjà la marque de fabrique de ses 4 premiers albums solo.
Malgré une qualité de son assez faible,
Buffalo Springfield s’en tire plutôt bien sans les éléments psychédéliques novateurs de l’époque. En effet, la plupart des groupes folk/pop non psyché ont bien du mal à se renouveler et paraissent dépasser, tandis qu’eux parviennent à s’inclure dans le panorama musical de l’époque. Pour autant, cet album, tout comme son successeur, n’a rien de comparable avec les merveilles que composeront Stills et Young ensemble ou en solo dans la décennie suivante, mais il faut reconnaitre que le talent est déjà là.
Je suis bien d'accord. Un album sorti en 1966 et qui laisse déjà présager du potentiel musical de Neil Young et de Steven Stills. Il s'agit malgré tout d'un effort de groupe et celui-ci est composé de très bons musiciens. Même si elle ne décolle pas vraiment après "for what it's worth" qui avait atteint la septième place au top cent américain en 1967, cette galette reste un bon premier album. La couleur folk et le travail des harmonies sont intéressants et ancrés dans l'ère du temp sans grande révolution. Une composition comme "Nowadays Clancy Can't even sing" propose malgré tout une structure rythmique qui sort de l'ordinaire. Si les morceaux country rappellent le style des Byrds, la musique de Buffalo Springfield est élégante, accessible et bien ficelée.
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