Mi-folk, mi-rock, parfois planant, parfois hard, entre tradition et modernité, c’est le son de
REM en résumé, c’est « Discoverer » et c’est en même temps l’un des axes majeurs de leur discographie entière.
Voici maintenant une deuxième grille de lecture, qui se sUperpose à la précédente : on choisit quelques directions dans le champ des possibles, forçant le trait sur l’une, puis sur l’autre, avant d’en proposer une synthèse ; ensuite, soit on prend une troisième direction, soit on revient en arrière, histoire de découvrir un autre créneau ainsi que sa part d’ombre et, de nouveau, leur synthèse ; enfin, on casse tout et on recommence.
Le plus important : on réussit toujours, car l’application perfectionniste et l’énergie investie n’ont d’égale que la sincérité. C’est aussi, en un sens, le parcours de
REM.
Prenant la suite de « Discoverer », « All the Best » réintroduit l’énergie punk d’ «
Accelerate » dans un élan spirituel qui pourrait aussi bien correspondre au paroxysme d’une voix intérieure qu’à la ferveur du pèlerin haranguant les foules.
Trois façons différentes de sonner folk, « Ü
Berlin » (avec un air familier), « Oh My
Heart » (où l’on sent qu’ils ont voulu, via l’exotisme du rythme, fournir un effort d’inventivité à un stade tardif) et « It Happened Today » (de plus en plus rock et lancinant, avec la participation d’
Eddie Vedder de
Pearl Jam), précèdent le slow optimiste d’ « Every Day Is Yours to Win », dont le côté boîte à musique rappelle agréablement « Sunday Morning ».
La proximité avec «
Accelerate » s’affirme cependant grâce à « Mine Smell Like Honey », aussi brutal que chaleureux. La douceur de « Walk It Back » ne gâche rien, car on a perçu la logique d’alternance mise en œuvre, logique dont la cohérence par ailleurs se nourrit de la reprise de certains effets sur la voix et de diverses sonorités subtiles.
« Alligator Aviator Autopilot
Antimatter », de nouveau très rock, prouve en effet, autant que « That Someone Is You », que, si l’on doit retenir un trait distinctif de «
Collapse into Now » en particulier, c’est sa maîtrise des contrastes au plus haut niveau. Ce quinzième et dernier opus démontre par là son utilité.
La tristesse hédoniste des mélodies vocales et instrumentales de « Me, Marlon Brando, Marlon Brando and I », dont il ne faut pas sous-estimer la complexité, introduit un « Blue » sombre et sublime, où
Patti Smith a le dernier mot, une chanson / déclamation assez proche de « Country Feedback », à cette différence près, que la lenteur précède une intense accélération finale.
D. H. T.
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