Triste et mou du genou, "
These Days" avait été une déception pour les amateurs de
Bon Jovi. Cependant, il avait au moins eu le mérite de confirmer le fait que le combo oeuvrait désormais plus dans un rock US dynamique que dans l’Aor et le Hard FM qui avaient marqué ses débuts. Avec "
Crush", Jon et sa bande viennent confirmer cet état de fait, mais ils le font avec un enthousiasme et une bonne humeur communicative qui va réconcilier leur public avec leur musique.
Pour cela, le beau gosse et ses acolytes n’hésitent pas à utiliser certaines recettes ayant déjà fait leurs preuves sur certains de leurs précédents opus. Ainsi, dès le tubesque "It’s My Life" qui ouvre ce nouvel album, Richie ressort la talk-box, ce qui nous renvoie aux heures glorieuses du légendaire "Livin’ On A Prayer" sans pour autant tomber dans l’auto-plagiat. Ces références au passé du groupe se retrouvent également sur l’accélération finale d’un "Next 100 Years" qui n’est pas sans rappeler "
Dry County" (présent sur "
Keep the Faith"), ou bien sur "Just Older", road-trip-song aux accents "
New Jersey". Enfin, "
One Wild Night" propose un retour vers le premier album éponyme avec son refrain catchy et ses chœurs un brin retro.
Mais n’allez pas croire que
Bon Jovi fait marche arrière car, même s’ils œuvrent dans des territoires musicaux qui leurs sont familiers, Jon et consorts restent de fabuleux compositeurs de tubes, à la fois immédiats et dynamiques, et capables d’intégrer de nouvelles influences pour faire évoluer leur musique. Sur "
Crush", c’est la pop qui fait son apparition dans la recette de certains titres tels que "Say It Isn’t So" au refrain 'Beatlesien', ou sur l’enjoué et entraînant "Captain Crash & The Beauty
Queen From Mars". La country n’est pas loin non plus sur un "Two Story Town" qui sent le paysage défilant à la fenêtre sur les routes traversant les grandes plaines.
Enfin,
Bon Jovi ne serait pas
Bon Jovi sans quelques ballades pour faire fondre les cœurs des midinettes et attendrir les tatoués qui les accompagnent. Sur "
Crush", elles sont au nombre de trois de qualité variable. En effet si "
Thank You for Loving Me" touche au but avec son superbe refrain, "Save The World" semble avoir été entendu déjà 1 000 fois, en particulier chez
Aerosmith, alors que "She’s A Mystery" s’écoule avec douceur sans révolutionner le genre. Nous pourrons rajouter "You
Can’t Lose At
Love", présent comme bonus sur une édition spéciale proposée au lancement de l’album, et qui a du mal à décoller malgré quelques accents folks agréables.
Bon Jovi redresse donc la tête avec ce nouvel album, même si le nombre réduit d’envolées guitaristiques de
Richie Sambora provoque un zeste de frustration. Mais surtout, il semble avoir retrouvé énergie et bonne humeur, c’est à dire ce que ses fans attendent de lui. Bien sûr, ses détracteurs continueront à attaquer cette institution du rock US en parlant du peu d’originalité et de prise de risque de sa musique. Il n’empêche que ce groupe a créé son style et qu’il lui fait à nouveau honneur avec son nouvel album. Après tout, il n’y a pas tant de combos que ça qui puissent se vanter de réussir une carrière avec ce genre d’arguments.
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