Aaah, la route ! Plate, droite et sans fin, un élément si commun de nos vies mais qui, en ce début des années 70 est chargée de signification. Elle est omniprésente et caractérise sans quasiment aucune exception la liberté, la fuite des fardeaux pesants et la seule façon de se sentir vivant comme en témoignent les nombreux cartons du box-office de cet époque (Easy Rider en tête bien évidemment). L'occasion est trop belle pour
Eagles, groupe californien fraîchement formé, de réaliser un hit.
Take It Easy sort, premier single de leur premier album au son frais sentant bon la liberté. Un tube au succès vertigineux, de quoi lancer la carrière de ce jeune quatuor de la meilleure des manières.
Mais revenons brièvement sur la formation du combo. En 1970,
Glenn Frey et
Don Henley se rencontrent car tous deux embauchés par
Linda Ronstadt. Ils font ensuite la connaissance du bassiste
Randy Meisner et de Bernie Leadon, eux aussi appelés par Ronstadt pour jouer sur une tournée. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, les quatre zicos s'associent pour devenir
Eagles, qui deviendra un des groupes les plus rentables de tous les temps. En ce qui concerne leur style, il s'agit d'un Rock très calme, soft, fortement marqué par la Country (plus particulièrement le Bluegrass) et le Folk, ces influences étant notamment appuyés par la présence du banjo et de la mandoline de Leadon. Au niveau du style, The
Eagles n'est pas un groupe de technique mais compense par des mélodies à deux ou trois guitares créant de de superbes harmonies. De plus, tous les membres sont des chanteurs, ce qui permet d'avoir des chants variés et qui ouvre la voie à une osmose vocale dont seuls les californiens ont le secret.
Comme dit précédemment, l'album s'ouvre sur un
Take It Easy plein de bonne humeur, qui nous met évidemment dans d'excellentes conditions d'écoute pour la suite. La suite est musicalement très plaisante et variée. Des titres groovy, Rock n' Roll tels que Chug all Night ou Tryin' à propos desquels il n'est pas impossible que vous hochiez légèrement la tête en les écoutant. Des titres beaucoup plus mélancoliques que sont
Train Leaves Here this Morning ou le merveilleux Most of us Are Sad porté par les vocals de Meisner. Des pistes qui seront la séquence émotion de l'album.
Peaceful Easy Feeling est quant à lui incroyablement rafraichissant et apaisant au contraire de
Witchy Woman, mystique et quasi-inquiétant.
Ces deux titres sont une bonne preuve de la variété musicale de l'album. Les ambiances, très différentes d'un titre à l'autre, s'enchaînent pourtant sans choquer. Les solos de guitare, bien que peu techniques sont remplis de feeling, ce qui fait de ce «
Eagles » une première offrande complète sur le plan des compos. Si on rajoute à cela les harmonies vocales absolument sublimes qui jonchent l'album, tout semble être réuni pour un premier album proche de la perfection même si on regrettera de n'entendre que trop rarement le banjo de Leadon (
Take It Easy et
Earlybird).
Mais, car il y a toujours un mais, c'est sur le plan des lyrics que
Eagles pêche un peu. Les textes sont en effet un peu légers, très superficiels. Sur les 10 titres de l'album, 6 parle de filles et sans réellement y mettre de forme bien originale (excepté
Witchy Woman qui développe la métaphore du charme avec l'ensorcelement). Cela nuit à l'ensemble, erreurs de jeunesse bien sûr mais qui sont tout de même frustrantes lorsqu'on voit le niveau des lyrics sur l'album suivant. Et pour moi, cela empêche ce premier LP de passer du statut de très sympathique à celui d'excellent voire légendaire.
Il n'empêche, ces aigles-ci n'ont pas eu besoin de beaucoup de temps pour prendre leur envol. Avec ce premier effort la machine
Eagles est d'ores et déjà lancée et deviendra un des plus grands groupes de tous les temps dans les années à venir. Une légende est née !
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