1966 est l’année charnière de pas mal de groupes, et pour les
Kinks, il s’agit de la fin de l’ère hard rock ‘n’ roll, qui influencera tant de groupes hard rock et punk dans les années à venir, et du début d’une époque où le groupe tente des choses et joue un rock décalé et différent. Sans être aussi innovant que le
Revolver des Beatles, ce
Face to Face constitue un joli virage vers des contrées plus recherchées, en ajourant un fond de psychédélisme à certains passages.
Pourtant, le premier titre Party Line n’a pas grand chose à envier aux trois précédents albums en terme d’efficacité et d’énergie, les
Kinks semblent vouloir garder de belles marques du passé et y parviennent. Car ailleurs, la présence de claviers délurés et d’ambiances décadentes dans des titres comme Rosie Won't You Please Come Home ou Too Much on My Mind a de quoi surprendre, mais l’efficacité, bien que différente est toujours au rendez-vous. On peut même distinguer dans Rainy Day in June, Session
Man ou Fancy une belle empreinte psychédélique à la manière de
Revolver, une influence que le groupe utilise avec parcimonie mais précision. On peut aussi constater que la pop réussit toujours autant aux
Kinks, des titres comme
Dandy,
Sunny Afternoon ou Most Exclusive Residence for Sale séduisent grâce à leur entrain et leurs mélodies toujours très bien dosées, tandis que le bon rock ‘n’ roll resurgit avec le puissant A House in the Country ou le plus old school Holiday in Waikiki.
Sans vraiment tout chambouler mais en procédant à un habile virage musical, les
Kinks parviennent à franchir le cap du milieu des années 60 où pas mal de groupes pop échouent au profit de nouvelles formations. Le groupe des frères Davies choisit volontairement de ne pas s’enfoncer trop profondément dans la vague psyché et s’éloigne des étiquettes en vogue, jouant dans un registre pop rock assez difficile à cerner et original qu'on retrouvera dans l’album suivant.
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