3 ans après le break qui avait suivi une période de grande controverse, Yes revient en 1977 avec un nouvel album, prêt à affronter un paysage musical encore plus hostile à sa musique qu’en 1974. En effet, on ne cesse de le répéter, l’émergence du punk a remis au gout du jour les compositions simples et directes, rejetant du même coup l’ère des albums concepts alambiqués tels que Yes les concevaient. A la lecture des durées, on ne peut que constater que le groupe ne compte pas vraiment céder à son temps, même si la démesure temporelle des Tales semble calmée.
Pourtant, l’intro de
Going for the One est un vrai choc, celle-ci officie dans un registre rock ‘n’ roll, avec un rythme élevé mais simple et beaucoup d’énergie, ce n’est qu’à l’arrivée de la voix d’Anderson que l’on retrouve le côté progressif, surtout dans les claviers. Après écoute, on se rend compte que ce morceau-titre ne mise pas que sur l’effet de surprise de son intro et contient de réels passages efficaces et notamment un refrain des plus percutants. Le suivant Turn Of The
Century semble par contre trop mou pour accrocher, pourtant le jeu de guitare classique y est des plus brillants, mais la linéarité globale y est presque soporifique et empêche une explosion finale qui n‘aurait pas été de trop. Parallels est par contre une belle réussite, non content de rééditer la claque rock de
Going for the One, ce titre s’impose comme l’un des meilleurs de toute la discographie du groupe, grâce à un orgue dont le son contraste parfaitement avec le côté presque hard rock de l’ensemble, un mélange vraiment époustouflant, et comme souvent dans un classique de cette trempe, le refrain est une vraie bombe, très énergique et hyper accrocheur sans trop en faire, un grand coup de génie. Avec
Wonderous Stories, le groupe donne l’impression de retomber dans ses travers atmosphériques des plus ennuyeux, mais les mélodies cette fois plus variées font qu’on l’apprécie bien avec le temps. On arrive au gros morceau de l’album, Awaken, long de plus de 15 minutes, et c’est dans un rock progressif plus direct et moins barge que Tales que le groupe a décidé d’officier. Malgré une intro un peu barbante, le niveau d’épisme atteint par la suite est vraiment remarquable et certains passages sont d’une force épatante. Comme souvent, le groupe parvient difficilement à clore son colosse, mais l’essentiel est là et la justesse des claviers mêlées à la voix très bien dosée et à un riff vraiment monstrueux garantissent un bon moment progressif.
Si Yes montre encore des difficultés à gérer ses temps posés, sa capacité à écrire des titres rock progressif prenants est intacte, les mélodies sont souvent bien senties et ne ratent pas leur cible, d’autant plus que le coup de fouet mis sur Parallels et
Going for the One ne fait que renforcer l’idée que Yes n’est pas mort malgré la désaffection évidente du grand public pour ce style.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire