La couleur noire est celle que l'on retrouve fréquemment sur la majeure partie des albums de "
Motörhead". Mais ici cette coloration, caractèristique du metal méchant et brutal, est beaucoup plus sombre qu'à l'accoutumé. "
Hammered" refléterait-il en fait tout ce qu'il y a de plus mauvais chez notre cher Lemmy Kilmister? Vous en devinez certainement la réponse.
"
Hammered" a une valeur plus sentimentale pour moi. Il a été l'un de mes premiers albums metal et le tout premier de "Motorhead". Je m'étais alors dirigé sur ce groupe sans trop vraiment connaître. Ma première impression avait été mitigée. Je n'étais pas, après tout, encore préparé au style qui me semblait fade, sans saveur. Néanmoins avec le choc passé, le maléfice dégagé par cet album a apporter quelque chose d'inédit en moi. Quelque chose d'attirant qui comble notre recherche de puissance. Depuis le temps passé et avec un peu d'expérience l'album en question ne parait pas si terrible que ça. Mais celà a été une sorte de révélation et le premier pas vers une collection orientée exclusivement vers le metal.
L'atmosphère qui règne sur cet album est intenable. "Walk a Crooked Mile" nous plonge de force dans ce milieu infernal. Les instruments sont mises en branle dans des riffs ravageurs. Celà s'atténue cependant par des refrains doucereux.
On pourrait remarquer ici que Lemmy a la voix plus enrayée que d'ordinaire. On sent que le routard du hard commence à se faire des vieux os. Son corps qui a du jusqu'à présent tout supporter, montre quelques signes de faiblesse. Les cordes vocales, très usées, souffrent plus que tous les autres organes. Mais le monsieur se raccroche avec vigueur et persistance à ce qui le fait vivre; la musique. Et il continue à en faire de la bonne. C'est le constat presque indigne que l'on peut faire dès le premier titre.
"Brave New World" n'a rien à voir avec le titre d'"Iron Maiden". Lemmy crache son venin sur un monde actuel en totale dérive morale, avec un titre de hard aux sonorités punk, où guitare et batterie créent un véritable déluge.
Ce n'est encore rien comparé au brûlant "Voices from The War", titre assassin, inspiré par la mort. On a quelque chose de bien construit, offrant une richesse musicale et un parfum de souffre.
Mais toute l'intensité de ce titre finit par s'estomper avec une suite plus groovy sur "Mine all Mine" et sur "
Shut Your Mouth". On retient une basse toujours aussi percutante et une guitare incisive. Mais la voix de Lemmy véritablement trop enrayée manque de ressource.
A partir "Kill The World", "
Motörhead" reprend là où "Voices from The War" nous a laissé; avec un son grave et proprement féroce. Exception faite de "Dr
Love" titre groovy qui aurait pu être sympa si le ton n'avait pas été aussi peu harmonieux. La voix de Lemmy prend parfois une tournure monstrueuse. Sur "
No Remorse", le refrain n'est qu'une suite d'incantations de mots, rendant ce titre assez étrange. Le solo de guitare sous l'effet du synthé ne fait que renforcer cette idée.
"Serial Killer" arrive en toute fin d'album, mais à notre étonnement, le groupe a déjà finit de jouer. C'est un titre non chanté, sans musique, mais il s'agit sans doute du titre le plus révélateur de l'album. Lemmy fait une confession, celle d'un meurtrier, d'un serial killer. Une ambiance de plus en plus angoissante inonde les paroles. On a vraiment froid dans le dos à son écoute. C'est alors que sa voix change. Elle devient celle d'un être dénié de toute humanité. Le personnage révèle sa véritable personnalité démoniaque. Ce titre court est tout simplement bien pensé et est situé à un moment propice de l'album. La fin d'une vie se termine toujours par la mort.
"
Hammered" est loin d'être le meilleur album de "
Motörhead", mais conserve certains atouts propres à la formation, d'où un certain respect de l'authenticité. Le son y est gras et plus agressif que sur d'autres réalisations du groupe. La voix de Lemmy bien en peine aggrave la situation, malgré la bonne performance des instruments. Les titres restent en majorité bien composés, même si ce sont les plus brutales qui s'en détachent et retiennent notre attention.
Rien n'est plus perturbant que d'avoir observé la face cachée de Lemmy.
14/20
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