Que ce soit en solo ou avec ses différents groupes,
Neil Young a jusque là impressionné le monde du rock par la beauté de ses compositions, dans des domaines regroupant le folk, le blues, l’art rock ou le psyché dans les années 60. En 1972, alors que le changement d’époque est palpable, il s’impose au monde entier avec un album serein et acoustique qui sera un immense triomphe. Pourtant, à cette époque, les chanteurs à la voix aiguë et aux chansons douces sont nombreux, et la plupart ne dépassent pas le stade du moyen, voire de l’ennuyeux, mais
Neil Young est bien loin de ça, sa musique est travaillée et son apparente simplicité cache une portée musicale et une force incroyables.
Out of the Weekend introduit l’album et son air d’harmonica déchirant associé à la voix mélancolique de Young se chargent de mettre les larmes aux yeux. Encore plus fort en terme d’émotions dégagées, les deux grands classiques que sont
Harvest et
Heart of Gold sont vraiment à tomber par terre, le premier grâce à sa slide guitar country et le deuxième grâce à la voix et à l’harmonica simplement brillants. Histoire de mettre un peu d’entrain, c’est Are You Ready for the Country qui vient ensuite, plus enjoué et immanquablement prenant avec quand même un côté désabusé très présent. Tout en restant dans ce domaine country/folk, mais en ajoutant ce côté art rock typique de Crosby Stills Nash & Young, on trouve
Old Man et
Alabama, dont les choeurs sont remarquablement bien placés et les mélodies nombreuses et riches. Sentant peut-être que l’auditeur allait presque sourire, Young replonge dans la mélancolie avec le monument The Needle and the Damage Done, joué seulement avec une guitare acoustique mais dont la force surpasserait tout un orchestre, un vrai bijou. Le seul point faible de cet album est la présence de deux titres enregistrés avec un orchestre, où la voix a du mal à se faire une place au milieu des violons et au final le résultat est assez lourd.
On comprend vite ce que
Neil Young a de plus que la grande quantité de chanteurs acoustiques sans originalité. Fidèle à lui-même et à sa grande richesse musicale, il propose cette année là un récital de folk rock, mêlé à sa mélancolie perpétuelle à laquelle on ne peut résister. D’ailleurs, si le succès est au rendez-vous, Young s’attachera vite à préparer la suite, craignant de devenir trop connu, ce qui donnera lieu à une série de volte-faces des plus surprenants et créatifs. Pour l’heure, on peut dignement savourer le joyau folk qu’il vient de nous offrir sans modération.
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