Le moins que l'on puisse dire, c'est que
Jeff Healey a fortement marqué les esprits avec son premier album ("
See the Light") et sa présence à l'affiche et sur la B.O. du film "Roadhouse" avec Patrick Swayze. Même le légendaire
Jeff Beck a demandé qui était ce guitariste capable de sortir des notes que lui-même n'arrivait pas à jouer ! Devant un tel torrent d'éloges, nombreux seraient ceux qui auraient renouvelé la même formule sur leur second opus, question de ne pas tuer la poule aux œufs d'or. Mais au-delà de son génie artistique,
Jeff Healey a également du caractère et il s'est promis de ne jamais faire deux fois le même album pour permettre à sa musique d'être en constante évolution.
Ce "
Hell to Pay" est donc le résultat de cette volonté, démarche facilitée par l'intérêt que de nombreuses pointures ont porté au prodige canadien après "
See the Light". Pour commencer, la production est confiée à Ed Stasium dont la carte de visite est aussi longue que variée (Ramones,
Talking Heads,
Living Colour, Ratt,
Soul Asylum, mais aussi
Mick Jagger et Gladys Knight…) qui va offrir un son plus épais et plus puissant au JHB, permettant à chaque instrument d'être reconnu à sa juste valeur. D'autre part, même s'il n'apparaît pas dans le line-up officiel, Paul Schaffer vient étoffer le groupe avec ses claviers. Il est d'ailleurs épaulé par Bobby Whitlock et son Hammond sur 4 titres. La liste des invités est également impressionnante avec
Mark Knopfler qui offre un "I Think I
Love You Too Much" chaud et léger, sur lequel il vient poser sa voix et sa guitare à l'occasion de nombreux soli croisés ou parallèles avec le maître des lieux.
Sass Jordan participe à l'ensemble des chœurs, alors que Monsieur
George Harrison lui-même profite de la reprise du "While My Guitar Gently Weeps", dont il était l'auteur sur le double album des Beatles, pour lui aussi s'installer derrière le micro et la guitare, non sans avoir apporté Jeff Lynne (
Electric Light Orchestra) dans ses bagages.
Un carnet d'adresse, aussi impressionnant soit-il, n'est pas forcement suffisant pour faire un grand album ! C'est vrai, mais il n'est pas non plus un handicap, et ce "
Hell to Pay" vient le démontrer. Si l'évolution par rapport à son prédécesseur est incontestable, certains titres comme "Let It All Go" (reprise de
John Hiatt dont 2 titres étaient déjà repris sur "
See the Light"), ou la délicieuse ballade "How Long
Can A
Man Be Strong" restent cependant des points de repère qui rassureront les moins aventureux. Par contre, la puissance est au rendez-vous d'un "Full Circle" et d'un "
Hell to Pay" aux refrains directs et accrocheurs, alors qu'un "I
Can't Get My Hands On You" se fait carrément cinglant.
Si la fin d'album souffre d'une légère baisse d'intensité malgré la qualité des titres qui la compose,
Jeff Healey et ses compagnons réussissent cependant à nous offrir un nouvel album incontournable, tout en réalisant l'exploit de conjuguer tradition et évolution. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si d'aussi grands noms se sont penchés sur la carrière du jeune guitariste aveugle dont les soli vous laisseront à nouveau pantois de feeling et de technique mélangés. "
Hell to Pay" vient donc confirmer le talent exceptionnel de
Jeff Healey qui marque déjà le monde du Blues-Rock de son empreinte.
Je suis en tout point d'accord ... avec Zaz. Je ne me suis jamais remis du premier album de Jeff et les suivants ont toujours soufferts de la comparaison.
Je me souviens d'un concert de presque 3 heures à la sortie du premier disque. Un de mes meilleurs souvenirs live.
Ici, ça joue bien, évidemment, mais il n'y a pas la magie de "See the Light". L'orientation plus facile pour ne pas dire commerciale de ce deuxième opus m'a un peu déçu et cela a continué ensuite.
Le reprise des Beatles est très sympa, dans un style différent de celle (instrumentale) qu'avait proposé Vinnie Moore sur "Time Odyssey.
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