Malheureux visiteur, étranger venu d’un autre monde, pars d’ici et retourne d’où tu viens. Sache que la Dimension 5 est entièrement sous la domination du « contremaître », un tyran sans scrupule qui contrôle entièrement nos faits et gestes. Des évènements ont eu lieu dernièrement. L’organisation rebelle « Phono-Graphics » a aidé des prisonniers du régime à s’enfuir. Le « contremaître » a immédiatement lancé ses robots, sa milice pour les traquer. Tous ont été capturés, à l’exception de quatre d’entre eux, retranchés au sud de la cité dans le groupe d’immeuble « Rampic ». Ceux-ci continuent la résistance en enregistrant et en diffusant leur musique en faveur de la rébellion. Nous avons encore l’espoir que l’on nous délivre du tyran. Mais, ne te mêle pas de ça. Fuis! Rejoins ton monde!
L’étranger ne veux pas l’entendre de cette oreille. Touché par le sort de ces habitants en quête de liberté, il décide alors de prendre contact avec la résistance et de rejoindre les 4 évadés de « Rampic ».
Celui-ci parvient à les retrouver à l‘aide de complices de la résistance. Il est alors subjugué par l’un d’entre eux, qui se révèlera être le chef de ce petit groupe d’évadés prénommé «
Thin Lizzy ». Il s’agit d’un homme à la peau dorée, un certain Phil Lynott. Quelqu’un doté d’un charisme hors du commun. Ils projettent ensemble d’élaborer un disque qui aura pour effet une fois diffusé par les ondes, de neutraliser les robots du contremaître, dont les circuits sont sensibles à la bonne musique, mais aussi de rassembler la population et de l‘encourager à se retourner contre le régime. Le groupe n’en est pas à son premier coup d’essai. Avant leur capture, il y a quelques mois, les quatre bonhommes avaient remporté une victoire avec leur «
Fighting ». Ils avaient incorporé plus de puissance dans leurs titres. «
Fighting My Way Back » ou encore la reprise de
Bob Seger «
Rosalie » laissaient notamment préfigurer un tournant du groupe vers le son hard. C’est en cette année 76 de la nouvelle ère de Mercury que le groupe a décidé la diffusion de ce disque, appelé «
Jailbreak » pour l‘occasion, en souvenir de leur libération, et dans l’espoir qu’il puisse enfin devenir un aboutissement dans la libération de la dimension 5 des mains du dictateur.
Ce que l’on sait déjà c’est que le disque aboutira à un tournant dans la lutte et dans la vie du groupe. «
Thin Lizzy », le libérateur, a durci le ton. Mais avant de faire part des titres plus consistants, qui animeront notre âme guerrier, on nous proposerait également des titres au contraire plutôt joyeux, à commencer par l’exubérant « Angel from the Coast », où le rythme s’enchaîne à toute allure dans des ambiances légèrement psychédéliques et funky. Phil volontairement plus absent, laisse plus d’autonomie et quasi tous pouvoirs aux instruments, qui s’adonneront à cœur joie. Et quand on parle de cœur, on songe tout de suite au tendre « Romeo and the Lonely Girl ». Un titre qui ne fait pourtant pas figure de légère ballade. Un rythme continu et vivifiant y est sans cesse maintenu. Il s‘ouvrira même sur un soli chargée d‘électricité. Seuls, en réalité, le chant et les voix se lamentent sur le sort de Romeo. Pauvre Romeo.
Il y a un lot de grosses surprises comme ce « Running Back », modifié pour les besoins de la diffusion radio. Que c’est rageant. L’original ayant été jugé trop agressif par les pantouflards grands chefs de la résistance. Les claviers de Timothy Hinkley ont été rajouté en plus pour adoucir tout cela. Le titre en devient indéniablement très soft et jazzy par ses interventions de saxophones, presque à tendance pop si on ose le mot. Mais la sérénité est tout aussi efficace en musique, et Phil Lynott confirme que sa voix peut s’agrémenter de n’importe quel style. La grosse surprise tout court viendra dès l’apparition d’un monument, du désormais incontournable «
The Boys Are Back in Town ». Un titre qui aura autant influencé la pop britannique en plein chamboulement, que le hard rock lui-même. Un hymne aidé par un jeu de guitare appuyé. Des guitares balançant des offensives à l’unisson à chaque fin de refrain. Le dernier tiers débute sur un étiolement du son, puis sur une forte montée en puissance de ces dites guitares. Tout simplement le hit qui aura ouvert «
Thin Lizzy » aux charts américains. Si les robots du « contremaître » arrivent à tenir à ça...
L’Amérique est en ligne de mire du groupe. Elle demande aussi à être libérée. Pour gagner la confiance de ses habitants, «
Thin Lizzy » pioche dans les sonorités de ces contrées. « Fight or Fall » aura pour effet d’apaiser toute nervosité, par un son bluesy feutré. Comparable à la fumée grise d’une cigarette venu s’échapper doucement dans l’atmosphère d’un petit restaurant de Memphis. Le « Brother, brother » prononcées par des voix en renfort sur la fin, apporteront une touche afro-américaine au morceau. De l’Amérique blanche et profonde, cette fois, on en aura un bref aperçu sur l’entame de «
Cowboy Song ». Ce titre teinté du doux son de l’harmonica dans son entame, sera gagné d’un sursaut effréné, où les guitares font preuve du plus grand engagement. Un son plus clairsemé une fois passé le soli de milieu de piste. Les guitares se relaieront chacun leur tour, aboutissant à un nouveau coup de semonce de leur part.
C'était gentil jusqu'à présent. Maintenant place à la vraie bagarre. «
Thin Lizzy » s’inscrit désormais comme formation hard à partir de ce volume. Pourquoi? En fait la formation comme on le présentait déjà dans son précédent opus s’est laissé conquérir par la virulence du hard, influencé par cette scène de plus en plus gagnée par de jeunes organisations armées comme «
Aerosmith », «
Kiss » ou « AC/DC ». Le ravageur titre éponyme «
Jailbreak » en est le premier représentant édifiant. Tout n’est plus que violence, autant dans les paroles prononcées, que par le ton menaçant de la voix de Phil ou par cette musique perforée par les riffs de guitares. Le refrain figurerait à chaque fois comme une détonation, une explosion qui mettrait à bas une barrière. Un rythme guerrier, rebelle, qui sera ensuite pris d’agitation quand viendra la sirène des 2/3 piste.
Tout le monde prend sa tenue de combat sous les ordres rassurants, mais directs de Phil sur « Warriors ». Les guitares haletantes au début, lui obéissent et effectuent leurs manœuvres avec application. Elles prennent un petit break harmonieux de chœurs pour souffler, puis se remettent en batterie, fin prêtes pour l’assaut. Le plus puissant assaut hard ne viendra qu’en toute fin de disque. « Emerald » est l’affrontement fratricide que l’on attendait. Phil Lynott, en fin stratège, déploie ses troupes, dans l’attente d’un combat final. Après une petite période d’accalmie mélodique, les guitares sont alors lancées à la charge en milieu de piste pour s’en accaparer littéralement. Les duels et le twin guitars, tactique prélevée, dit on, des «
Wishbone Ash » (écoutez le titre « Blind Eye »), sont ici en pleine action. Les instruments de Scott Gorham et de Brian Robertson, sur toute la moitié du morceau, se livrent à une bataille sans merci.
Après le combat, quel bilan? La victoire. Éclatante, totale. La victoire des libérateurs sur les forces du « contremaître », parties en déroute. «
Jailbreak » devient un événement qui fera le tour de la dimension 5 et même au-delà. Donnant du courage aux opprimés. Ce sera un, sinon le disque le plus prestigieux de la formation. Celui là même qui aura symbolisé la dernière marche vers la musique hard, aura été de ceux qui auront le plus marqué les esprits. Cependant, la lutte ne fait encore que commencer.
18/20
Somewhere in this town.
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