Après le succès inattendu du troisième album sorti début 71, le
Alice Cooper Band va tout faire pour surfer sur la vague. Après une tournée américaine triomphale le groupe et Bob Ezrin retournent en studio pour sortir dès novembre 1971 la suite logique de
Love It to Death .
Une suite qui va encore mieux fonctionner au billboard car Bob Ezrin va encore plus s'impliquer et qu'en prime, les moyens pour la production seront mis sur la table par la Warner Bros Records . En effet, il ne faut pas oublier que
Love It to Death a été produit avec trois fois rien et que c'est seulement quand le succès fut là que la grosse machine Warner a repris à sa charge la destinée d'
Alice Cooper.
Rien que l'introduction du culte "
Under My Wheels" (premier titre) frappe fort pour l'époque avec un riff puissant voire même agressif, des cuivres explosant et un solo dantesque. Déjà à ce niveau,
Killer fait monter la barre d'un cran par rapport à son prédécesseur car il débute de la meilleure manière possible alors que
Love It to Death commençait avec un morceau plutôt mou du genou.
En effet, il est toujours bon de rappeler que pour l'époque
Alice Cooper c'est du hard rock voire pour certains du heavy. Même si maintenant cela nous semble plus proche du petit rock. La production énorme renforce l'effet hard car le son est massif pour l'époque, très cristallin mais pas plat (contrairement aux productions actuelles type Rick Rubin ).
L'album est très homogène niveau qualité même si il comporte trois petits morceaux un peu moins intéressants et moins mythiques que sont "Yeah, Yeah, Yeah" (je n'ai jamais été un grand fan de l'harmonica), "You Drive Me Nervous" faisant la part belle aux guitares en tous sens mais dont le son de caisse claire agace au point de tuer le morceau et "Desperado" à l'ambiance western réussie mais un poil trop plaintive (hommage à Jim Morrison, ami de Cooper et chanteur des Doors).
A part ces trois légers coups de mou, l'album ne compte que des tubes, des classiques d'
Alice Cooper et du hard rock ! "
Under My Wheels" avec sa session de cuivre est un pur hit, "
Be My Lover" bien que légèrement sexiste reste en tête après deux écoutes et "Dead Babies" aux paroles plus que dérangeantes sont des monuments intemporels.
Comme sur
Love It to Death , l'
Alice Cooper Band nous propose deux morceaux de bravoure de plus de six minutes. Ces titres sont tout aussi longs que les deux de l'album précédent mais on ne voit pas les minutes défiler contrairement à certains passages de "Black Juju" . Le très prog' "
Halo of Flies" semblable à un morceau de
King Crimson est une perle de huit minutes. Une atmosphère malsaine, dérangeante mais une rythmique terriblement entrainante! Facilement classable dans les vingt plus belles réussites du
Alice Cooper Band. "
Killer" n'est pas en reste avec ses multiples petits soli de guitare ainsi que sa dernière minute infernale où l'orgue nous happe tel une lame de fond.
C'est également à cette époque que le côté "shock rock" du groupe explose littéralement sur scène. Tout d'abord expliquons ce qu'est le style "shock rock" qui n'est pas vraiment un style musical mais plutôt une vision théâtrale de la musique. Shock qui veut dire "choquer" résume ce que regroupe cette dénomination. C'est tout simplement l'art de choquer sur scène* avec des crânes, du sexe, du blasphème, du simulacre de meurtre, etc. et dans le chef d'
Alice Cooper à l'époque c'est principalement du maquillage, un simulacre de pendaison, un serpent et une hache (vérification faite sur une vidéo de 71) pour décapiter des poupées lors de la chanson "Dead Babies".
Alice Cooper n'a pas inventé le shock rock mais il a clairement influencé plusieurs générations de "rock-shocker" des plus vieux:
Kiss , King Diamond et compagnie aux plus jeunes: Gwar,
Lordi,... et évidemment M. Manson .
En conclusion, on a le premier grand album mythique d'
Alice Cooper avec ce quatrième disque. Après deux albums d'errance et un album de démarrage un peu trop hétérogène, cette galette est compacte, homogène et l'apport des cuivres fait vraiment de l'effet. Les ambiances sur les morceaux de plus de quatre minutes sont incroyables avec des passages à l'orgue, des chœurs féminins, etc. Les titres de moins de quatre minutes sont hautement mémorisables avec en tête le tonitruant et endiablé
Under My Wheels. Au final, un album hautement recommandable, plus technique qu'avant et possédant une production incroyable pour l'époque. Encore merci Bob Ezrin !
*Ainsi que l'art de choquer avec les textes des chansons comme le feront plus tard énormément de groupes.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire