Que ceux qui pensent encore que la new wave, selon eux, n’est pas du rock, parce que c’est, soi-disant, une musique qui manque de tripes, écoutent ou réécoutent une chanson comme « Love Us ? » d’Immaculate Fools, et ils changeront probablement d’avis. La force et l’évidence d’un tel morceau, de sa rythmique proche du hard rock et de sa mélodie entêtante les font rayonner comme un phare ou comme un soleil dans un album.
Mais, de ce fait, se pose le même problème pour le groupe qu’à l’époque de «
Dumb Poet » avec « Never Give Less Than Everything » : comment surnager face à un titre aussi charismatique ? Il y a déjà au moins une différence, qui n’est pas inhérente aux unités, relevant plutôt d’un schéma structurel : contrairement à « Never Give Less Than Everything », « Love Us ? » n’apparaît pas en première position, mais en cinquième position. Ce n’est donc pas une ouverture spectaculaire, mais un pic d’intensité au sein d’un processus bien engagé. Ce pic n’est-il pas prématuré dans un disque de treize chansons ?
Voilà, plus précisément, la problématique de «
Kiss & Punch » ou, tout du moins, une manière possible d’aborder cet instant d’une carrière artistique, démontrant au passage, encore une fois, la subtilité du cheminement d’Immaculate Fools, et son caractère relativement imprévisible, une fois rapporté au folk du précédent «
Woodhouse ».
C’est également une différence majeure par rapport à
REM, dont le rock alternatif, ambition de premier plan chez eux, marque une rupture par rapport à la new wave. Immaculate Fools touche aussi au rock alternatif, mais sans volonté de rompre avec la new wave. C’est pourquoi ils adhèrent à la catégorie pop rock, plus polymorphe, qui peut intégrer, dans leur cas, aussi bien des moments de new wave et de pop que des moments de folk, de folk rock (probablement leur préférence), de punk ou de rock alternatif.
Blues, électrique, campagnard et enroué, « Little Bird Sing » démarre un peu comme du
ZZ Top première période, et la tentation de cette comparaison se poursuit jusqu’au bout. On peut y voir une transition entre la ruralité de l’album précédent et l’horizon, encore incertain à ce stade, de «
Kiss & Punch ».
« Ready for Me », plus rapide, s’inscrit dans la même veine entre rock et blues, mais avec une mélodie parfois plus romantique et une voix plus chaude, avant un final explosif. Même approche, à peu près, dans «
Kiss & Punch », en moins blues que précédemment : la continuité du son très électrique s’impose par rapport à celle de l’inspiration mélodique, même si le blues revient quand même en force à la fin, et s’installe de nouveau au fil du registre, plus proche de la parole aux accents country, de « No I Don’t Think So ».
On a déjà parlé de « Love Us ? » Les huit titres suivants auront-ils la même amertume brute, savoureuse et finalement surprenante que ce début d’album ? Plus folk, « Government Wall » et ses chœurs fervents ne manquent pas d’allure, surtout quand la guitare électrique affirme encore sa présence. Belle complémentarité, avant la pause ancestrale de « Tinderbox ».
Plus dissonant, plus sobre mais toujours servi par un son enflammé, « No Gods, No Masters » garde le cap. On apprécie l’avancée paisible de « Rain Song », qui porte la passion. On pense à
Jeff Healey, à
Chris Rea. « Hard Peace », lui, ferait plutôt figure de transition entre le rock blues et le rock gothique.
Il y a donc déclinaison, où la ballade plus irlandaise « Killing Field » trouve aussi sa place, amenant le folk de « Whole World Down » et les larsens méditatifs d’ « El Amanacer », au terme apaisé d’un essai concluant sur le terrain du blues.
D. H. T.
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