Quatre années après un honnête premier album baptisé "A l’ Envers", j’attendais au tournant ce second disque du gagnant 2004 de télé crochet de M6.
Le premier constat, aussi simpliste et réducteur soit-il, se situe au niveau visuel. Si Steeve Estatof n’avait jusque ici semble t-il pas souffert d’une conformisation de son image, la pompe à fric Sony BMG a grandement rectifié le tir sur ce second opus, comme le dévoile cette horreur mauve servant de pochette à ce "
Le Poison Idéal".
Si Steeve ressemble sur cet atwork à si méprendre à ce couillon de Bill de
Tokio Hotel, c’est néanmoins avec espoir que je me suis procuré ce disque produit, par entre autres, le géant Mike Fraser (rien que AC/DC,
Aerosmith, Strapping Young Lad, Primal
Fear…).
Les photos ornant le livret ne me rassureront pas plus que ça, Steeve jouant manifestement au madman, chapeau, botte en écailles et canne à l’appui…mais où est passé l’écorché vif d’il y a quatre ans merde ?
Pourtant, lorsque l’on écoute le titre d’ouverture "Real TV" sous forme d’autocritique, on se rend compte que la puissance est plus que jamais au rendez-vous. Les riffs sont presque heavy, les solos volent de partout et déchire une production très rock et nerveuse, à mille lieux du son clinique d’"A l’Envers". Le refrain est splendide, le pont très agressif et les paroles se révèlent jouissif envers ce monde formaté dont Steeve sort pourtant, même la partie de batterie révèle une élaboration dont on n’aurait pas cru tant de créativité chez le français.
D’un point de vue vocale, le timbre si particulier d’Estatof est reconnaissable, mais sa voix semble s’être étoffée et offre ainsi plus de possibilité, comme le démontre le titre suivant "Kendy", divinement groovy et rock ‘roll.
Le second degré est une nouvelle fois très présent et le morceau en lui-même offre un sympathique solo très typée Led Zep !
Les doutes commencent à s’envoler, l’album est pour le moment largement au dessus de nos attentes.
Le travail d’acharné de Steeve concernant la prod et les grattes aurait-il finalement payé ?
Une douce brise souffle sur "Bomb Baby", plus mélancolique où le style plus écorché et sensible de Steeve revient, mais les couplets montre quelques chœurs anachroniques n’ayant absolument rien à faire ici, tandis que le refrain tombe dans un ridicule complet. Un aspect gospel pas du tout maitrisé s’immisce sans qu’il soit invité manifestement et provoque un mélange de saveur malheureusement fortement indigeste (les "hoho" étant particulièrement risibles !).
Les graines du mécontentement germeront ensuite pour la quasi intégralité de ce "
Poison Idéal". Non pas que ce soit réellement mauvais (plus de solos, titres plus longs) mais l’envie d’expérimentation tombe à l’eau sur la majeure partie des chansons (le rock d’ado raté "L’Amour ne vaut rien", le faussement jazzy "Un Idéal", le conventionnel "Le Monde").
Restera un splendide "Un
Ange Noir", de loin le meilleur titre de l’album, poignant et ambitieux, aux chœurs grandioses mais dégageant cependant une atmosphère intimiste et minimaliste. Le solo n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’esprit aventureux d’un certain "November Rain" des légendaires Guns, une partie de la magie en moins néanmoins. Le final, partagé entre guitares acoustiques et ambiance sentencieuse religieuse achèvera de transformer ce titre en bijou.
La reprise "Viens te faire chahuter" de Polnareff se laissera déguster également par les mélodies vocales de Steeve usant d’aigus dont on ne le pensait pas capable de venir à bout, sans doute sa meilleure performance personnelle de l’album, et également la plus originale (si on fait abstraction de ce riff pop pitoyable originel sur lequel se greffe intelligemment des parties en lead guitars).
Quand au décévant "Bye Bye Girl" sur la longueur, il détiendra cependant le hurlement le plus heavy de l’opus (mais pourquoi n’use t-il pas plus de ce type de chant ? Qu’il dégage de chez Sony !) mais sera autrement dans la même lignée que les mous du genou "Sous hypnoze" et "Tout détruire", agressif dans la forme mais sans aucune rage ni relief dans le fond, comme s’il ne parvenait pas à réellement montrer les crocs même dans les conditions les plus optimales.
Décevant, c’est ainsi que je décrierais cet album sur la longueur, débutant sur les chapeaux de roue mais retombant aussi vite qu’il monte aux rideaux. Dommage, car il démontre, même là où nous avions un minimum d’espoir, que le succès de la télé réalité n’est qu’un monde résolument morne et éphémère.
Mais bien sur monseigneur.
Je vais continuer à chroniquer mes albums de métal, c\'était simplement une petite digression...
Prochaine sentence, Dream Theater, \"Ziltoid\" de Devin Tonsend et le nouveau Steven Wilson ne devrait pas tarder à arriver.
ne crois pas que j\'en suis réduit à chroniquer et écouter du S.Estatof...quand même pas ^^
Mais il est vrai (je m\'en suis rendu compte en les écrivant) que ces deux chroniques sont un peu moins intéressantes à lire, car il y a simplement moins de feeling à faire passer!
Mais je devais les faire...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire