Semblerait que je sois le seul membre de ce site à posséder ce disque merveilleux et que la notoriété underground de ces originaux de Québec n'atteindra sans doute jamais l'hexagone mais tant pis, je le chronique quand même.
Les habituelles étiquettes de style ne s'appliquant aucunement à cette créature monstrueuse, dévoreuse de cadavres, tout droit sortie du folklore arabe des contes des milles et une nuits, on se contentera de l'auto-description fournie par le groupe.
Les Goules sont donc un «quintette aux influences glam-rock-pop-métal-asile (qui) possède également un certain don pour la musique». Et c'est peu dire!
Impossible en premier lieu de passer sous silence les textes complètement débiles du chanteur Keith Kouna, qui fait maintenant carrière solo depuis la séparation du groupe-culte en 2007. Deux réactions sont possible à la lecture de ces textes. Soit on fouille l'internet de fond en comble afin d'y trouver l'adresse courriel de Kouna pour lui demander le nom de son revendeur de drogue, soit on jette le disque à la poubelle (essayez plutôt de le revendre, il est rare!) et on passe à quelque chose de plus conventionnel. Absurde étant le bon mot pour les décrire, je le trouve quand même réducteur, la folie de Kouna étant unique et personnelle, certains arriveront quand même à y trouver un sens. Les textes de chacune des chansons étant d'ailleurs publiés dans le livret comme un seul vers, sans autre ponctuation qu'une majuscule au début et un point à la fin, j'ai dû les reformater (en ayant, disons-le, le sentiment de toucher à quelque chose d'intouchable) afin qu'ils soient acceptés par le présent site. Un exemple étant ici plus utile que n'importe quelle description hasardeuse, voici le texte de Rigole:
«Bain d'huile crâle ou pas sans les mains sont des clowns dans l'fond buggé clame dans l'refrain des rats des riens ballounes pis r'viens su'l'bord dindons sont des calls dans l'pire résidences en venyr tounes poches dans des morts t'es carré porc des chars dans des bains qu’on dort rigole dans l'abîme dans l'fond du ruisseau tu t'tannes call d'la bière du gallon du fort dans gadoue jarrets dans l'fond du fjord.»
Passons donc sur l'analyse lyrique et parlons de la musique. Si les leads de clavier «cheap» de Rabin Kramaslabovitch et le timbre volontairement merdique de Kouna peuvent laisser perplexe à la première écoute on comprend vite qu'on a pas affaire à une parodie ni à un album d'humour. N'ayant en fait aucune idée de ce à quoi on affaire, on se laisse vite prendre par les riffs, mélodies et surtout par les envolées vocales d'une efficacité redoutable. La folie du combo étant extrêmement contagieuse, impossible de résister à l'envie de sortir le livret de paroles pour le ranger qu'une fois l'écoute de l'album terminée.
Sans aucun support des radios commerciales et de l'industrie du disque, le groupe indépendant au style indescriptible et au public cible difficile à cibler aura quand même écoulé 10 000 copies des quatre albums dont il aura accouchés pendant sa trop courte carrière de six ans. Il se sera produit aux prestigieuses Francofolies de Montréal et Festival d'été de Québec, où il rafle un Prix Miroir de la chanson francophone, avec mention spéciale du jury pour l'originalité de leur création.
À découvrir absolument.
Cucrapok
Ligne pour laquelle j'ai aussi un gros faible.. Trop intéressant aussi de jeter un oeil au live Fête des Morts dans lequel les pièces sont savoureusement introduites par le chanteur venu confirmer que j'avais bien compris quelque chose dans l'absurdité de ses textes..
"Qui est derrière les attentats du 11 septembre? Vladimir Malakhov? nooooon! Mordecai Richler? noooon plus! Tony Bennet? Corey Hart? noooon c'est Monsieur Kill!" :D J'adore!
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