Londres, 14 décembre 1979.
Ce matin-là, les Anglais ont la gueule de bois. Comme depuis pas mal de temps, d'ailleurs. Pas spécialement à cause de leur bibine... Plutôt à cause de l'ambiance morose qui règne sur la Brittaniquerie ces derniers temps. Et, en plus, on est en décembre, donc, forcément, la météo, à Londres... vous m'avez compris.
Et puis il y a ce caillou dans la godasse, la mouche dans le lait, les Punks, ces affreux jojos qui font peur aux mamies, et qui ont les cheveux dressés tout droit sur la tête et colorés en violet en plus (tiens, comme les mamies, j'avais pas fait attention, à l'époque). On dit même qu'ils se crachent dessus, dans les concerts. Quelle époque !
Dans cette tribu bizarre, on distingue 2 tendances bien distinctes ; les "poseurs" et les "engagés". Les poseurs sont représentés par Johnny le Pourri et ses Pistolets Sexuels. Les engagés sont les Clash. Comme nous ne sommes pas sur un site de conseils en maquillage, intéressons-nous aux Clash.
Dès leur premier album, les Clash ont donné le ton ; ils seront un groupe politique, qui parlera des problèmes de la vie de tous les jours : chômage, pauvreté, racisme, la liste est non exhaustive. Les Clash parlent de tout, à tous, tout le temps.
Musicalement, ils sont loin du cliché "on-met-tous-les-vumètres-dans-le-rouge", ils savent aussi donner dans le Reggae, dans l'harmonie. Et même si Joe Strummer peut parfois donner l'impression de "gueuler" ses paroles plutôt que de les chanter, l'ensemble est plus que respectable, et les faiblesses des uns (ah, la basse de Simonon !) sont compensées par les forces des autres (ah, la batterie de Headon !).
Après leur 1er album, brûlot punk indispensable, les critiques qui les avaient encensés à l'époque les descendirent avec la même virulence à la sortie de "
Give 'Em Enough Rope". On leur reproche leur changement de style. On leur reproche le retard dans la livraison de l'album. On leur reproche de vouloir devenir des stars en Amérique, ce qui était faux puisque CBS a refusé de le sortir aux States sous prétexte que le son ne leur plaisait pas. Quand ils ont sorti "
Give 'Em Enough Rope", ils venaient de virer Bernie Rhodes, le manager des tous débuts, bref, les Clash n'étaient pas bien du tout.
Alors pour celui-là, les Clash veulent mettre le paquet. Bernie étant le proprio du squat où ils répétaient, ils se trouvent un nouvel endroit où travailler et s'enferment de mai à août. Ils travaillent comme des dingues, préparent l'album aux petits oignons, connaissent les morceaux sur le bout des doigts, ils ont même déjà prévu les arrangements. Quand un type de la maison de disques veut de leurs nouvelles, ils l'invitent, le font aller sur le terrain vague à coté du studio pour une partie de foot. Paul Simonon ne sait pas très bien jouer, il n'est pas très à l'aise avec ses grands compas et a tendance à tacler au niveau de la carotide. Donc, le type repart avec son attaché-case sans avoir rien entendu, mais très heureux d'être toujours en vie.
Les Clash rentrent en studio et engagent Guy Stevens, un fou furieux de leur connaissance, à la prod'. L'album est mis en boite dans un temps record. Guy a une idée géniale ; il ne cherche pas la perfection technique des instruments ou des voix, il cherche la "Moëlle". A Simonon qui demande à refaire une prise de "
Brand New Cadillac" parce qu'il a fait un pain, Guy lui répond :"On s'en fout, on n'aura jamais une meilleure prise, ton pain, personne l'entendra !".
A la fin de l'enregistrement, les Clash ont tellement de matériel en stock dont ils sont fiers qu'il y a de quoi en faire un double album. La maison de disque tique ? Les Clash leur annoncent alors que, non seulement, c'est un double ou rien du tout, mais qu'en plus, il va falloir le vendre au prix d'un simple. Chez les Clash, le maître-mot, c'est NE-GO-CIA-TION
La pochette est (pour moi) une des plus belles que l'on puisse faire. La photo a été prise le 21 septembre 1979, au Palladium, à New York. On y voit Paul Simonon pulvériser sa basse dans un accès de fureur. Non pas parce que ça fait "genre" de casser son instrument sur scène, mais en réaction à l'apathie du public, bien assis, en train de s'empiffrer de pop-corn en sirotant du Coca. Quand on sait ce qu'il se passait dans les clubs londoniens de leurs débuts, on peut comprendre sa réaction !
Le contenu est superbe. Rien à jeter là-dedans. Du Rock, du Punk, du Reggae, du Ska, ils savent tout faire et le font bien. Rien que la chanson-titre est énorme. Les Clash atteignent des sommets.
Londres, 15 décembre 1979.
Londres est K.O. debout. Toute la ville parle du nouvel album de Clash. Chacun a sa chanson préférée. Tout le monde trouve son bonheur à un moment donné. Les Clash sont encensés à nouveau par la critique, à juste titre d'ailleurs. Les Clash sont devenus un des plus grands groupes du Monde. Comme les Beatles. Comme les Rolling Stones. Deux groupes dont ils voulaient être le plus éloignés possible. En devenant l'un des plus importants groupes au Monde, les Clash n'auraient-ils pas tué le mouvement punk ?
"
London Calling" sera élu "Meilleur Album des Années 80" par le magazine... "Rolling Stones".
Marrant, n'est-il pas ?
HotRodFrancky
Mouahaha ! y'a de la testostérone par ici ! dans mes bras les amis.. et effectivement la meilleure chose qui peut arriver aux deux passionnés que vous êtes est de refaire le monde autour d'une bonne bière !
effctivement mon Francky, les chros de Grogwy sur SOM sont nombreuses et érudites... mais de ce coté là de Force (sur SOR) c'est bien toi qui règne en Maitre des Gretsch Lovers ...
et oui, le punk est bien plus qu'une musique !
Meuh non, mon Philippe, y a juste deux grands ados amoureux de la musique qui se chicornent un peu pour défendre leurs points de vue, mais rien de grave, de toutes façons, j'le connais pas l'aut'con (eh, oh, c'est une vanne, hein, c'est pour de rire que j'dis ça, à prendre au 28ème degré). Et d'ailleurs, mon cher Grogwy, ta dernière intervention est tout à fait juste, il suffisait de dire ça. Et chez les Clash, en particulier, Topper Headon (le batteur) n'avait rien de Punk, Mick Jones et Paul Simonon venaient du quartier Antillais et n'étaient pas spécialement branchés Punk non plus. Et beaucoup de groupes se sont engouffrés dans la brèche créée par les premiers Keupons, abandonnant tout de suite le navire quand "la mode" est passée à autre chose. Quand à l'invitation à boire une bière, it's a Deal...
Ehe merci les gars, il se passe un trucs sur SoR putain !! A noter dans les annales cette discussion !
Depuis mon commentaire de 2013, je me suis un peu documenté sur le sujet Punk de cette période, notamment en dévorant cette Bible qu'est PLEASE KILL ME (de Legs Mc Neil), et en tombant à fond dans les New York Dolls, les Heartbreakers et surtout les Dead Boys qui ont bien squatté ma platine ce derniers temps. C'est vrai que je connaissais beaucoup plus le Punk des 80s que celui des 70s d'où mon commentaire un peu con (voire très); j'ai un peu comblé mes lacunes depuis.
Et oui mon Francky, l'ami Growgy est une pointure sur SoM et pas le genre à se la ramener pour rien comme certains baltringues qui sont passés sur soR à une époque, les brozzy et compagnie... J'en suis pour la binouze ! ;-))
Pathétique.
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