Loveless

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17/20
Nom du groupe My Bloody Valentine
Nom de l'album Loveless
Type Album
Date de parution 1991
Style MusicalRock indépendant
Membres possèdant cet album25

Tracklist

1. Only Shallow
2. Loomer
3. Touched
4. To Here Knows When
5. When You Sleep
6. I Only Said
7. Come in Alone
8. Sometimes
9. Blown a Wish
10. What You Want
11. Soon

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My Bloody Valentine


Chronique @ Silent_Flight

17 Janvier 2011
Le voilà, l'album ultime: le sacre, le monolithe, l'incommensurable et l'intemporel Loveless de My Bloody Valentine, entité qu'on pourrait écouter cinq fois en une journée pendant toute sa vie pendant qu'on tenterait surement en vain d'y déceler tous les mystères de ses sonorités complètement hors du commun.
Grosse polémique chez les médias à sa sortie, Loveless fut un échec commercial -ce fut plus ou moins la volonté de Kevin Shields, le génie du combo- car incompris du public qui vibrait déjà sur les traits plus minimalistes du grunge, du garage et de la new-wave qui sont justement les fondements de ce genre à part qu'est le shoegaze.

3 ans, c'est le temps qu'a consacré MBV à son génie créatif afin que tout soit parfait du début à la fin. Il lui aura fallu un budget de 250 000€ suivi de la ruine de son label Creation Records et de quelques ébats sexuels pour parvenir à ses fins. Et quel final! Le groupe a donné le meilleur de lui-même, si bien que Shields fut en mal d'inspiration par la suite et cessa alors toute activité créative pendant plusieurs années après la sortie de Loveless.

Ces irlandais, inspirés par le noise de Sonic Youth et des Jesus and Mary Chain, et par la pop, ont crées un son inédit sur cet opus. Là où son prédécesseur Isn't Anything était encore très encré punk, les murs de son de Loveless générés par les Fender Jaguar du couple Butcher/Shiels ont définitivement classé le quatuor dans le mouvement noisy-pop qui s'opposait aux codes de la musique contemporaine. Les voix se mêlent aux instruments pour former une structure inaudible et en même temps d'une finesse mélodique qu'aucune éloge ne pourrait définir.

A la première écoute, l'auditeur prétend qu'il s'agit du même morceau pendant cinquante minutes, alors qu'en vérité chaque morceau à sa fibre et plus précisément son taux de saturation, du gros son de "Only Shallow", de "Loomer", de "Sometimes" ou de "Soon" aux claviers de "Touched", morceau composé par le batteur qui est ironiquement le seul ne contenant pas de batterie, ou de "Blown a Wish". Problème réglé après quelques écoutes attentives quand on ne connait pas le genre, qui nous fait rapidement réaliser que la formation est bien plus que du rock alternatif et qu'elle est le signe d'une ère nouvelle.

Ce dernier déluge sonore, que l'on conçoit volontiers comme une des meilleures oeuvres de rock anglais des 90's, est indispensable à tout contestataire de la musique dite commerciale et/ou accessible. Impossible d'en demander plus, car aucun album tous genres confondus n'est aussi complet en terme d'originalité et de spiritualisme, parce qu'en effet il y'a une âme qui nous imprègne à chaque écoute. Euphorie ou tristesse, ça n'a d'égal, Loveless accompagne n'importe quelle situation, et se permet carrément d'apporter à l'auditeur sensible une raison valable de vivre. Enfin, il est tout simplement le "Nevermind" de l'univers underground avec disons une affection bien moins scolaire que pour le trio de Seattle.
Une bombe atomique dévastatrice qui résonne toujours depuis 1991, et qui a engendré une vague d'artistes manquant rarement d'imagination où aucun album ne ressemble à un autre. Absolument fantastique de tout point de vue, un avènement sonore qui impose un respect jamais voué ailleurs. La perfection même.

SF.

4 Commentaires

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Surt__ - 17 Janvier 2011: Merci pour cette kro' !
Vrael - 19 Janvier 2011: Wha, je connais à peine ce groupe de nom, mais vu la qualité de ta chro, cet album doit être excellent. J'irai jeter une oreille :p
Surt__ - 19 Janvier 2011: C'est vraiment un super groupe, tu va voir x)
rikkit - 14 Novembre 2012: Simplement fou... J'ai juste honte d'avoir découvert le shoeagaze par Alcest et la vague post-rock/post-black. Enfin le résultât reste le même :)

Merci pour cette Chro l'amis.
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Chronique @ DHT06

08 Septembre 2017

Les enfants du Velvet auraient-ils égalé leurs parents ?

« Only Shallow », c’est à la fois un mur sonore, une eau trouble et un voile de mystère, derrière lesquels la voix de Bilinda Butcher nous appelle, nous invite à franchir ce mur, à plonger dans cette eau rose comme le sang, à lever ce voile pour essayer de la rejoindre même si elle sait, même si nous savons que c’est impossible. Par l’obstacle qui nous sépare d’elle, la chanteuse symbolise l’idole inaccessible, et pourtant cet obstacle révèle une telle délicatesse, un tel apaisement que l’impression d’intimité partagée l’emporte sur la distance, si bien que toutes les idoles, y compris elle-même, deviennent illusoires. Le rythme incisif, les guitares brutales et traînantes, les samples inaudibles, la lourdeur bruyante, leur alternance avec les passages où le chant émerge comme un sourire se dessinant lentement sur un visage, tout se perd à la frontière où l’écho de la voix se fond dans la distorsion ambiante, osmose entre la blessure et son remède. Il y a l’idée que l’apparence de timidité cache une force, la force de l’humilité, et aussi que la légèreté survit à l’horreur, avec une conscience éclairée de tout ce que la vie peut endurer, dans la certitude que les dernières paroles seront aussi les paroles les plus rassurantes, pareilles aux derniers accords de guitare qui accompagnent le morceau jusqu’à son dernier souffle.
On se sent valorisé à l’écoute de cet album, car les musiciens savent que le public est averti. Suggérer au lieu d’expliquer permet d’aller à l’essentiel. D’où une justesse de ton parfaite d’un bout à l’autre, un bon dosage de l’intensité, une force tranquille. Le rythme de « Loomer » pourrait aussi bien évoquer un train en marche que la vibration d’une image, d’une silhouette, un grésillement perceptible par tous les sens. Au-delà du sens des paroles, la musique s’adresse à l’imaginaire. L’instrumental « Touched », en moins d’une minute, signe cette étrangeté, entre murmure et souvenir. Contrairement à la dualité appuyée d’ « Only Shallow », faite pour marquer les esprits, « To Here Knows When » est aérien, éthéré, entre autres parce que les sonorités y sont plus aigües et plus harmonieuses, même si l’harmonie dévastatrice n’est jamais loin. Toutes choses égales par ailleurs, « When You Sleep » se rapproche davantage d’un rock classique, où la voix masculine fait d’ailleurs son apparition. « I Only Said » apporte une certaine dissonance aux intonations oniriques et, en définitive, toujours heureuses, toujours optimistes. « Come In Alone » sort de nouveau l’artillerie lourde, comme au début du disque, faisant écho au titre phare. « Sometimes », pensif, est un morceau plus sombre, qui met en valeur la voix de Kevin Shields sur fond de monotonie et de gros sons de guitare. Avec « Blown A Wish », aux instrumentations plus dépouillées, la pop est à l’honneur (une pop bizarre, bien sûr) et Bilinda revient sur le devant de la scène. « What You Want » va plus vers le metal côté instruments, avec un contrepoint vocal où la chanteuse assure aussi bien la mélodie principale que les chœurs. « Soon », enfin, nous joue la totale : une conclusion puissante qui, sur un rythme efficace, résume les principaux traits de caractère de l’opus. Les enfants du Velvet auraient-ils égalé leurs parents ? Oui et non. Non car les comparaisons restent difficiles, ou parce qu’ils ont peut-être fait mieux encore. Oui parce qu’ils ont fait aussi bien, mais différemment. En tout cas, le shoegazing fut, ex-aequo avec le grunge, la dernière évolution majeure de l’histoire du rock avant l’effondrement de l’industrie du disque au cours des décennies suivantes, et « Loveless » s’impose définitivement comme sa figure de proue. Pas mal, pour des gens qui regardent le bout de leurs chaussures.

D. H. T.

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