L'ayant revu à la télé il y a peu de temps, et m'apercevant qu'aucune critique n'avait été faite sur ce disque des Beatles (impensable, réveillez-vous, les gars!!!), je me lance pour vous conter l'histoire du bide retentissant des Fab Four, le seul et unique de leur carrière, et même pas mérité, en plus.
1967, à Londres. Les
Beatles VIennent de laminer toute la concurrence avec le somptueux "Sgt Pepper's...", ils ont mis tout le monde à 2 000 années-lumières (n'est-ce pas, les Stones?). Ils sont seuls sur la planète musicale, tout le monde les aiment, la messe est dite. Il n'y a qu'un seul domaine dans lequel ils ne sont pas champions du monde, c'est le cinéma. Et Paul, orgueilleux comme pas deux, pense qu'il va lui suffire de claquer des doigts pour y parvenir.
L'idée est simple; on embarque dans un bus tout le groupe, quelques potes du ciné, et on filme tout ce qu'il se passe, en intercalant 5 ou 6 chansons. On programme ça pour Noël, le succès sera total et les Beatles seront les plus grandes stars dans tous les domaines de tous les temps.
Seulement voilà; il ne se passe rien. Mais alors rien de rien. Et en plus, pour la première (et dernière) fois de leur carrière, les chansons des Beatles ne sont pas terribles. Attention, je n'ai pas dit qu'elles étaient mauvaises, mais il est évident que ce ne sont pas les meilleures qu'ils aient écrites. "Blue Jay Way", signée Harrison, n'est pas franchement grandiose, "Flyin'", leur seul instrumental, n'est pas non plus inoubliable.
Heureusement, le niveau remonte avec "
Magical Mystery Tour", un très honnête Rock'n'Roll, on rajoute un cran pour "The Fool on the Hill", superbe chanson de Paul, clipée merveilleusement dans notre belle Provence, le matin, à l'aube, un pur joyau. La face B de l'album sera constituée de Singles sortis avant, comme "Penny Lane" ou "
Strawberry Fields Forever", qui datent d'avant "Sgt Pepper's...", ou "All You Need Is
Love", hymne hippie (embrassez-vous, les frères et les soeurs, paix sur Terre et feu dans nos caleçons!) enregistré à l'occasion de la retransmission de la première émission en mondovision.
Mais le vrai bijou de cet album, la pépite, c'est "I Am the Walrus", composé par un
John Lennon des grands jours. Un John qui n'a pas dû oublié de prendre ses gouttes, ce jour-là. Un morceau pareil, ça vient de loin, faut aller au plus profond des méandres du cerveau humain pour aboutir à une chanson pareille. Franchement, j'écoute de la musique depuis toujours, je n'ai jamais rien entendu de pareil ailleurs. Ceux qui se sont risqués à essayer de copier "ça" se sont pris les pieds dans le tapis, ramassés en beauté. John nous sort de son chapeau une mélodie comme il n'en avait plus composée depuis "Nowhere
Man", il innove comme il n'avait plus innové depuis "Tomorrow Never Knows".
Cet album sera celui de "I Am the Walrus" comme "Sgt Pepper's..." avait été celui de "A Day in the Life". Mr Lennon a un don, celui d'écrire des chansons immortelles. La qualité du jeu des 3 autres Beatles et la production de George Martin feront le reste...
Le film sera programmé par la BBC pour les fêtes de fin d'année 1967. Filmé en couleurs (psychédéliques, bien sûr), il fût diffusé en noir et blanc. Première erreur. La deuxième fut de passer cet OVNI cinématographique en "prime-time". A moins d'être très compréhensifs avec leurs petits-enfants et d'avoir goûté avec eux à certaines substances prohibées, il me parait évident que bon nombres de grands-parents britanniques n'ont, ou rien compris, ou été horrifiés par ce qu'ils ont vu ce soir-là. Pour être honnête, il me faut avouer que, moi non plus, je n'ai pas compris grand-chose à tout ça. Mais, enfin, ce sont les Beatles, quand même. Soyons indulgents. Et puis, si c'est leur "plus mauvais" album avec un titre comme "I Am the Walrus", pas mal d'autres groupes se contenteraient d'un dixième de leur talent (et de leurs ventes).
HotRodFrancky
A signaler une reprise, très/trop fidèle mais sympathique de "I Am The Walrus" par l'excellent groupe Styx (connaissez vous leur magnifique Paradise Theatre" -1980 ?) qui ouvre leur "Big Bang Theory" de 2005.
Merci pour le texte, Francky.
En tout cas, la pochette est vraiment merdique.
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