Les travaux de Tim Burton n’ont pas toujours été très appréciés par Disney. Lors de la sortie de L’Etrange Noël de Mr Jack il y a de cela une quinzaine d’années, le film était carrément considéré par eux comme un OVNI de second plan. A la fin des années 2000 cependant, la ribambelle de fans absolus des délires animés de Tim Burton a eu raison de l’opinion de la firme à la souris. C’est ainsi qu’en 2008, peu après la sortie de l’édition blue-ray 3D du film et de la BO remasterisée de Danny Elfman, sort cet album de reprises de toutes les pistes de cette BO, interprétées par des artistes rock, metal, et bien d’autres.
Si comme moi tu aimes l’étrange univers de ce film et ses fantastiques musiques, il y a de fortes chances que ton style musical se rapproche de ce qui est traité ici bas, sur SOR et SOM. Donc, comme moi, il se peut fortement que la perspective de cet album de reprises provoque chez toi des petits frissons, causés par un grand enthousiasme.
Avant de commencer, un mot sur le compositeur original. Danny Elfman est le responsable de cette ambiance musicale si particulière qui joue un grand rôle dans les films de Tim Burton. Trop souvent d’ailleurs, on parle à tort de l’influence de Tim Burton lorsqu’on reconnaît un peu la pâte Danny Elfman sur un disque. Et avec celle de Edwards aux Mains d’Argents ou les noces funèbres, cette BO fait partie des incontournables de l’auteur. Autant dire alors que le matériel à revisiter ici est d’une qualité reconnue.
« And now with your permission, I’m going to do my stuff”
Histoire de ne pas perdre nos repères et de nous mettre dans l’ambiance, les courtes pistes Opening et Closing sont présentes dans leur version originale. A part ça, nous avons à faire à des reprises, donc avis aux puristes absolus, passez votre chemin, le but est de « revisiter ».
Rien qu’en regardant la tracklist, on peut déjà se rendre compte d’une caractéristique principale du CD, la variété des genres qu’on trouvera. Inévitable conséquence, il est difficile de trouver une ligne directrice à tout ça, (en dehors de la chronologie du film qui est scrupuleusement respectée).
Une bonne idée tout de même récurrente est de tenter de réconcilier le côté décalé, poétique et un peu festif de la bande originale avec l’aspect plus sombre et glauque des images. La version metal de l’hymne de la cité d’Halloween par Marilyn Manson n’en est pas la meilleure mais le premier exemple, contrastant avec le début de l’album et filant une bonne claque sonore, sans être franchement inoubliable. Le meilleur de cet aspect arrive assez rapidement après. Tout d’abord la prestation d’
Amiina (mais si, vous connaissez, les demoiselles qui accompagnent parfois Sigur Rós), qui usent de leurs scies musicales et autres bizarreries pour instaurer une ambiance délicieusement partagée entre la rêverie douce et l’inquiétude.
Flyleaf et
The Polyphonic Spree continuent dans cet ordre d’idée (en plus rock tout de même) pour former les trois meilleures pistes de l’album. Le thème de l’incompréhension entre deux mondes abordé par Tim Burton prend ici tout son sens, puisqu’on dirait que la découverte de Jack lui provoque autant d’émerveillement que de peur.
KoRN s’inscrit également dans cette accentuation du côté obscur en bourinisant (si j’ose dire) une chanson qui avait déjà l’air d’une comptine décalée. Malheureusement ils ne parviennent pas du tout à utiliser ce filon et à part sur le refrain qui est très fun, la sauce est sans saveur.
D’autres choisissent de coller plus ou moins à l’idée originale de leur chanson, en en changeant que le genre musical, à l’image de Devotchka qui ouvre le bal de façon très correcte et bien dans le ton, ou
Rise Against qui accentue bien avec leur punk festif la frénésie de la préparation de la fausse fête de noël.
The All American Rejects aussi choisit de sortir de leur genre habituel pour coller à la complainte de Jack, ce qui paradoxalement donne un résultat curieux, sorte de balade folk avec des instruments plus exotiques, sans oublier la voix haute du chanteur.
Pour en finir avec le quasi track by track, le rayon des gros regrets. L'ambassadrice d’
Evanescence tente d’accentuer la mélancolie de la magnifique Sally’s Song mais ne parvient qu’à la rendre tout à fait banale, voir insipide. Les pourtant excellents
Rodrigo y Gabriela se retrouvent à jouer la chanson d’Oogie Boogie, qui était à la base chantée et dans un style bluesy bien particulier, alors qu’il y avait tant de pistes instrumentales sur lesquelles ils auraient pu s’exprimer davantage, sans nous priver d’une reprise plus recherchée de celle-ci. D’ailleurs pour les utilisateurs d’Itune, la version de
Tiger Army proposée est bien meilleure, voir géniale même.
Pour le reste, on oscille entre le sympathique et le plus dispensable, je pense notamment à certaines reprises plus électros qui s’apparentent davantage à des remix. La conclusion nous ramène petit à petit dans la douceur et la happy end typiquement Disney, et nous laisse sur une version planante du générique de fin.
En résumé,
Nightmare Revisited est un truc de fan, qui pourtant ne saura plaire complètement qu’à peu d’entre eux, en raison pour certains de leur hostilité pure et simple au principe de la dénaturation de l’œuvre, et pour les autres en raison de quelques choix décevants. Il n’en reste pas moins que l’idée est géniale à mon sens, et que tout n’est pas à jeter loin de là.
Avant de vous laisser, j’aimerais aborder le cas d’une hypothétique version collector 2 CD dont j’ai trouvé la trace à des endroits peux recommandés par l’HADOPY, mais aucune dans le commerce. Sur le second disque, la version déjà évoquée de
Tiger Army, plusieurs reprises de Sally’s Song (dont une remarquable par
Fiona Apple), et quelques autres de groupes pourtant très connus. Pour moi, ces ajouts n’ont rien d’annexes et pourraient même carrément sauver les meubles. Ma note grimperait facilement de 2 ou 3 points si j’étais sûr que vous puissiez vous procurer
Nightmare Revisited sous cette forme. Ainsi, si jamais vous croisez cet objet un jour, précipitez-vous dessus et prévenez-moi juste après, ça m’intéresse !
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