J’ai entendu, il y a un temps, que le milieu du Rock/Metal était connu pour son machisme ambiant. Il fut un temps, donc, car s’il est vrai que l’on connaît davantage de groupes menés par des hommes, les femmes y prennent une place de plus en plus prépondérante, apportant un peu de sensualité et une poigne différente de leurs homologues masculins. Rien qu’en France, des groupes comme Kells, Eths ou Whyzdom (parmi des dizaines d’autres, bien évidemment) on su acquérir une notoriété dépassant de loin beaucoup d’espérance. Et si, dans le milieu Rock, celles-ci sont plus discrètes (excepté les fautes de goût comme
Superbus ou les
BB Brunes), nos demoiselles n’en demeurent pas moins talentueuses, comme l’a prouvé
Izia ou bien Hazelight, groupe dont nous allons parler aujourd’hui.
Mes lecteurs assidus (huhu) savent que ce groupe est déjà passé sous mon clavier à l’occasion de la sortie de leur premier EP, «
The Twilight Zone », en 2012. Il est temps pour les Étampois de franchir la vitesse supérieure : celle de la production longue. «
Out of Time » est donc le premier album du quatuor, autoproduit et arrivé dans nos chaumières une dizaine de jours avant Noël dernier. C’est donc parti pour trois-quarts d’heure de « rock sexy post-grunge » dans la langue de Shakespeare.
L’écoute de ce premier album fait ressortir énormément de maturité. Les musiciens font le métier, possèdent une belle technique utilisée à bon escient, varient les ambiances et prennent le temps de poser leurs constructions sur des titres d’une durée plutôt convenable, tournant autour des 4-5 minutes à chaque fois. Comme dit au-dessus, il s’agit d’une auto-prod et pour le coup, le son s’en sort plutôt bien. Si certains passages auront tendance à manquer de chaleur ou de puissance, il en demeure que ce disque reste dans son ensemble assez énergique, même si, comme nous allons le voir, les prises de risque sont assez minimes.
Dès les premières notes de « Nina », les riffs auront tendance à nous rappeler un bon vieil AC/DC. La rythmique est, certes, classique, mais elle reste très efficace, à même de faire son petit effet sur scène. Le point central sera la voix de Jessy. Elle possède un timbre rock et rauque, groovant avec une intonation assez puissante, même si celle-ci manquera à l’appel lors de certains points-clés de l’album, et lors des coupures de musique des couplets pour ce titre. Dans la même veine, « Bad Faith » propose un Hard-Rock old school plus direct et énervé, malgré le sentiment que le chant est à la traîne sur les couplets. Mais au-delà de ce constat, il apparaît, avec le titre « Stronger » (de l’EP précédent), que ce genre de titre est davantage taillé pour le live plutôt que le studio.
De la même manière, « Fucking Waiting » propose, après une belle introduction ambiante, un titre au riff plus excitant et groovant, possédant les atouts pour convaincre. Le son est bon, suffisamment gras et puissant, participant avec les éclats de voix à une bonne variété des ambiances entre puissance et calme. Quant au gimmicks de Jessy sur les refrains, ce sera à l’appréciation de chacun ! Plus Punk, « Glasgow Scale » appose une ambiance rapide, purement taillée pour le live, entraînante et généreuse, accompagnée d’excellents riffs.
Or voilà, après tout ça, nous avons affaire à une veine de titres extrêmement plus posés, plus pop. Dès « Bombshell », l’ambiance descend de plusieurs crans et dépossède l’auditeur par une succession de mauvais choix dans la finition : une superposition de voix dans le final extrêmement brouillonne, un chant plutôt faux sur l’ensemble de la mélodie, un peu trop de longueur pour l’ensemble proposé. Pour rester dans les fausses notes, le final de « Something Beautiful » le sera à tous les niveaux, tant Jessy paraîtra clairement à côté du rythme, que ce soit sur les élans finaux ou bien le chant manquant de clarté, surtout sur les refrains. Dommage, car la ballade mélodique est bien gérée, la basse complétant très bien le duo guitare-batterie et les superpositions vocales sont sympathiques. La doublette « Place to Hi(y)de » et « Honey » seront bien plus agréables. Les arpèges y sont bien maîtrisés, la douceur très pop est touchante et le chant plutôt posé s’alliera à la perfection à l’ambiance. Peut-être qu’un peu plus de poigne dans les refrains de la première nommée aurait pu encore plus insister sur l’aura communicative du titre, mais ce serait surtout pour chipoter un peu…
La longue conclusion qu’est « All the Scars » me semble parfaite pour faire un bilan de ce premier album, tant ce titre contient ce qui fait la beauté d’Hazelight, mais aussi les faiblesses. À commencer par un chant oscillant entre inspirations fantastiques et niaiseries énervantes et surtout très fausses. Néanmoins, tout s’accorde agréablement avec une première partie d’arpèges délicats et d’une conclusion en un beau solo rock et mélodique, pas foncièrement transcendant, mais suffisant pour un bon point. La section rythmique laisse même la basse prendre plusieurs fois l’ascendant, afin d’offrir une chaleur plus que bienvenue.
Peut-être encore trop sage et imprécis pour véritablement le placer au cœur des bonnes surprises musicales du moment, Hazelight a au moins le mérite de nous laisser une première production sérieuse, accessible et plutôt appliquée, contenant bien son lot de petites erreurs et de mauvais choix typiques d’un premier album. Néanmoins, à la vue du travail réalisé depuis «
The Twilight Zone », Hazelight prouve que sa marge de progression reste encore importante, nous laissant augurer encore de belles choses pour l’avenir.
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