Après quelques tâtonnements qui avaient au moins le mérite de prouver que les Canadiens étaient capables de se remettre en question,
Saga a enfin touché au but avec un "
Generation 13" plus progressif et réussissant à réunir tous les amateurs du combo. Deux ans après ce coup de maître, le groupe de Toronto fête ses 20 ans de carrière avec son nouvel album intitulé "Pleasure & The Pain" au line-up une nouvelle fois privé de Steve Negus, remplacé par l'inconnu Glen Sobel.
A croire que le batteur officiel de
Saga sent venir les mauvais coups à l'avance, car si la pochette d'origine est d'un goût douteux, elle a au moins le mérite de nous annoncer le désastre qui nous attend. En effet, sans que nous soyons capables de déterminer s'il s'agit d'une provocation ou d'un véritable échec artistique, nous restons abasourdis par un ensemble sans aucune cohérence et d'une médiocrité sans nom. Doté d'un son trop sec avec une batterie sur-mixée, cet album erre sans cohésion, passant d'un titre à la limite de l'agressivité ("How Do You Feel ?") à un morceaux dissonant et sans queue-ni tête ("Fantastically Wrong"), en passant par un insupportable délire technoïde ("Where's My Money"). Et ce ne sont pas les reprises complètement ratées, qui sauveront cet album du naufrage. En effet, le "You're Not Alone '97'" massacre ce pourtant excellent titre présent à l'origine sur "
Images at Twilight", alors que "Taxman" est loin de rendre hommage au morceaux des Beatles tiré de "
Revolver" (bien joué le jeu de mot !).
Du coup, nous nous retrouvons réduits à nous raccrocher aux quelques rares moments surnageant sur cet océan de médiocrité. Ainsi, l'introductif et moyen "Heaven
Can Wait" réussi à s'en sortir grâce à un refrain accrocheur, tout comme "Welcome To The
Zoo" qui bénéficie d'un riff énergique. Mais tout ceci ne peut au mieux qu'être considéré comme moyen, et seul "Gonna Give It To You" reste digne de la discographie des Canadiens, sa superbe envolée instrumentale compensant aisément une rythmique programmée mais cependant entraînante. Voilà qui est trop peu pour sauver un album qui se clôt sur un titre éponyme acoustique sans intérêt et à peine juste.
Ainsi, si certains opus de
Saga ont pu faire l'objet de débats et de déceptions, aucun ne sera tombé aussi bas que ce "Pleasure & The Pain" où la douleur l'emporte très largement sur un plaisir que l'on attend et recherche désespérément. Voilà qui est bien triste pour fêter l'anniversaire d'un groupe habituellement si attachant mais visiblement à cours d'inspiration et qui donne la désagréable impression de s'être moqué du monde !
Sinon "l'inconnu Glen Sobel" n'est pas vraiment inconnu, c'est même une pointure que les stars s'arrachent, il joue maintenant avec Alice Cooper et il a un CV long comme le bras !
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