Propaganda s'engouffre dans le sillage de
Kimono My House et propose une nouvelle facette du talent des frères Mael et, quel que soit le style proposé, ils atteignent l'excellence.
Fort du succès rencontré par
Kimono My House, les frères Mael sortent durant l'année 74 un second Lp un peu plus abouti que le premier avec toujours cet humour sarcastique et caustique à la fois dans les titres et dans les paroles, allant même jusqu'au cynisme au milieu des années 80. Mais pour l'instant les propos restent sages bien que.... aucun titre de l'album n'est moins bien ou mieux qu'un autre, tous ces titres ont leur charme.
Cette fois-ci le hit en puissance ne se trouve pas en tête de liste mais au beau milieu de l'album et sera repris par
Depeche Mode dans les années 90 comme un hommage à une de leur principale influence. "
Propaganda" ouvre le bal avec un texte court chanté à capella et montre la musicalité du timbre de voix de Russell et se suffit à elle-même sans l'apport d'instruments. Avec le morceau suivant le bon rock reprend le dessus avec un morceau entraînant. Le talent de Ron fait son effet sur le titre "B.C." au tempo endiablé ainsi que la voix qui suit le rythme imposé par la base rythmique.
Les morceaux s'enchaînent de manière stakanoviste pour notre plus grand bonheur avec un "Thanks but No Thanks" et un "Don't Leave Me Alone with Her" aussi speed que le premier est cool (et speed à sa façon). Le premier single à être extrait est "
Never Turn Your Back on Mother Earth", sorti en France avec une pochette en noir et blanc montrant les frères Mael en ville. Une rythmique simple et efficace, des paroles faciles à chanter sans vraiment connaître l'anglais, une intro au claviers accompagnant la voix. Mais le vrai instant de bonheur c'est le pont musical et la fin de la chanson.
L'album alterne les morceaux plus ou moins lents avec les morceaux plus rock au début de l'album qui donnent envie de danser au rythme de la musique, mais à partir du huitième morceau les titres rocks se taillent la part du lion. Les choeurs sur la fin de "
Achoo" font penser à des aboiements de chiens alors que le titre en lui-même fait référence aux éternuements. Les deux derniers morceaux "Who Don't Like Kids" et "
Bon Voyage" font la part belle à l'humour de Ron, un arc-en-ciel de causticité, de second degré voire même de troisième ou quatrième degré dans les propos et accentués par la musique. Cet humour et ce décalage à la fois dans la musique et le propos se retrouvera tout au long des années 70 à 80 voire 90. À quoi reconnaît-on le talent hors du temps et des modes ? Tout simplement au fil rouge qui accompagne la carrière d'un artiste tel que le duo des frères Mael.
Pour ce second opus en terre anglaise, les frangins ont encore fait confiance à Muff Winwood comme producteur pour donner tout son éclat à la musique de
Sparks. Chaque pièce du puzzle qu'est
Propaganda bénéficie d'arrangements hors pair et collent parfaitement à ce que voulaient Ron et Russell en écrivant les morceaux. Mais que serait le talent sans un visuel ? Déjà avec les précédents albums sortis aux States l'humour est présent sur la pochette. L'artwork de
Kimono My House (1974) donnait dans l'humour kitsch, avec
Propaganda on a droit à un clin d'oeil aux films noirs bon chic bon genre. Une manière comme une autre pour les frères de proposer leur humour même sur les pochettes et qui ira en s'accentuant dans les années 80 notamment avec
Whomp That Sucker et Angst In Pants, frôlant parfois le ridicule.
MrDamage57
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