Quand c’est islandais, on ne s’attend pas à du banal. C’est vrai, vous en connaissez beaucoup des artistes affligeants de normalité qui soient venus vous agresser le système nerveux depuis l’Islande ? Allez-y, cherchez…
Voici donc Amiina, une petite bande de demoiselles qui se sont surtout fait connaître grâce à leurs collaborations Avec un autre représentant de ce pays, Sigur Ros. Elles usent principalement d’instruments à cordes très divers, de percutions et de plusieurs éléments électroniques. N’étant pas très féru de Sigur Ros, je craignais un peu de découvrir une bande d’ésotéristes à la musique zarbi qui ne m’aurais pas franchement emballée. La compile Nightmare Revisited sur laquelle Amiina apparaît m’a fait changer d’avis, et m’a encourager à tenter ce
Puzzle, second véritable album du groupe. Hein ? Non, O-Zone ça n’est pas islandais, cherchez encore… En attendant nous, on commence le
Puzzle à 8 pièces.
Ce titre, le style assez indéfinissable pratiqué par le groupe, l’Islande, tout ça laisserait entendre que nous n’allons pas tarder à perdre nos repères, a être déconcertés. Et bien pas vraiment. La musique à beau être aussi personnelle, aussi spécifique que je vais m’efforcer de la décrire, elle n’en reste pas moins accueillante, rassurante. Pour preuve, cette première chanson instrumentale basée sur une mélodie finalement assez simple, qui se met en place petit à petit et qui fait une sorte de crescendo. Un crescendo qui serait presque dommageable à l’album d’ailleurs puisque
Puzzle est presque exclusivement calme, posé, détendu.
Ces filles là ont beaucoup travailler leur son vers les aigus. Sur ces fréquences, on retrouve beaucoup de clavier au son de boite à musique, mais aussi les violons, la scie musicale et les voix. Cela donne au tout un son cristallin, une délicatesse et une certaine finesse qui fait le charme de
Puzzle. Ces petites voix assez fluettes et cette boite à musique omniprésente rendent certains passages presque enfantins, et l’ajouts de petits craquements et d’arrangements ponctuels ne font qu’accentuer l’impression de fragilité, sans jamais tomber dans le glauque qu’on pourrait craindre. La basse soutient, souligne certains passages, où sert à épaissir chaleureusement les fines mélodies, mais ne se fait que peu remarquer. Les percues restent tout aussi discrètes, mais savent davantage varier les plaisirs, voir se faire plus insistantes à de rares moments. Le tout donne un équilibre assez personnel, preuve que le groupe s’est constitué une identité sonore déjà très marquée. C’est une des grandes forces de l’album.
Tout au long de cette séances de détente, Amiina nous fait passer par autant de petites chansonnettes que de pistes quasiment ou totalement instrumentales. « Over and Again » et « What Are We Waiting for ? » semblent les titres phares, les chansons les plus complètes et synthétiques. Pourtant, il ne faut pas sous-estimer « In the Sun » et ses petites guitares, qui complète assez bien ce trio de chansons. Le reste est plus instrumental. Le « Pusl » qui nomme l’album porte bien son nom par l’étrangeté de l’empilement des couches sonores. Ecoutez bien, ça n’est pas bien complexe au fond, puisque basé sur une différence de rythme, mais assez déroutant. Je citerai également « Thoka » qui conclue l’album avec quelque chose de vraiment hypnotique, voir somnolant, mais très agréable.
Puzzle est un étrange petit objet musical. Entre chansonnettes et atmosphères doucement bizarres, il manque peut être encore un peu de finition, d’ambition. En l’état il ressemble encore un peu trop à un gros EP. Pourtant il dégage une personnalité et un savoir faire bien affirmé, doublé d’un non conformisme toujours aussi appréciable. A condition d’apprécier à leur juste valeur les moments instrumentaux qui manquent parfois d’ambition pour ne pas frôler le plat, il ne faut pas se priver de ce petit moment de calme et de finesse dans ce monde trop pressé.
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