Bonjour à tous et à toutes, et bienvenue dans ce petit bulletin météo en territoire de la Soannie. En ce mois d'Octobre pourtant nuageux dans l'essentiel de la France, il semblerait bien qu'il en soit tout autrement en Soannie où des éclaircies et de nombreux rayons de soleil viennent se positionner sur l'essentiel du pays. La raison de telles éclaircies étant bien entendu le nouvel album de
Soan : "
Sens Interdits", venu contre-carrer visiblement la grisaille propice au deuil instaurée par le précédent album.
Un nouvel album de
Soan placé sous le joug de la bonne humeur alors ? oui... mais pas que! C'est également un album qui pourrait s'apparenter à un album de transition vers des horizons plus "lisses", moins "vieille France" seraient tenté de dire ceux n'appréciant guère l'accordéon discret sur certains morceaux passés. Ici, on a essentiellement à faire à une instrumentation axée sur les guitares : le plus souvent dominées par des tendances acoustiques, et souvent légèrement électriques mais avec la particularité de ne jamais sonner agressives. Ainsi l'album s'écoule dans l'oreille de l'auditeur (bien intentionné) à la façon d'un miel liquide à la fois doux et sucré, dont on extirpera toutefois parmi les morceaux quelques-uns sortant largement du lot, et d'autres s’immiscant tellement discrètement dans l'ensemble qu'ils ne leur font en aucun cas de l'ombre...
En effet, l'univers et la voix de l'artiste restent immédiatement identifiables, les textes également qui une fois de plus sont encore riches, beaux et pertinents... mais venant de
Soan pouvait-on s'attendre à autre chose pour une fois ? Et bien non, ici ce sont des textes souvent même assez proches du monde quotidien qui font surface : les relations sans lendemain devenues légions et assez courantes ("Me Laisse Pas Seul"), ou encore l'amour du pognon chez les "bobos" que
Soan n'a décidément pas envie d'épargner ces derniers temps : "Evidemment j'aime l'argent, mais le tandem à mi-temps" ("Bobo"). Autre nouveauté sur ce disque plein de fraîcheur,
Soan a eu la bonne idée de créer de très courts interludes. Le premier étant l'introduction de l'album précédant "No Pasa Nada" avec des chœurs doux et solennels préfigurant subtilement l'ambiance vaguement latine que
Soan cherche à distiller sur ce morceau pour un résultat franchement agréable. "J'Ai Deux Amours" qui dure seulement 8 secondes et plus un clin d’œil bref et rigolo à la France des années 30.
Parmi les grands morceaux de cet album il y a bien entendu le fameux duo avec "La Demoiselle Inconnue" (qui est très jolie en plus d'être inconnue) : "Me Laisse Pas Seul". C'est une chanson pleine de légèreté où la voix de
Soan se marie à merveille avec celle de sa comparse qui se veut fluette et sensuelle ("on est bien dans ton home, sweet home") en accord avec le sujet abordé, le tout sur une ambiance légèrement western. Il y a également le génialement décalé et amusant : "Psycho
Cinderella" où tout en anglais
Soan nous transporte dans un luxueux cabaret agrémenté d'une voix grave imposante et de chœurs la soutenant à merveille. Puis il y a le morceau titre ("
Sens Interdits"), en duo avec Rachid Taha autre invité sur l'album, offrant une ambiance plus contrastée que le reste : toujours lumineuse mais flirtant légèrement avec la mélancolie par moments.
De même "Elsa" est un autre morceau qui, discrètement, respire bien la mélancolie des albums passés... elle est toujours bien présente sur certains morceaux contrairement à ce que certains ont dû penser en l'écoutant à la va vite, il faut simplement tendre l'oreille pour la retrouver dans une brève intonation de
Soan, ou dans quelques accords de guitare. Et pour finir, cet album est certainement celui à posséder la plus belle conclusion, parmi les albums de
Soan jusqu'à maintenant : "Conquistador", faisant déjà office d'ancien morceau dans la palette de
Soan, est revisité en acoustique au piano pour un résultat absolument sublime qui hérisserait même le poil d'un psychopathe... très franchement le meilleur moment du disque!
Bien que cet album est d'apparence plus lumineuse que les précédents, il comporte toujours certains contrastes suffisamment importants qui devraient l'empêcher de passer pour une simple niaiserie commerciale auprès des critiques compétents et attentifs. Le parcours de
Soan suit donc son cours de façon paisible, en espérant que le soleil qui se dresse en Soannie demeure, et que les légers orages produits par des polémiques stériles "sans clarté" ou des prises de paroles trop directes et spontanées à la télé pour être appréciées d'un public conventionnel dépourvu d'âme, ne nuisent pas à l'artiste. Quelle que soit la direction musicale que
Soan choisira d'emprunter sur sa route à l'avenir, une chose est sûre : il ne sera jamais assez idiot pour prendre un sens interdit.
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