Après une telle réussite et des albums de plus en plus complexes, Yes entreprend en 1973 un projet qui fera couler beaucoup d’encre, les fameux Tales From Topographic Oceans. Sorti en double-album de 2 titres de 20 minutes par disque, cet album a suscité la colère des critiques, considérant le projet comme trop ambitieux par rapport à l’inspiration des membres du groupe. Reconnu comme le plus gros raté du rock progressif et le symbole de ses égarrements par certains, ou au contraire comme un chef d’oeuvre incontournable par d‘autres, il faut s’y pencher de près pour se rendre que la question est plus compliquée que ça. Ce n’est pas parce que le concept est immense qu’il faut conclure hâtivement au triomphe, mais si on n’a pas le courage de tenir pendant ces 80 minutes, nul n’est besoin de compenser par des injures gratuites.
Chapitre 1: The Revealing Science Of God. En guise d’introduction on a droit à un Anderson marmonnant avec un ton illuminé des textes abstraits, il était temps que ça se termine quand vient le fabuleux thème principal, un peu dans la veine de
Close To The Edge, c’est à dire épique, beau et puissant, et ce qui pourrait s’identifier à un refrain est tout aussi merveilleux. Le passage instrumental est lui aussi de grande qualité, même le solo de clavier complètement fou de Wakeman, avant un retour progressif aux thèmes du début. Ce premier acte est des plus réussis et à ce stade on comprend mal l’acharnement des critiques pourtant admiratifs devant
Close To The Edge. Chapitre 2: The Remembering. Très planant au début, son thème est très beau mais traine hélas en longueur et le break arrive bien trop tard. Mais quel break, celui-ci est digne des meilleurs moments du Yes Album, la batterie frappe tandis que la guitare et la bass jouent des airs rock qu’on ne pensait pas réentendre et qui font du bien. Chapitre 3: The Ancient. Le plus expérimental de tous, toute la première partie est occupée par des percussions tribales et des mélodies troublantes, si l’accroche n’est pas immédiate, ce passage se révèle avec le temps très fascinant et même incroyablement brillant. La deuxième partie est introduite par une performance guitaristique de premier ordre de
Steve Howe, dans la lignée de Mood For A Day, littéralement renversant de virtuosité et de mélodicité, mais la suite traine en longueur et manque de rythme, c’est dommage. Chapitre 4:
Ritual. L’introduction est le meilleur moment de ce quatrième acte, dans une veine progressive à la fois originale et belle, où claviers, bass, guitare et batterie forment un ensemble de mélodies bien dosées et efficaces, la suite n’est pas si mal mais souffre du poids des 3 précédents morceaux qui commence à se faire sentir, chaque passage est bien exécuté et contient de belles mélodies, mais la lassitude guette, d’autant plus que ce titre sombre peu à peu dans un néant bruitiste surprenant mais très vite fatiguant, avant une conclusion un peu trop molle pour rattraper cet éprouvant passage.
Tales From Topographic Oceans n’est donc ni un chef d’oeuvre, ni une daube bonne à jeter, il contient des thèmes brillants et aurait pu marquer l’apogée artistique de Yes, mais si le premier acte tient ses 20 minutes, les autres n’en auraient pas mérité plus de 10, et en ne gardant que le meilleur, le groupe tenait son chef d’oeuvre. Au contraire, poussé par la démesure et l’envie de mettre un titre par face, cet album contient des lourdeurs qui le plombent et s’essouffle à la fin. Peut-être faut-il éviter d’écouter les 4 morceaux d’un seul coup, en tout cas Yes semble être doué pour louper le coche quand on sait que
Close To The Edge a manquer le 20/20 pour pas grand chose.
personnellemnt j'adore cette cet album!!!
du coup j'ai hâte d'aller lire les autres chroniques (surtout "relayer"....)
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