L'art d'avoir du succès provient surtout de l'art de savoir improviser. C'est de cette manière que Joseph Mount a construit la réussite de
Metronomy. Le temps du hasardeux disco-pop « Pip Paine (Pay the £5000 You Owe) » (2006) suivi de ses innombrables remix (Gorillaz ou Britney Spears entre autres) est extrêmement loin. «
Nights Out » (avec son single « Heartbreaker ») a prouvé que
Metronomy savait faire autre chose, capable de balancer une Pop-Rock électronique pas avare de bons moments.
Mais même en pleine gloire, tout n'est pas forcément très rose, surtout quand un membre principal du groupe quitte le navire. Gabriel Stebbing a des envies d'ailleurs et laisse Joseph Mount et son cousin Oscar Cash un peu seuls... Mais pas pour longtemps, car Joseph a une idée bien précise de ce que sera le futur
Metronomy : un groupe plus naturel, dans le sens où il désire intégrer une vraie batterie et une vraie basse, plus question d'un enchainement de synthé. Gbenga Adelekan s'occupera de la quatre corde et Anna Prior de la batterie. Hélas, la nouvelle formule peine à convaincre en live et
Metronomy décide de se retirer pour prendre le temps de travailler sur le troisième opus, baptisé «
The English Riviera ».
«
The English Riviera » marque une grande évolution, trois ans après la réussite de «
Nights Out ». La musique paraît bien plus naturelle ici, Gbenga faisant un travail remarquable à la basse, aidant à créer avec ses différents accords une base très 70’s-80’s à la Pop électro du quatuor. Electronique ne signifie pas forcément un amas de bruitages infect. L’électro de
Metronomy est d’une grande classe, la pop acidulée juste comme il faut, le mélange passe vraiment bien et ne gêne aucunement. Une british touch de classe, quand même.
Metronomy soigne son entrée avec le court titre éponyme «
The English Riviera » et son mélange de mouettes, de vagues s'écrasant sur la plage et quelques petits violons avant de laisser la basse introduire seule « We Broke
Free ». Guitare discrète, mais progressive avec notamment de bons passages au niveau des (très) courts riffs, basse très présente, batterie bien rythmée et surtout la voix si particulière de Joseph, pas avare en émotion d'ailleurs. C'est que ça transpire les années 80 tout ça.
L’album a pu compter sur ses différents singles, proposant une variété très intéressante comme ce passage entre électro et guitare acoustique sur un duo tout en émotion de Joseph et Roxanne Clifford sur «
Everything Goes My Way ». Pour un côté un peu plus Pop-Rock, «
She Wants » sort son épingle du jeu avec sa basse extrêmement ronde et entraînante et sa guitare vibrante sur les refrains. Pour le tube de l’été, comptez sur «
The Bay », déjà diffusé des millions de fois, mais qu’est-ce que c’est bon d’entendre cette basse puissante, cette voix enivrante et ces chœurs si entraînants. En une écoute, tout sera en tête et ne vous quittera plus. «
The Look » également a dû passer par votre système auditif. Totalement addictive, Joseph surprend en propulsant sa voix dans des aigus diablement efficaces pour un ensemble mélancolique et très 80’s, notamment sur le côté très kitsch des chœurs.
Ce troisième album peut également compter sur quelques passages qui sortent du lot, notamment ce retour à l’acoustique pour un ensemble tout en douceur et en finesse sur « Trouble ». Et encore cette merveilleuse basse pour accompagner un chant tout en émotion. Comment ne pas citer la très Pop-Rock kitsch « Corinne » qui, bien que son côté disco 70’s puisse en agacer certains, demeure bien plus agréable et profonde que ça. L’atmosphère Jazz-Pop qui se dégage du saxo de « Some Written » diversifiera encore davantage un disque qui ne se pose pas de question avec tel ou tel style.
Par contre, on passera volontiers l'inutile « Loving Arm » qui fait un peu office de remplissage et surtout pâle copie de ce qu'était «
Nights Out », entièrement disco de mauvaise qualité et titre vite énervant. «
Love Underlined » en agacera plus d'un par un côté très bordélique au niveau du son, qui contient, en six minutes, plus ou moins tous les genres musicaux explorés par
Metronomy. Bonne idée au départ, il en ressort vite un capharnaüm innommable et désagréable qu'on s'empresse bien vite de quitter, malgré les quelques éclairs de génie non suffisants qui en émanent.
Metronomy n'est évidemment pas la révélation musicale incroyable du siècle. Mais le quatuor ne se pose aucune question et fait uniquement la musique qu'ils ont envient de faire, ni plus ni moins. Et cela réussit plutôt bien, car la Pop-Rock électronique du groupe est propre, extrêmement bien construite et férocement agréable. À écouter sans aucune prise de tête !
Merci d'avoir fait découvrir ce groupe pour le moins amusant et anachronique.
Mais c'est un album simple et tranquille, quoi ^^ après avoir passé 4-5h pour faire la chronique de Sigur Ros, je peux te dire qu'écouter " The English Riviera ", c'est comme une récréation ^^
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