Cela fait 3 ans que
Depeche Mode n’a pas sorti d’album, éreinté par sa gigantesque tournée conclue par le live 101, et beaucoup se questionnent sur la future direction du groupe. En fait 2 solutions se proposaient, la solution du succès avec un album pop promis à une popularité certaine, et la solution de la qualité dans la continuité des 2 albums précédents, sombres et expérimentaux. Finalement, peu importe le projet initial des DMs, ils ont obtenu les deux, car
Violator a cartonné et a marqué le plus gros succès du groupe à ce jour, mais sans pour autant faire la moindre concession. En effet, malgré l’immense succès qu’il a rencontré,
Violator n’est pas du tout un album de pop, mais bien au contraire d’une veine expérimentale difficile à classer qui a innové sur bien des points. Le style est différent, la page
Black Celebration-
Music for the Masses est tournée mais laisse un héritage important, l’ambiance créée est globalement la même, mais des sonorités nouvelles fleurissent un peu partout, ce qui rend l’album assez surprenant et au final très séduisant.
Violator a été porté aux anges par un vrai monstre, à savoir l’immense chef d’oeuvre qu’est
Enjoy the Silence, qui a monopolisé les radios pendant des mois, mais elle en valait la peine, ballade électronique mystérieuse et grave, refrain inoubliable, bref une pure merveille. L’autre gros succès de l’album est
Personal Jesus, assez inhabituelle, le riff étant assez rock et le chant décousu, on finit par accrocher et tant mieux car c’est un très bon titre, mais c’est plutôt étonnant qu’il ait rencontré un tel succès en single.
Violator ne serait pas le monument qu’il est sans le reste des titres, prenons par exemple
World in My Eyes, sorte d’electro new wave de pointe, le synthé est précis et on sent bien le chemin parcouru.
Policy of Truth est un peu du même style, un peu plus mélodique peut-être, le synthé est encore une fois très accrocheur et le chant irrésistible. L’héritage des 2 albums précédents se fait sentir dans Waiting for the Night, un vrai vent froid dans un album plus éclairé que ses prédécesseurs, et la preuve que le groupe sait toujours bien y faire avec les ambiances typées cold wave.
Voilà donc une belle manière de tourner la page des années 80,
Depeche Mode signe l’une des pointures de sa discographie, très moderne et maitrisé, moins planant et plus sec qu’auparavant. Les changements sont ostensibles par rapport aux autres albums, et pourtant la qualité n’en est pas moins au rendez-vous, ce qui montre à quel point le répertoire de créativité du groupe est très large. Malheureusement l’album marquera à la fois l’âge d’or et le début des années noires, avec des tensions naissantes et des problèmes de drogue qui manqueront d’avoir raison de
Dave Gahan qui s’en est sorti de peu.
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