En 2005, un jeune mec de quinze ans dangereusement asocial décrète que jouer de la guitare dans sa chambre pour faire chier les voisins, ça manque un peu de panache et d'ambition, il décide alors d'enregistrer de la musique pour faire chier le gouvernement et les cons en général. Étant, rappelons-le, dangereusement asocial, il enregistre sa musique tout seul avec une boîte à rythme (à l'époque fan de Ludwig von 88, l'emploi du concurrent électronique tant haï des batteurs ne l'empêche pas de dormir).
Il enregistre un morceau par-ci par-là jusqu'à son entrée au sein des Droogies, après quoi il se reconcentre sur ce projet en apparence plus prometteur et décide de réunir toutes les productions de PWAP sur un "album" humblement intitulé "
Vive Moi", qu'il fabriquera à la main et dont il vendra une quinzaine d'exemplaires à 5€ dans son lycée.
Toutefois, si cette production fut, de toute évidence, le stricte opposé d'un succès commercial, elle contient certaines perles dont le succès fut constaté sur internet notamment.
On y retrouve le tout premier morceau de Papa Was A Punk : "Mon Cul", une source intarssable de spontanéité et une preuve irréfutable du plus total nihilisme ; ce morceau plut tellement qu'aujourd'hui Papa Was A Punk regrette de l'avoir interprêté chaque fois qu'on lui tient ses propos : "Ma préférée c'est Mon Cul ! C'est la meilleure que t'es jamais faite."
Et il y a de quoi se sentir frustré car Papa Was A Punk réalisa un autre chef d'oeuvre d'une ampleur incomparable : le très justement encensé "Little Brother" : une avalanche de haine brutale, de désespérance profonde et d'insurmontable lassitude face à la fatalité qui découle de la connerie des gens ordinaires. Ce morceau aux riffs noir foncé, lourds et brutaux est la plus belle réussite musicale de PWAP, la seule pour laquelle il se soit donné autant de mal à faire retranscrire la haine et la noirceurs du texte dans la musique. Il est utile de préciser que ce morceau a été écrit suite à lélection de Sarko, et qu'il est le seul dont le texte soit écrit au premier degré, comme si le sentiment de frustration engendré par la crédulité aveugle des Français avait provoqué une rage telle, qu'elle avait surpassé le légendaire je-m'en-foutisme à toute épreuve de Papa Was A Punk.
Sur cet album, on retrouve aussi "Matraques et Démocratie", une chanson extrêmement festive qui établie une liste détaillée des exemples les plus fréquents de bavures policières, toutes ces choses chocantes auxquels l'opinion publique s'est habituée par la force des choses et du temps... Le but de ce morceau est de présenter les choses atroces susnommées sur un ton démesuremment joyeux afin de les rendre à nouveau immorales dans la tête du Français moyen. A long terme, ce morceau avait pour ultime dessein de dissuader les gens de voter Sarkozy (raté).
Enfin, le morceau le plus chargé d'humour, à prendre au quatorzième degré au moins : "La guerre c'est moche", une chanson qui tourne en ridicule certains groupes qui font du Punk un mouvement extrêmement naïf et ridicule en dénonçant des choses que même Patrick Bruel a arrêté de dénoncer avec un ton très sérieux et sans proposer de solution. C'est une manière de dénoncer l'inculture globale qui rend les gens ridicules lorsqu'ils veulent se rebeller et que leurs connaissances limittées leur interdisent de le faire intelligemment et de manière utile.
Et voilà ma chronique est déjà fini... Je pourrai conclure par "Achetez cet album, c'est une merveille !" mais il n'est plus à vendre depuis que PWAP est devenu un groupe avec un vrai batteur et un bassiste distinct du guitariste.
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