Qu'est-ce qui vous a décidé à recourir à la méthode du fond participatif PledgeMusic pour enregistrer ce nouvel album ?
Valor Kand (chant/guitare) : Il y a beaucoup de raisons à cela, la première étant assez basique : nous avions enregistré l'équivalent d'une quinzaine de chansons pour le successeur de American Inquisition quand notre studio a été entièrement détruit avec tout notre équipement et toutes les bandes perdues.
Perdues, dans le sens volées ?
Non, détruites en même temps que le studio. Des jours, des mois même de travail foutus en l'air.
Pourquoi ne pas avoir choisi d'en ré-enregistrer certaines ?
Non, une fois qu'elles avaient disparu ce n'était plus la peine d'y revenir dessus. Le passé est le passé, il n'y avait pas d'intérêt à essayer de retrouver nos souvenirs pour tenter de les faire revivre. Psychologiquement, ce fût un coup très dur pour nous trois et nous avons mis énormément de temps pour nous en remettre.
Maitri (basse/chant) : Nous ne sommes pas comme ces musiciens qui trouvent dans l'adversité la force de rebondir. Notre musique est comme notre enfant, et sa perte nous a particulièrement touché. Nous en étions même à nous demander si nous enregistrerions un nouvel album, car en plus des pertes matérielles cette destruction s'est aussi révélée une perte financière importante pour nous.
Valor : J'ai été contacté par un fan qui m'a dit : « J'ai une bonne idée pour le nouvel album, et je voudrais vous aider » Il nous a parlé de ce système PledgeMusic (NdT : système de financement par paliers participatifs pour les groupes, sur le principe de Kickstarter, popularisé par Nine Inch Nails et qui permet aux fans participant financièrement de donner un avis sur les démos, l'artwork, etc... durant le processus d'enregistrement) mais ne nous savions pas vraiment comment ça marchait. En nous renseignant un peu, nous nous sommes aperçus que c'était un moyen pour les fans d'être impliqués dans notre processus créatif en donnant leur avis à chaque fois que nous postions quelque chose de neuf. Nous enregistrions la musique et en postions de petites portions, entre 10 et 30 secondes à chaque fois, et les fans donnaient leur avis : « ceci c'est génial, je n'aime pas trop çà ». En fonction des réactions, nous modifions ou non les démos jusqu'à ce que le produit fini nous plaisent mais plaise aussi aux fans. Après tout, ils payaient pour avoir de la musique donc il fallait que le résultat justifie cet investissement de leur part.
Jason Frantz (batterie) : Il y a eu énormément de communication entre les fans et nous avant même que ne sorte l'album, et c'est vraiment quelque chose qui nous a tous touché. Nous ne pensions pas qu'il y avait une telle attente de la part des gens, que notre musique pouvait à ce point être importante dans la vie de certaines personnes. Pouvoir communiquer avec nos fans au travers de cette plate-forme fût une expérience très enrichissante, de celle qui te font te sentir humble après mais qui te mettent aussi beaucoup de pressions car tu vas être soumis au jugement de ceux qui apprécient le plus ton travail, et ils seront impitoyables. En tant que musicien, c'est aussi une motivation à te dépasser, à donner le meilleur de toi-même afin de ne pas décevoir.
On peut donc parler plus d'un échange entre personnes que d'une simple demande participative ?
Valor : Tout à fait. Nous étions parti sur l'idée de simplement demander une participation, mais de fil en aiguille cela s'est transformé plus en une série de discussions entre la composition et l'enregistrement. C'était un peu comme avoir des centaines de producteurs supplémentaires avec nous dans la pièce qui donnaient leur avis sur ce qui allait ou n'allait pas selon eux. Au final, leurs indications, leurs idées, leurs avis ont eu presque plus d'influence sur la manière dont sonne l'album que juste nos propres idées en tant que compositeurs. Mais ce n'est pas juste financier, il y a eu des discussions sur tout ce qui tournait autour de l'album, comme par exemple le choix de la pochette.
Jason :
Maitri : On peut presque dire que les fans ont plus fait cet album que nous. Nous avons composé les chansons, évidemment, mais il y a eu tellement d'avis qui ont amenés à des changements qu'à la fin certaines des chansons ne ressemblent plus du tout à ce que nous avions prévu au départ. Mais c'est génial, parce qu'avec le recul ces chansons sont meilleures ainsi que dans leurs premières versions.
Tu penses à une ou plusieurs en particulier ?
Valor Kand (chant/guitare) : Il y a beaucoup de raisons à cela, la première étant assez basique : nous avions enregistré l'équivalent d'une quinzaine de chansons pour le successeur de American Inquisition quand notre studio a été entièrement détruit avec tout notre équipement et toutes les bandes perdues.
Perdues, dans le sens volées ?
Non, détruites en même temps que le studio. Des jours, des mois même de travail foutus en l'air.
Pourquoi ne pas avoir choisi d'en ré-enregistrer certaines ?
Non, une fois qu'elles avaient disparu ce n'était plus la peine d'y revenir dessus. Le passé est le passé, il n'y avait pas d'intérêt à essayer de retrouver nos souvenirs pour tenter de les faire revivre. Psychologiquement, ce fût un coup très dur pour nous trois et nous avons mis énormément de temps pour nous en remettre.
Maitri (basse/chant) : Nous ne sommes pas comme ces musiciens qui trouvent dans l'adversité la force de rebondir. Notre musique est comme notre enfant, et sa perte nous a particulièrement touché. Nous en étions même à nous demander si nous enregistrerions un nouvel album, car en plus des pertes matérielles cette destruction s'est aussi révélée une perte financière importante pour nous.
Valor : J'ai été contacté par un fan qui m'a dit : « J'ai une bonne idée pour le nouvel album, et je voudrais vous aider » Il nous a parlé de ce système PledgeMusic (NdT : système de financement par paliers participatifs pour les groupes, sur le principe de Kickstarter, popularisé par Nine Inch Nails et qui permet aux fans participant financièrement de donner un avis sur les démos, l'artwork, etc... durant le processus d'enregistrement) mais ne nous savions pas vraiment comment ça marchait. En nous renseignant un peu, nous nous sommes aperçus que c'était un moyen pour les fans d'être impliqués dans notre processus créatif en donnant leur avis à chaque fois que nous postions quelque chose de neuf. Nous enregistrions la musique et en postions de petites portions, entre 10 et 30 secondes à chaque fois, et les fans donnaient leur avis : « ceci c'est génial, je n'aime pas trop çà ». En fonction des réactions, nous modifions ou non les démos jusqu'à ce que le produit fini nous plaisent mais plaise aussi aux fans. Après tout, ils payaient pour avoir de la musique donc il fallait que le résultat justifie cet investissement de leur part.
Jason Frantz (batterie) : Il y a eu énormément de communication entre les fans et nous avant même que ne sorte l'album, et c'est vraiment quelque chose qui nous a tous touché. Nous ne pensions pas qu'il y avait une telle attente de la part des gens, que notre musique pouvait à ce point être importante dans la vie de certaines personnes. Pouvoir communiquer avec nos fans au travers de cette plate-forme fût une expérience très enrichissante, de celle qui te font te sentir humble après mais qui te mettent aussi beaucoup de pressions car tu vas être soumis au jugement de ceux qui apprécient le plus ton travail, et ils seront impitoyables. En tant que musicien, c'est aussi une motivation à te dépasser, à donner le meilleur de toi-même afin de ne pas décevoir.
On peut donc parler plus d'un échange entre personnes que d'une simple demande participative ?
Valor : Tout à fait. Nous étions parti sur l'idée de simplement demander une participation, mais de fil en aiguille cela s'est transformé plus en une série de discussions entre la composition et l'enregistrement. C'était un peu comme avoir des centaines de producteurs supplémentaires avec nous dans la pièce qui donnaient leur avis sur ce qui allait ou n'allait pas selon eux. Au final, leurs indications, leurs idées, leurs avis ont eu presque plus d'influence sur la manière dont sonne l'album que juste nos propres idées en tant que compositeurs. Mais ce n'est pas juste financier, il y a eu des discussions sur tout ce qui tournait autour de l'album, comme par exemple le choix de la pochette.
Jason :
Maitri : On peut presque dire que les fans ont plus fait cet album que nous. Nous avons composé les chansons, évidemment, mais il y a eu tellement d'avis qui ont amenés à des changements qu'à la fin certaines des chansons ne ressemblent plus du tout à ce que nous avions prévu au départ. Mais c'est génial, parce qu'avec le recul ces chansons sont meilleures ainsi que dans leurs premières versions.
Tu penses à une ou plusieurs en particulier ?
« FEMA Coffins » est la première qui me vient à l'esprit.
C'est vrai que ton chant est assez différent sur celle-ci, presque plus Blues. Il y a presque un côté Beth Gibbons (NdT : chanteuse de Portishead).
Merci, c'est aimable de ta part mais je n'y suis pas pour grand chose : c'est l'exemple même d'une idée soumise par un fan, qui trouvait que je devrais essayer de chanter de manière plus posée sur ce morceau pour voir quel effet cela donnerait. On a fait quelques essais et le résultat était bien plus intéressant que le premier jet, dans lequel je criais.
American Inquisition et Born Again Anti-Christian, vos deux précédents albums, étaient très engagés politiquement et socialement au niveau des textes. C'est encore le cas avec The Roots Of All Evilution, mais de manière moins directe : qu'est-ce qui a amené ce changement dans la vision de Christian Death ?
Valor : La musique est un langage international, c'est quelque chose qui va te toucher quelle que soit ta nationalité ou ta culture. Tu peux exprimer des émotions à travers ta musique sans qu'il y ait besoin de paroles, et c'est ce que nous avons voulu faire ici. Toute la musique a été composée bien avant que les paroles soient écrites, et c'est à partir des réactions et des avis des fans que nous avons eu des idées de textes.
Jason : Les précédents albums représentaient plus une charge contre une époque particulière. Nous étions en plein sous les deux mandats de Georges W. Bush, et de voir comment l'Amérique s'effondrait, se repliait sur elle-même a eu un impact sur notre manière d'écrire. Born again Anti-Christian est un album qui n'aurait pas pu voir le jour sans l'influence des neo-conservateurs américains et de leurs alliés intégristes sur l'arivée de Bush Jr au pouvoir. De même, American Inquisition est très influencé par la manière dont le gouvernement américain a géré l'après-11 Septembre pour supprimer des libertés intérieures, notamment au travers du Patriot Act.
Valor : C'était deux albums très américains, centrés sur des thèmes qui nous touchaient en tant que citoyens de ce pays. The Roots Of All Evilution est au contraire plus dans une vision globale : et si les problèmes que nous avons aujourd'hui n'étaient finalement que les mêmes que nous avions autrefois, mais dans une perspective différente ? Prenons l'exemple de la persécution religieuse : y-t-il une différence entre les exactions de l'Etat islamique aujourd'hui et les horreurs de l'Inquisition espagnole ? Les époques sont différentes, la technologie utilisée pour commettre les actes est différente mais l'idéologie qui sous-tend ces actions n'est-elle pas finalement la même ? « Tu es différent de moi donc tu dois te convertir de force, fuir ou mourir » Quelle différence peut-il y avoir entre les esclaves qui mourraient au travail pour construire des tombeaux aux pharaons et les ouvriers sous-payés qui meurent dans des effondrements d'usines ou des explosions chimiques afin que nous puissions nous vêtir ? En regardant l'Histoire depuis les anciens temps jusqu'à aujourd'hui, on s'aperçoit qu'il n'y a finalement pas réellement que la seule évolution existant réellement pour l'espèce humaine est celle du Mal qu'elle est capable de s'infliger à elle-même. C'est ce que j'essaie d'exprimer avec le jeu de mots entre les termes 'evolution' et 'evilution' (NdT : evil signifie en anglais le Mal, ce qui est maléfique) : le Mal en tant que tel, que tu l'appelles Satan ou Baal ou n'importe quel autre nom de ton choix, je ne pense pas qu'il existe. Je doute sincèrement de l'existence d'un Prince des Ténèbres tel que décrit dans les anciennes gravures ou les films d'horreur. Mais le Mal en lui-même, il existe et l'on ne peut le nier : ouvre simplement un journal, regarde les informations internationales ou les faits divers. Des meurtres, des viols, des massacres à grande échelle, des guerres pour une histoire de religion différente... le Mal existe, et je le nomme Humanité. Et au fur et à mesure que l'Humanité évolue, le Mal évolue avec elle : il y a mile ans, nous nous entretuions avec des épées et des flèches, aujourd'hui avec des armes à feu et des bombes, mais le résultat final est toujours le même : le Mal prospère, et se nourrit du malheur et des souffrances que nous nous infligeons à nous-mêmes. Nous sommes le Mal, nous sommes la racine de tout Mal et le Mal ne disparaitra qu'avec la disparition du dernier être humain de cette planète.
Cette évolution se traduit aussi dans la musique, avec l'abandon quasi-total des éléments issus du Metal Extrême que l'on trouvait dans les précédents albums, et l'arrivée d'éléments inspir�
�s du Trip-hop, de l'Industriel et même un peu de la Futurepop. Qu'est-ce qui a entrainé ces changements ?
Maitri : Il n'y a pas eu réellement de volonté affichée de notre part, c'est venu comme ça. Nous ne sommes pas rentré en studio en nous disant « tiens, on va arrêter de faire des riffs Metal ». Nous cherchions à retranscrire une ambiance, et il se trouve que cette fois-ci nous ne voulions pas que ce soit quelque chose de très direct, de violent. Enfin si, il fallait que ce soit violent mais d'une manière différente. Sur Born Again Anti-Christian, nous avions la rage en nous, quelque chose de primitif, plus Punk que Metal en fait, et il fallait l'exprimer de manière violente. Pour The Roots Of All Evilution, nous avons toujours la rage mais ce coup-ci elle est froide, posée, détachée : musicalement, il fallait donc s'axer sur des ambiances plus sombres, plus morbides, et donc sur un schéma musical plus lent. Nous ne renions aucun de nos albums passés, mais il faut bien comprendre que chacun d'entre eux représente notre état d'esprit à un moment donné, et que cet état d'esprit peut changer d'une année sur l'autre.
Valor : C'est une séquence de communication entre notre passé, notre présent et ce qui forgera notre futur. Chaque album précédent est un élément qui nous permet de savoir dans quelle direction nous irons avec l'album suivant. Si nous avions composé The Roots Of All Evilution après des albums comme Atrocities ou Pornographic Messiah, il aurait été totalement différent à la fois dans la musique et dans les textes. D'une certaine manière, la période violente représentée par des albums comme American Inquisition a été une catharsis nécessaire qui nous a permis de nous ressourcer en tant que groupe et de revenir à nos fondamentaux musicaux, tout en y incorporant de nouvelles influences. Pour moi, The Roots Of All Evilution représente la quintessence de ce qu'est Christian Death en tant qu'entité musicale... Du moins pour l'instant. Repose moi la question dans 10 ans, et il est probable que je n'aurais pas le même avis.
Vous étiez hier (NdT : Dimanche 8 Novembre) en concert à Milan : comment le public a réagi aux nouveaux morceaux ?
Maitri : Ce fût très positif. Il y en avait même qui chantaient les paroles des nouveaux morceaux en même temps que nous, alors qu'ils n'avaient pas encore pu se procurer l'album. C'était vraiment électrisant, comme sensation.
Jason : Nous avons eu beaucoup de bons retours, en terme de chroniques pour cet album, notamment de la part des médias italiens. Je ne se sais pas sincèrement à quoi c'est dû : est-ce que les paroles ont touché une corde sensible vu la situation politique du pays, est-ce que c'est plus la musique qui a parlé à leur esprit latin ? En tout cas, cela faisait des années que nous n'avions pas eu une presse aussi enthousiaste pour l'un de nos disques en Italie.
Valor : Le plus impressionnant pour moi fût de voir la moyenne d'âge, aux alentour de 25 ans en moyenne. Ce qui veut dire que certains des gens dans le public n'étaient pas encore nés quand nous sortions un album comme Sex and Drugs And Jesus Christ, qui est celui de nos disques qui est le plus vendu en Italie. Cela montre qu'il y a un renouvellement de nos fans, qu'une nouvelle génération nous découvre et apprécie ce que nous faisons. En temps qu'artiste, cela me rempli de fierté.
Mais je suppose qu'il n'y avait pas que des petits jeunes ?
Non, bien évidemment. Il y avait aussi de vieux goths et de vieux metalheads, certains que je connais depuis plus de vingt ans maintenant et qui sont passés du stade de fans à celui d'amis. Mais ce renouvellement générationnel parmi nos fans n'était pas très visible, de mon point de vue, lors de nos précédentes tournées. Le fait que là, spécifiquement à ce moment précis dans l'existence du groupe, j'ai pu en prendre conscience en le voyant sous mon nez, démontre que nous avons touché juste avec le nouvel album. Tout groupe espère arriver à sortir des albums qui lui permettront de continuer à avoir toujours des fans 10, 20 voire 30 années plus tard. Je suis heureux de voir que c'est maintenant le cas avec Christian Death.
L'actualité, tant locale que personnelle, fait que je n'ai pu remettre au propre cette interview qu'un mois après l'avoir effectuée : je tiens à présenter mes excuses aux intéressés pour ce retard, malheureusement très indépendant de ma volonté.
Un grand merci à Thierry Boucanier pour m'avoir permis de faire cette interview, aux membres de Christian Death pour leur prévenance et leur gentillesse, et à la galerie Akiza (3 rue Tholozé 75018 PARIS) pour nous avoir accueilli.
Maitri : Il n'y a pas eu réellement de volonté affichée de notre part, c'est venu comme ça. Nous ne sommes pas rentré en studio en nous disant « tiens, on va arrêter de faire des riffs Metal ». Nous cherchions à retranscrire une ambiance, et il se trouve que cette fois-ci nous ne voulions pas que ce soit quelque chose de très direct, de violent. Enfin si, il fallait que ce soit violent mais d'une manière différente. Sur Born Again Anti-Christian, nous avions la rage en nous, quelque chose de primitif, plus Punk que Metal en fait, et il fallait l'exprimer de manière violente. Pour The Roots Of All Evilution, nous avons toujours la rage mais ce coup-ci elle est froide, posée, détachée : musicalement, il fallait donc s'axer sur des ambiances plus sombres, plus morbides, et donc sur un schéma musical plus lent. Nous ne renions aucun de nos albums passés, mais il faut bien comprendre que chacun d'entre eux représente notre état d'esprit à un moment donné, et que cet état d'esprit peut changer d'une année sur l'autre.
Valor : C'est une séquence de communication entre notre passé, notre présent et ce qui forgera notre futur. Chaque album précédent est un élément qui nous permet de savoir dans quelle direction nous irons avec l'album suivant. Si nous avions composé The Roots Of All Evilution après des albums comme Atrocities ou Pornographic Messiah, il aurait été totalement différent à la fois dans la musique et dans les textes. D'une certaine manière, la période violente représentée par des albums comme American Inquisition a été une catharsis nécessaire qui nous a permis de nous ressourcer en tant que groupe et de revenir à nos fondamentaux musicaux, tout en y incorporant de nouvelles influences. Pour moi, The Roots Of All Evilution représente la quintessence de ce qu'est Christian Death en tant qu'entité musicale... Du moins pour l'instant. Repose moi la question dans 10 ans, et il est probable que je n'aurais pas le même avis.
Vous étiez hier (NdT : Dimanche 8 Novembre) en concert à Milan : comment le public a réagi aux nouveaux morceaux ?
Maitri : Ce fût très positif. Il y en avait même qui chantaient les paroles des nouveaux morceaux en même temps que nous, alors qu'ils n'avaient pas encore pu se procurer l'album. C'était vraiment électrisant, comme sensation.
Jason : Nous avons eu beaucoup de bons retours, en terme de chroniques pour cet album, notamment de la part des médias italiens. Je ne se sais pas sincèrement à quoi c'est dû : est-ce que les paroles ont touché une corde sensible vu la situation politique du pays, est-ce que c'est plus la musique qui a parlé à leur esprit latin ? En tout cas, cela faisait des années que nous n'avions pas eu une presse aussi enthousiaste pour l'un de nos disques en Italie.
Valor : Le plus impressionnant pour moi fût de voir la moyenne d'âge, aux alentour de 25 ans en moyenne. Ce qui veut dire que certains des gens dans le public n'étaient pas encore nés quand nous sortions un album comme Sex and Drugs And Jesus Christ, qui est celui de nos disques qui est le plus vendu en Italie. Cela montre qu'il y a un renouvellement de nos fans, qu'une nouvelle génération nous découvre et apprécie ce que nous faisons. En temps qu'artiste, cela me rempli de fierté.
Mais je suppose qu'il n'y avait pas que des petits jeunes ?
Non, bien évidemment. Il y avait aussi de vieux goths et de vieux metalheads, certains que je connais depuis plus de vingt ans maintenant et qui sont passés du stade de fans à celui d'amis. Mais ce renouvellement générationnel parmi nos fans n'était pas très visible, de mon point de vue, lors de nos précédentes tournées. Le fait que là, spécifiquement à ce moment précis dans l'existence du groupe, j'ai pu en prendre conscience en le voyant sous mon nez, démontre que nous avons touché juste avec le nouvel album. Tout groupe espère arriver à sortir des albums qui lui permettront de continuer à avoir toujours des fans 10, 20 voire 30 années plus tard. Je suis heureux de voir que c'est maintenant le cas avec Christian Death.
L'actualité, tant locale que personnelle, fait que je n'ai pu remettre au propre cette interview qu'un mois après l'avoir effectuée : je tiens à présenter mes excuses aux intéressés pour ce retard, malheureusement très indépendant de ma volonté.
Un grand merci à Thierry Boucanier pour m'avoir permis de faire cette interview, aux membres de Christian Death pour leur prévenance et leur gentillesse, et à la galerie Akiza (3 rue Tholozé 75018 PARIS) pour nous avoir accueilli.
Interview done by Luthor
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