Décidément, c'est à n'y rien comprendre. Il faudra qu'un jour, je discute avec un fan de Setzer et qu'il m'explique pourquoi, après chaque album génial que le Greffier nous sort, immanquablement, derrière, il nous gratifie d'une daube sans nom, d'un album indigne de son talent. A force, ça ressemble à une marque de fabrique et ça devient gênant pour lui.
Après avoir sorti son fabuleux "Tribute to Sun Records", on était en droit d'attendre de sa part autre chose que ce "
13" nullissime, sans inspiration, sans âme, sans rien. On aurait pu espérer un Rockabilly Riot 2 (le Retour de la Banane Masquée), un hommage à Cochran, ou à
Gene Vincent, ou à n'importe quel glorieux ancien des Fifties. On était en droit d'attendre un festival Rockab', une déferlante Gretsch, un ouragan venu de Memphis. Et là, rien. Ou plutôt, si, toujours cette espèce de bouillie Rock qu'il veut continuer à nous servir à longueur d'albums, sans que l'on puisse dire à quoi ni à qui ça veut ressembler.
Où veut-il en venir exactement? Il veut faire quoi? Du
Bon Jovi?
Bon Jovi le fait mieux que lui! Du
Lynyrd Skynyrd? Ils doivent bien se marrer en écoutant ça! Du Fogerty? Oh, John, reviens-nous vite, qu'on entende ce que c'est, du vrai Fogerty...
Ce qu'il se passe, c'est que Setzer veut faire du Setzer. Bon, O.
K., mais c'est quoi du Setzer? Je pense que lui-même ne le sait pas. Mais il ne veut surtout plus faire de Rockabilly. Il pense qu'il s'est dégagé de ses obligations en sortant ce "Rockabilly Riot Vol. 1" magistral, pour lui, la boucle est bouclée, fin de l'histoire, on passe à autre chose, venez écouter mon dernier album comme il est vachement bien.
Alors, comme on est des bons fans, on achète (très important, ça, qu'on l'achète), on écoute et on pleure. On pleure parce qu'on a perdu notre Petit
Prince Rock'n'Roll. Parce que ce que l'on entend ne nous fait pas plaisir. C'est mal produit, c'est limite pas bon (un comble, pour ce Dieu de la 6-cordes), les chansons n'ont aucun intérêt, c'est triste un artiste qui perd l'inspiration. Et, pire que tout, même ses chansons orientées Rockab' sont nases. On en vient à se demander s'il avait vraiment besoin de sortir un album en solo, maintenant qu'il a son Big Band.
Que ressortir de cet album? Peut-être le fait que Brian a l'air de s'être rabiboché avec Slim Jim Phantom, qui vient lui donner un coup de main (sans éviter le naufrage) sur "Really Rockabilly", qui, entre parenthèses, aurait pu (ou dû) s'appeler "Pseudo Rockabilly. Un instrumental ("Mini-Bar Blues") pas trop moche, mais loin du niveau d'un "Sleepwalk" ou d'un "
Caravan" qui lui valurent des Grammies. Le reste? Rien de bon. Un album à jeter.
Setzer nous avait déjà fait le coup ; après le retour des
Stray Cats en 1989 avec "Blast
Off", ils nous avaient sorti une catastrophe industrielle, "Let's Go Faster", qui a dû se vendre à 18 exemplaires en France. Gageons que celui-ci ne dépassera pas les deux douzaines. De toutes façons, il ne mérite pas plus.
HotRodFrancky
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