Lynyrd Skynyrd 1991 est donc le premier album studio (le 6éme du groupe) avec la nouvelle formation. Sur la route depuis 1987 et la (re)formation de celui ci pour commémorer les dix ans du tragique accident.
L’artwork cette fois ci ne met pas en valeur une photo du groupe, mais le dessin d’un serpent prés à mordre en noir et blanc entouré de barbelés et d’un nouveau logo. On peut se demander pourquoi avoir choisi un serpent? Peut être tout simplement parce que celui ci est le symbole de la régénération. La mue du serpent représentant peut être la nouvelle formation du groupe...Les habituelles photos regroupant les musiciens sont reléguées dans le livret. Sur l’une on voit le groupe aligné sagement devant une maison alors que sur l’autre, Ils se retrouvent, débordants de joie, autour d’un billard...
C’est Tom Dowd, qui s’occupe du groupe depuis Nuthin’ Fancy en 1976 qui va se charger une fois de plus de la production. C’est d’ailleurs lui qui s’est chargé de quelques une des nombreuses compilations qui ont vu le jour entre 1977 et
1991 :
Best of the Rest (1982),
Legend (1987), Skynyrd's Innyrds (1989),
Lynyrd Skynyrd [Box Set] (
1991).
Musicalement, on retrouve une partie des ingrédients qui ont fait jadis fait la renommée du groupe. Si les trois guitares assurent le job, le piano de Powell reste quand même en retrait sur une majorité des morceaux, donnant l’impression de ne pas y trouver sa place. La basse est très peu mise en avant et la batterie se contente du strict minimum.
Dés le premier titre, on s’aperçoit que les choeurs ne vont pas servir que de faire valoir car très (trop?) présents. Beaucoup plus d’ailleurs que par le passé car s'invitant dans tous les refrains voire étant employés comme parties lead.
Cette utilisation à outrance va renforcer le coté Soul de la musique du groupe. Le fait que Dale, la femme de Gary Rossington soit l’une de ces choristes n’y est surement pas étranger.
«Smokestack Lightning" qui ouvre l’album nous amène donc à penser qu’on a retrouvé un
Lynyrd Skynyrd en grande forme. Un Powell omniprésent, des guitares tranchantes avec les habituels duels sur les soli avec un retour de Ed King en grandes pompes, une rythmique carrée et
Johnny Van Zant mène le tout comme l’aurait fait Ronnie. Malheureusement, le soufflet va retomber au bout de quelques titres même si l’illusion semble perdurer sur «Keeping the Faith», «Southern Woman» et «Pure & Simple». Pour «Keeping the Faith», si le titre n’est pas mauvais, incluant les harmonies habituelles, une autre bonne partie de piano et là encore un beau boulot de la part de
Van Zant, les choeurs sont largement trop envahissants.
La voix de Johnny produit son meilleur effet sur les morceaux les plus calmes («Pure & Simple», «Mama» et «End of the Road») comme le faisait celle de Ronnie. Mais hormis cela, il a souvent du mal à soutenir la comparaison avec son frère. Il faut dire qu’une bonne partie des morceaux ne s’y prête pas...
«I’ve Seen Enough» fait figure d’ovni avec son chant simplement supporté par la batterie dans les couplets et le rythme particulier du titre très éloigné du Rock Sudiste. Le fait d’avoir en fond de la musique et du chant un discours nuit à un morceau déjà pas terrible à la base. Ce titre annonce l'arrivée dans le ventre mou de l'album avec une suite de titres tous plus dispensables les uns que les autres, même si »Backstreet Crawler» reste de bonne facture. La palme du morceau le plus chiant revenant à «It’s a Killer» qui lorgne gravement vers les radios américaines en proposant un Hard Rock mainstream bien loin de ce qu’on attend d’un groupe comme
Lynyrd Skynyrd. Bill Powell y fait d’ailleurs une de ses plus longues interventions, complétement inutile d’ailleurs tellement ce titre est insipide.
Il faudra attendre les deux derniers titres pour retrouver un Rock Sudiste de grande classe.
«Mama (Afraid to say Goodbye)» et son intro guitare/piano, sa rythmique en partie acoustique, la voix chargée d’émotion de Johnny et son banjo en font un des très bons titres de cet album, dans la mouvance de «Simple
Man», par exemple. On y retrouve aussi cette guitare slide au son reconnaissable entre mille qui nous a manqué tout au long de cet album. Seul bémol, on aurait pu se passer des choeurs pendant le solo car ils n’apportent rien et alourdissent celui ci.
«End of the Road», clôt, quant à elle l’album de fort belle manière même si on aurait aimé une fin beaucoup plus longue avec duels de guitares, piano, etc, enfin la routine habituelle.
Lynyrd Skynyrd 1991 n’est pas un mauvais album en soi et il a le mérite de remettre sur le devant de la scène l’une des formations phare du Southern Rock. Surtout après la période du milieu des années 80 où la plupart des groupes du style se sont égarés sur des voies annexes...Mais on a quand même du mal à distinguer les morceaux des uns des autres, voire à reconnaitre
Lynyrd Skynyrd sur certains tant ils sont éloignés de ce qu'on attend d'un tel groupe. Amputé de 4 ou 5 titres, cet opus aurait eu un impact différent sur la discographie de la formation de Jacksonville.
Il est à espérer que le futur du groupe nous amène des sorties plus attrayantes...
J'apprécie aussi que tu ne mettes pas de note. Ca oblige le lecteur à se faire une idée générale d'après tes dires uniquement et donc ça l'oblige à te lire.
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