Dans le monde du rock, on ne peut pas dire que la Grèce soit réellement mise à l'honneur et pourtant, un groupe incontournable a vu le jour dans les années 60 :
Aphrodite's Child.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, ce groupe était notamment composé de Vangelis et de Demis Roussos .. oui, imaginer les deux réunis pour ceux qui ne connaissent pas le groupe doit paraître assez dingue mais c'est bien arrivé.
Les deux premiers albums n'ont pas bouleversé le monde du rock, les mélodies étant très légères, peu marquantes et le groupe naviguait davantage dans la pop pour non exigeants. Touchant pour certains, mais véritablement pas ma came.
Qui aurait cru qu'en 1971, Vangelis nous aurait composé l'un des meilleur album conceptuel de Rock Progressif ? Si
666 ne fait pas vraiment parler de lui dans le présent (à tort d'ailleurs), à l'époque il a suffisamment choqué pour avoir été censuré dans de nombreux pays.
En même temps, le nom de ce double album faisant référence au diable ne pouvait pas passer inaperçu. En effet, Vangelis s'est inspiré de l'Apocalypse de Saint Jean pour montrer du doigt, souvent avec humour et ironie, certains passages de la bible. Extrêmement ambitieux pour l'époque et il a été difficile pour lui de faire accepter ce
666 à sa maison de disque.
Cet album est vraiment très riche, diversifié et novateur. Réellement expressif, il ne laisse néanmoins rien transparaitre dans les premiers morceaux.
Des airs pop, entrainants, aux guitares expressives, sont exprimés dans le titre 'Babylon' ou dans le merveilleux 'The Four Horsemen' qui débute de manière très aérienne, limite planante avant de laisser exprimer des guitares qui me font toujours partir très loin dans mon imaginaire. Une jolie rythmique et un chant parfait exécuté par Demis Roussos nous invitent à les suivre intérieurement et/ou par la danse.
Beaucoup d'instruments feront leur apparition au fil des titres : des claviers, des cuivre, des synthé comme sait si bien les utiliser Vangelis. Le tout est exprimé de manière totalement décalée ; des enchainements binaires, ternaires se feront entendre avant de voir tout cela s'enchevêtrer. Cette expression musicale se fait de manière répétitive, innovante, comme si l'effet des drogues prises au début de cet album commençaient à faire leur effet. Tantôt planant, tantôt rythmique, on nous invite dans un monde de folie, transcendantal, comme le très bon 'Aegian Sea', aérien, sombre, bouleversant, si bien exécuté tant par les guitares que par les claviers. Plus on avancera dans l'album, plus la musique deviendra sombre, progressive voire déjantée. De courts passages musicaux viennent annoncer quelque chose de malsain, d'intrigant... A l'écoute de 'The Wakening Beast' et de 'Lament', on se demande obligatoirement ce qui nous attend car nous avons l'impression de nous enfoncer dans la folie et dans la crainte.
Les guitares et les claviers de 'The Marching Beast' nous apportent plus de fraicheur mais l'univers reste toujours aussi inquiétant ; on fait durer le suspens tout au long du morceau, l'inconnu s'ouvre à nous et c'est ce que j'aime dans ce style musical. Tout est calme, linéaire, aérien, puis on enchaine soudainement avec des guitares ou des claviers comme dans le très court mais merveilleux musicalement parlant 'Do It' : plus aucun repos pour nos musiciens qui ne cessent de s'exprimer ; la guitare y est grandiose ! La musique ne nous lâchera plus et les temps morts se feront de plus en plus rares.
Gros pétage de plomb sur cet album qui « part en vrille », si je puis m'exprimer ainsi au fil des titres. Cette descente aux enfers, à l'interdit, au dérangeant est juste phénoménale. La diversité musicale est digne des plus grands génies à mes yeux.
Et que dire du très osé 'Infinity Symbol' interprété par l'actrice Irene Papas qui nous interprète grâce à des râles très expressifs un orgasme mêlé à une possession sans fin. Plus de 5' de plaisir « dérangeant » mis en musique par de simples percussions pour laisser la place à notre interprète fortement convaincante dans son personnage de possédée déglinguée jouissive.
Un seul bémol : le long 'All the Seats were Occupied' : Vangelis superpose durant quasiment 20' des extraits des morceaux entendus antérieurement, de manière plutôt réussie ; nous avons l'impression d'être dans un monde de cinglés et c'est certainement ce qu'à voulu exprimer l'artiste mais je ne trouve pas ce montage indispensable. Vingt minutes un peu longues pour ce qu'elles apportent à l'album en fin de compte.
Montage dispensable donc mais ce
666 ne l'est pas pour tous ceux qui aiment le Rock Progressif et les curieux qui voudront découvrir cet album conceptuel. Vangelis nous a signé musicalement un petit bijou qui restera parmi les incontournables du genre.
En tout cas , je vais découvrir . Merci mumu Glad.
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