Si la sortie d’un album de
Van Halen est un évènement depuis longtemps, celle de ce "
A Different Kind of Truth" bat probablement des records en la matière. Pour en être convaincu, voici quelques chiffres : le précédent opus du combo ("III" avec Gary Cherone au chant) est âgé de 14 ans, alors que David Lee Roth, qui fait son grand retour, n’avait plus rien enregistré avec le groupe depuis 16 ans à l’occasion de la compilation "Best Of – Vol.1", tandis que son dernier album officiel en compagnie de Edward & Cie ("
1984") date de 28 ans. Ajoutez à cela le fait que le propre fils d’Eddie, le prénommé Wolfgang, prend la place à la basse de l’indéboulonnable Michael Anthony parti fonder
Chickenfoot avec son copain Sammy Hagar, lui aussi débarqué de
Van Halen, et vous vous ferez une idée de l’importance revêtue par la sortie de ce 12ème album officiel du quatuor légendaire.
Lors d’une interview, Sammy Hagar déclarait que le niveau d’inspiration et de créativité du groupe était désormais de zéro et qu’Eddy et David n’écrivaient plus rien, le nouvel album étant composé de vieux titres. Si l’on peut comprendre l’amertume qui habite le rouquin depuis son départ de
Van Halen, il faut reconnaitre qu’il n’a qu’à moitié raison, puisque 6 morceaux sur 13 sont visiblement de nouvelles compositions, les autres étant des versions rénovées de démos restées dans les cartons d’Eddy qui ne s’est d’ailleurs jamais caché du fait qu’il avait de quoi proposer une dizaine d’albums avec tous les titres non enregistrés qu’il avait dans ses archives. Pour autant, le résultat est des plus enthousiasmants avec un retour aux fondamentaux qui firent le succès de
Van Halen à ses débuts. Un David Lee Roth en pleine forme vocale, un Eddy déchainé et inventif, et une section rythmique bluffante dans laquelle le jeune Wolfgang (21 ans) est une véritable révélation, alors que 'tonton Alex' démontre une fois de plus qu’il est un batteur injustement sous-estimé.
Si "
Tattoo", le premier single ouvrant les hostilités, est un mid-tempo relativement classique, il bénéficie cependant d’un refrain direct et rapidement obsédant. Le reste renvoie directement à ce que VH a pu faire de mieux, que cela soit dans le domaine des titres déjantés à la "
Hot for Teacher" avec le supersonique "China Town", les ambiances délirantes et jungle avec "Bullet Head", l’expérimentation aux sonorités arabisantes ("Honeybabysweetiedoll"), les titres californiens plus classiques avec chœurs typiques ("You And Your Blues"), ou le Blues à la sauce VH d’un "Stay Frosty" alternant passages acoustiques et électriques pour un résultat enjoué qui n’est pas sans rappeler "
The Full Bug". Ajoutez à cela une dose de ce groove légendaire et irrésistible ("She’s The Woman" ou "Big River"), et une autre de titres imparables tels que le dynamique "Blood And Fire" œuvrant dans des sphères rappelant "
Panama", ou le puissant et entrainant "Outta Space", et vous obtenez une impressionnante démonstration d’un groupe dont on attendait plus une telle énergie et une telle maitrise.
Le pari est donc relevé haut-la-main et voit
Van Halen reprendre son sceptre sans coup férir. Inventif, porté par une technique hallucinante et un enthousiasme communicatif, "
A Different Kind of Truth" est aussi réussi qu’inattendu. Reste maintenant à voir ce que la bête vaudra sur scène, mais si Roth réussit toujours aussi bien les sauts en grand écart qu’il assure encore les cris et passages parlés et sexy sur les nouveaux titres, il n’y aura plus rien pour s’opposer au vent de fraicheur et de renouveau qui souffle de ce bien bel album. Pourvu que ça dure !
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