« Living Well Is the Best Revenge », tout est dans le titre. Outre ce message fort et vrai, dont la pertinence tient à l’idée qu’arriver à bien s’occUper de soi est la plus belle victoire sur toute forme d’adversité, et donc la meilleure revanche, nous avons surtout, musicalement, un
REM en très grande forme, plus rock, plus hard, plus speed que jamais. «
Man-Sized Wreath » est dans la même veine, avec encore plus de bruit et plus de dissonance. Parfois, on dirait du
Sonic Youth des plus barrés.
Et, de manière conjointe, la mélodie est toujours là. Plutôt que de la traiter en élevant sa voix vers une forme de spiritualité artistique plus ou moins évidente, Michael Stipe interpelle, sollicite son auditoire avec une belle agressivité («
Supernatural Superserious »).
En deuxième lecture, et là on touche peut-être un aspect essentiel, particulièrement symptomatique, le relatif classicisme de la mélodie vocale dans l’ensemble, y compris les chœurs, nourrit un style hybride, qui se situerait quelque part entre le garage et un rock plus adulte et plus commercial.
Ce n’est que par intermittence qu’ « Hollow
Man » amène l’accalmie, et même le plus lent et plus méditatif « Houston », partagé entre guitare acoustique et guitare électrique, conserve les mêmes accents de fureur, fussent-ils plus contenus.
«
Accelerate », comme le titre l’indique, revient à l’esprit dominant de l’album. On dirait que l’objectif de faire plus fort, plus bruyant, méritait un nouvel essai dédié à l’extrême, non pas dans l’acception absolue de ce terme, mais dans ce qu’il pouvait signifier chez un groUpe à la fois fonceur et réfléchi, extraverti et introverti, admirablement paradoxal, tel que
REM.
Folk, traditionnel, spirituel pour le coUp, « Until the Day Is Done » fait contrepoids au bon moment, avant la synthèse, au calme électrisé, lourd comme l’orage, de « Mr. Richards ».
Il ne restait qu’à s’attarder, au terme de ce premier bilan, sur un développement plus complexe de la dissonance, riche en dénivellations, en intonations suggestives, où la finesse des cordes de guitare ne viendrait jamais à bout de la rythmique lourde et métallique : ainsi décrirait-on, dans les grandes lignes, « Sing for the Submarine », avant un « Horse to Water » plus explosif, plus grave et plus corsé encore que tous les autres titres, s’attaquant à la musique à coUps de marteau, autrement dit du
REM punk à l’état pur, ce à quoi on ne s’attendait vraiment plus à ce point avancé de leur carrière.
Mais au fond, c’est logique : que leur restait-il à accomplir, sinon un retour exacerbé à leurs influences primaires de façon à surprendre leurs auditeurs dans le bon sens ?
Hommage à l’éternelle jeunesse, celle du cœur, «
Accelerate » (produit par Jacnife
Lee) se termine avec un « I’m Gonna DJ » qui, sans aucun rapport avec les platines ou le clavier, brillant par leur absence, aurait pu figurer dans le répertoire des
Sex Pistols.
Décidément, ce groUpe demeure, au minimum, très bon, quel que soit le chemin qu’il emprunte pour y parvenir. De quoi en avoir le souffle coUpé.
D. H. T.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire