Ace Frehley

Paroles
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
17/20
Nom du groupe Ace Frehley
Nom de l'album Ace Frehley
Type Album
Date de parution Septembre 1978
Style MusicalHard-Rock
Membres possèdant cet album16

Tracklist

1. Rip It Out 03:39
2. Speedin Back to My Baby 03:35
3. Snow Blind 03:54
4. Ozone 04:36
5. What's on Your Mind 03:26
6. New York Groove 03:01
7. I'm in Need of Love 04:36
8. Wiped Out 04:10
9. Fractured Mirror 05:25
Total playing time 36:22

Acheter cet album

 $129.00  28,77 €  46,99 €  £28.19  $22.44  20,14 €  149,00 €
Spirit of Rock est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Ace Frehley


Chronique @ Cucrapok

12 Juin 2015

I hope you suffer!

"I remember walking out of that meeting and thinking, I'm gonna show these fuckers, and I'm gonna show the world!"

Ace Frehley, No Regrets, 2011


Après six albums studio et deux doubles-live en à peine quatre ans, avec les tournées et activités de promotion, le natif du Bronx Paul "Ace" Frehley, individu paresseux de son propre aveu et souffrant d'un déficit d'attention non diagnostiqué à l'époque, est exténué en cette année 1978. Depuis le légendaire Love Gun sur lequel, encouragé par Stanley et Simmons, il nous fit découvrir sa voix mal assurée caractéristique, les décideurs du groupe continuent d'envahir le marché avec un album live et une compilation. Tout juste sorti du tournage du navet Kiss Meets the Phantom of the Park, le plus grand groupe du monde est en crise. Considérant les tensions internes devenues insoutenables mais voulant vite faire oublier ce faux pas, le gérant Bill Aucoin propose le concept des quatre désormais célèbres albums solo. Guitariste et compositeur résolument rock, Ace s'oppose aux ambitions glamour démesurées de Simmons et Stanley et voit son influence diminuer depuis l'album Destroyer où il fut remplacé sur certains passages par Dick Wagner d'Alice Cooper. Le marketing a pris le dessus sur les décisions artistiques et le musicien frustré voit d'un bon œil l'opportunité de prendre une pause de ses collègues et de prouver son point avec un solide album solo.

Il s'assure tout de suite des services de son producteur favori, le célèbre Eddie Kramer qui a travaillé avec le groupe sur leur première démo, les deux Alive et Rock and Roll Over. Producteur ambitieux ayant de gros noms comme Hendrix et Led Zeppelin à son actif, quelque peu controversé pour l'utilisation d'overdubs studio sur ses albums live, il aime donner la spontanéité du live à un album studio et tirer profit de la richesse sonore et émotionnelle des lieux. Ainsi, Rock and Roll Over fut enregistré dans un théâtre abandonné de New-York, plusieurs instruments à la fois comme en live, avec Peter Criss relié au reste du groupe par système vidéo à partir des toilettes où fut capté l'excellent son de la batterie de cet album. Les sessions studio pour Ace Frehley se tiennent dans un manoir abandonné au Connecticut ainsi qu'au studio du Radio City Music Hall de New York. Avec la complicité du guitariste, le producteur laisse libre cours à sa grande imagination pour expérimenter des techniques d'enregistrement nouvelles et overdubs de toutes sortes qui apportent une richesse et une profondeur particulière à cet album. Kramer est aussi à l'origine de la rencontre entre Ace et son grand ami et complice, le batteur d'origine sud-africaine Anton Fig qui signe ici la première de ses nombreuses participations à la carrière solo de Frehley. Il sera aussi batteur non-crédité sur les deux albums suivants de Kiss, Dynasty et Unmasked et, pour l'anecdote, deviendra batteur à temps plein de l'émission télé de David Letterman.

Alors qu'est-ce que ça vaut? Après de grands questionnements comme «Vais-je mettre cette affiche sur mon mur ou la garder intacte?» et surtout «Vais-je acheter les trois autres albums solo pour avoir toute la super murale de Kiss?», déposons l'aiguille... Un coup de caisse claire agressif et un bon gros riff de rock viril percent le silence sans détour. Si Kiss pouvait sembler devenir dangereusement trop pop sur certains morceaux de Love Gun et carrément emmerdants quand ils sortent un disque solo, il ne fallait pas prendre le Space Ace à la légère. Le morceau d'ouverture, Rip it Out, un de mes favoris parmi tous ceux qu'il a écrit, est un titre de rupture sur lequel il crie ses états d'âme à une femme fictive. Métaphore à peine voilée de sa situation avec Kiss, on y ressent bien l'esprit dans lequel il a enregistré cet album, un mélange de colère et de libération. La batterie casse tout, le solo est sublime et le ton est donné pour un album de pur rock et de solide guitare.

Le disque contient neuf titres dont une reprise, plusieurs ayant été refusés pour Kiss par les deux membres influents susmentionnés, les autres sont composés dans les délais de six mois accordés pour toute la production des albums solo. Parmi les titres forts il y a Speedin' Back to My Baby, malgré un choeur féminin quelque peu agaçant, Snow Blind, traitant de sa dépendance à la cocaïne, Wiped Out, dans la lignée de son futur groupe Frehley's Comet et la spatiale Ozone. Les plus faibles sont What's On Your Mind? avec ses claviers et la quelconque I'm in Need of Love, mais elles passent aisément sans qu'on y déchire sa chemise. Il y a aussi, bien sûr, New York Groove, reprise du groupe Hello suggérée par l'assistant de Kramer et fortement poussée par le producteur dont les expérimentations sonores ont jeté la base de ce succès inattendu au hit parade (chum, chock, chum, chock...). Et le morceau final, Fractured Mirror est un merveilleux titre instrumental et progressif, une constante sur tous ses albums et ici une belle surprise démontrant hors de tout doute le talent du multi-instrumentiste et la force de son partenariat avec Eddie Kramer.

Le seul problème de ce disque à mon avis c'est qu'il est pris dans son concept. D'abord parce que comme pour à peu près tous les disques de Kiss dans les seventies, le délai trop serré impose la composition de certains morceaux à la dernière minute. Aussi, je ne crois pas que cet excellent disque ait été mis en marché de la manière qu'il aurait dû l'être ou de celle que l'artiste aurait souhaitée. Bien qu'elle soit belle, cette pochette est une imposture. Il faut d'urgence reclasser le disque avec les albums de Frehley et surtout pas avec les trois daubes que ses collègues de Kiss ont évacuées respectivement la même journée dans un contexte de saturation du marché par le groupe. Si l'excellente Rocket Ride, avec son solide riff et sa savoureuse métaphore sexuelle n'avait pas servie à remplir une face vide sur Alive II, elle aurait pu aboutir juste là, sur Ace Frehley et aurait été, à mon avis, le morceau qui manque à cet album pour devenir un classique.

Ace gagne du moins son pari avec l'album solo le mieux reçu par la critique et ajoute l'insulte à l'injure en gagnant aussi aux ventes, fort du succès de New York Groove. Ne lui restait plus qu'à se contenter de cette petite victoire, vaincre ses dépendances, faire la paix et accepter les choix des leaders de Kiss.

Awk!
Cucrapok

2 Commentaires

5 J'aime

Partager
Sonadenn - 13 Juin 2015: Merci pour ta très rigoureuse chronique. L'aspect historique de la création de cet album est particulièrement intéressante et on se dit que "Space Ace" a eu raison de se détacher de Kiss car aujourd'hui son talent n'est plus à démontrer!
frozenheart - 13 Juin 2015: Bravo et merci pour cette chronique très détaillée et informative.
C'est de loin le meilleur album qu'un des membre de Kiss a pu sortir. Un grand disque du "Space Ace" et toujours bien vivant en 2015.
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire