Les chroniqueurs en manque d'inspiration citent fréquemment
PJ Harvey à propos d'
Anna Calvi. Deux raisons essentielles à cette comparaison: ce sont deux femmes, et elles ont toutes deux du talent. A ce titre, pourquoi ne pas mettre dans la même catégorie Nick Cave et Morissey, ou dans un autre registre Céline et Proust.
L'Anglaise reconnait volontiers pour référence Debussy (aux amateurs de rock que la musique classique effraie, je recommande d'écouter le court et saisissant "Prelude à l'Apres-midi d'un Faune") Hendrix, Nina Simone et Edith Piaf.
Ces influences disparates donnent un résultat unique, avec quatre piliers essentiels:
1. La guitare est omniprésente, puissante et claire. Elle occupe l'espace sonore à elle seule dès les premières notes de l'instrumental "Rider to the Sea".
2. Dans la plupart des compositions, les vagues sonores de Debussy sont incorporées dans le son produit par l'harmonium, étrange instrument mi-accordeon mi-orgue.
3. La voix d'Anna couronne le tout, cerise sur le gâteau, lyrique sensuelle et pure.
4. Last but not least, n'oublions pas le silence, les pauses pertinentes qui permettent de faire tomber la pression et l'émotion, avant de relancer la machine.
Rares sont les disques qui m'ont impressionné autant dès la première écoute, impression réitérée et rehaussée lors des - nombreuses- écoutes successives.
Les morceaux les plus aboutis sont "Desire", "Suzanne and I", "First We
Kiss, "The Devil" et "Blackout", mais il n'y a pas de moments faibles, ce qui est rare pour un premier album. Il est vrai que
Anna Calvi a 28 ans et a donc suffisamment de vécu et de maturité pour éviter les écueils des débutants.
Sa reprise de Jezabel, qui ne figure hélas pas sur ce CD, est également un morceau de bravoure.
Enfin, il serait difficile de conclure sans dire un mot de ses prestations scéniques. Un mot j'ai dit : ce sera "inoubliable"
"Rawness, this darkness is coming for my soul.
Should I fear you or should I just let go?" (Blackout)
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